Abbaye de Beinwil

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Abbaye de Beinwil
Kloster Beinwil
Vue de l'est.
Présentation
Type
Partie de
Liste des biens culturels de Beinwil SO (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondation
XIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Diocèse
Ordre religieux
Patrimonialité
Bien culturel suisse d'importance nationale (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
Suisse
Canton
Coordonnées
Carte

L'abbaye de Beinwil est un ancien monastère bénédictin situé à Beinwil en Suisse, dans le canton de Soleure. Elle figure à l'Inventaire suisse des biens culturels d'importance nationale et régionale en tant que monument d'importance nationale.

Histoire[modifier | modifier le code]

Abbaye de Beinwil, 1757/1758.

L'abbaye est fondée entre 1080 et 1124[1], sur demande de la noblesse locale, par des moines venus de l'abbaye de Hirsauge sous la conduite de l'abbé Esso[2]. Les plus anciens documents en notre possession sont un privilège du pape Eugène III daté du [3] et un document de Frédéric Barberousse du [4]. Le privilège de 1147 est un remerciement pour le don de l'abbaye au Saint-Siège. Il mentionne quatre donateurs dont au moins un est comte de Soyhières[5] et énumère dix lieux propriétés de l'abbaye. Le don d'une abbaye au Saint-Siège est obligatoire pour tout monastère de la réforme clunisienne[6]. Le document de Frédéric Barberousse reprend celui d'Eugène III mais y ajoute les dispositions concernant l'avouerie[7]. La liste des possessions de l'abbaye mentionne cette fois 21 lieux. Vers 1190, l'avouerie passe par héritage des comtes de Soyhières à ceux de Thierstein[8]. En 1194, un document du pape Célestin III liste 57 lieux où l'abbaye possède des propriétés[9]. Un tel développement de l'abbaye est aussi manifeste au vu de sa bibliothèque qui comprend environ 200 ouvrages vers l'an 1200[10].

Commence alors le déclin du monastère, pour diverses raisons : épidémie de peste (1348), tremblement de terre de Bâle (1356), ainsi que pillages ou incendies répétés, conséquences directes des divers conflits impliquant les villes de Soleure, de Bâle ou les comtes de Thierstein, protecteurs du monastère[11].

Au cours du XVIe siècle, il ne reste que quelques moines et l'abbaye est placée en 1589 sous la responsabilité de l'abbaye d'Einsiedeln[12], puis en 1622 sous celle de l'abbaye de Rheinau[13]. Son isolement géographique amène la communauté à construire l'abbaye de Mariastein et à s'y transférer en 1648[14]. L'abbaye et ses annexes deviennent église paroissiale et cure.

Le , un incendie se déclare dans une pièce de la cure. Les flammes se propagent rapidement à l'église consacrée à saint Vincent de Saragosse et détruisent cinq autels sculptés et richement décorés, la chaire, de nombreuses statues ainsi que le plafond en bois peint. La tour, les façades extérieures et l'horloge sortaient juste d'une décennie de rénovation. Le toit et partiellement le premier étage du bâtiment conventuel sont détruits[15]. Une commission décide que les bâtiments seront restaurés dans le style des XVIe et XVIIe siècles. Lors de la restauration, des traces des bâtiments primitifs sont retrouvées. Un maître-autel de Bellwald datant des années 1700 est installé[16].

De 1982 à 2018, l'abbaye de Beinwil a abrité une communauté œcuménique qui proposait des rencontres et accueillait des hôtes. Depuis 2019, elle accueille deux communautés monastiques orthodoxes, une masculine et une féminine.

Un petit musée se trouve dans un bâtiment annexe.

Abbés et administrateurs de Beinwil[modifier | modifier le code]

Voici la liste des abbés et des administrateurs de Beinwil selon Eggenschwiler[17] :

Abbés de Beinwil[modifier | modifier le code]

  • Esso, vers 1100
  • Werner, 1147
  • Henri Ier, avant 1188
  • Gerungus, Geruncus, 1194-1207
  • Henri II, 1212-1236
  • Ulrich Ier, 1241?
  • Otto, 1246-1267
  • Ulrich II, 1278
    • (Peter Senftli/Senftelin[18], 1287)
  • Ulrich, 1293
  • Pierre, 1298-1217
  • Henri III, 1324-1338
  • Meyngos/Menozus, 1346-1351
  • Jacob, 1370-1388
  • Konrad, 1402-1406
    • Jean Walrami/Walraff de Thierstein[19], 1410-1414
  • Henri Rotacker, 1415-1431
  • Jean d'Oettingen, 1431-1443
  • Jean Streng, 1443-1462
  • Jean Molitor/Müller, 1462-1485
  • Rudolf de Saal, 1485–1500
  • Jean Kerckel/Körckel, 1503
  • Nicolas Ziegler, 1503-1513
  • Louis Rapp, 1514-1527[20]
  • Konrad Wescher, 1527-1554/55

Administrateurs de Beinwil[modifier | modifier le code]

  • Jodok/Jost Strähler/Strähl, 1555-1565
  • Urs Häni (Galliculus), 1565-1567
  • Egide Gilg, Bürgi, 1567-1573
  • Jean Schmid/Faber, 1573-1579
  • Urs Reinhard, 1579-1588
  • Jean Gruber, 1588-1589
  • Wolfgang Spiess, 1589-1614
  • Grégoire Zehnder, 1614-1621
  • Maurus Hofmann, 1621-1622
  • Jean Frei, 1622
  • Urs Buri, 1622-1633

Bâtiments[modifier | modifier le code]

Les bâtiments de l'abbaye se dressent sur un éperon presque totalement verrouillé par le Lüsseltal. Le monastère, fondé par étapes, est restauré ou transformé à de nombreuses reprises, ce qui explique l'absence d'unité de style.

En 1594, l'administrateur Wofgang Spiess fait construire un nouveau bâtiment qui abrite l'école, nommé Spiessaal. En 1667, une nouvelle reconstruction est décidée. La première pierre est posée en 1668. À la fin de 1669, le nouveau bâtiment conventuel est érigé. L'église et le couvent sont consacrés en 1670. L'église, avec ses cinq autels, est dédiée à saint Vincent de Valence. La grange située de l'autre côté de l'ancienne route menant au Passwang est construite en 1692, le clocher en 1764. Le toit du clocher, initialement pointu, n'a acquis sa forme actuelle qu'en 1842. Le chemin de croix situé au nord jouxtait une allée détruite en 1884. La chapelle Saint-Jean, à côté de la grange au nord-est du couvent, a été construite en 1695.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Lukas Schenker, « Das Benediktinerkloster Beinwil im 12. und 13.Jahrhundert. Beiträge zur Gründung und frühen Geschichte », Jahrbuch für solothurnische Geschichte Vol. 46,‎ , p. 17-34.
  2. Selon les Annales Hirsaugiae de Johannes Trithemius de 1690, Schenker, p. 61.
  3. Schenker, pp. 32 et 98.
  4. Schenker, p. 32.
  5. Schenker, p. 41.
  6. Schenker, p. 97.
  7. Schenker, p. 85.
  8. Schenker, p. 89.
  9. Schenker, p. 63.
  10. Schenker, p. 140.
  11. Eggenschwiler, p. 45-139
  12. Eggenschwiler, p. 146-160
  13. Eggenschwiler, p. 161-173
  14. Eggenschwiler, p. 187-191
  15. Carlen, pages 36-38
  16. Site Orgues et vitraux
  17. Eggenschwiler, p. 195
  18. Laïc chargé de gérer l'abbaye en l'absence d'abbé élu
  19. Avoué du monastère, chargé de sa gestion en l'absence d'abbé élu
  20. Dernier abbé élu, Eggenschwiler p. 129

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Georg Carlen, « L'incendie de Beinwil et ses enseignements », Zivilschutz = Protection civile = Protezione civile, vol. 29,‎ , p. 36-42 (DOI 10.5169/seals-367001)
  • (de) Ferdinand Eggenschwiler, « Geschichte des Klosters Beinwil von seiner Gründung bis 1648 », Jahrbuch für solothurnische Geschichte, vol. 3,‎ , p. 1-199 (DOI 10.5169/seals-322463)
  • (de) P. Mauritius Fürst, OSB, « Die Wiedererrichtung der Abtei Beinwil und ihre Verlegung nach Mariastein (1622-1648) », Jahrbuch für solothurnische Geschichte, vol. 37,‎ , p. 1-262 (DOI 10.5169/seals-324289)
  • (de) Hans-Jörg Gilomen (Réd.), « Die Cluniazenser in der Schweiz », Helvetia Sacra, Basel/Frankfurt am Main, Helbing & Lichtenhahn, vol. Partie 3, vol. 2,‎ , p. 384-421 (ISBN 3-7190-1141-0)
  • (de) Gottlieb Loertscher, « Die Bezirke Thal, Thierstein und Dorneck », Die Kunstdenkmäler des Kantons Solothurn. Birkhäuser, vol. 3,‎ , p. 150-172
  • (de) Lukas Schenker, « Das Benediktinerkloster Beinwil im 12. und 13.Jahrhundert. Beiträge zur Gründung und frühen Geschichte », Jahrbuch für solothurnische Geschichte Vol. 46,‎ , p. 5-156 (DOI 10.5169/seals-324500)

Liens externes[modifier | modifier le code]