Parc des Forges d'Aron

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Carte
Carte interactive du parc des Forges d'Aron

Le parc des Forges est situé dans la commune d'Aron dans le département de la Mayenne.

Il est devenu parc de loisirs le après son achat par la commune d'Aron. (Déjà en 1974, une précédente municipalité avait tenté de faire l'acquisition de ce domaine, sur lequel se trouve l'étang de la Forge). Le domaine est limitrophe de l'agglomération d'Aron, dans sa partie sud. Il comprend en effet un étang de 11 ha, le pourtour de celui-ci ainsi qu'un parc de 4,5 ha sur lequel se trouve une maison bourgeoise de belle apparence, une maison de gardien ainsi que des dépendances.

Tour ronde[modifier | modifier le code]

Au milieu du parc, se dresse une tour ronde, entourée d'un double fossé aujourd'hui comblé, unique vestige d'un château féodal qui fut détruit à la fin de la guerre de Cent Ans. Construit au XVe siècle, le château d'Aron n'existe plus aujourd'hui. Les ravages de la guerre de Cent ans, puis la Ligue, ont contribué à sa destruction.

Activités industrielles[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Pour augmenter le volume des eaux et les assainir par un courant rapide, et aussi pour établir des moulins et une grosse forge, D'Arglentier, seigneur d'Aron, entreprend au commencement du XVIe siècle de détourner la rivière de l'Aron[1]. Henri IV régularisa par lettres royales cette entreprise et contre laquelle protestaient quelques propriétaires riverains du canal de dérivation.

Les eaux qui avaient servi à défendre l'accès du château furent utilisées comme force motrice, lorsqu'on y établit une grosse forge. Le lieu paraissait propice pour la fabrication du fer. Il était aisé de construire les bâtiments nécessaires[2].

Les forges d'Aron[modifier | modifier le code]

Dès 1462, on trouve mention écrite de forges. En 1700, un document les décrit, parlant de leur puissant outillage, en particulier de leur marteau légendaire par sa taille. À cette époque, le minerai de fer est extrait des forêts environnantes, comme la forêt de Pail, par exemple.

En face de l'étang, on apercevait dans une niche du mur de la forge la statue de Saint-Eloi[3] au-dessous était gravée dans la pierre cette inscription : Forge d'Aron rebâtie par Messire L. Pouyvet de la Blinière[4], conseiller au Grand-Conseil, seigneur de Bourgon, Aron, Bois-au-Parc, Bourgnouvel, Hermet, Landepoutre, Neuvillette, Pré-en-Pail, Couptrain, etc., et conduite par D. Prieul, directeur, en l'année 1746..

Les héritiers de Pouyvet de la Blinière vendent par contrats en 1768 devant Bronod et Maigret[5], à Pierre Le Nicolais : 1. La terre de Neuvillette, en Jublains, 2. La terre d'Hermet, en Mézangers, et de Bourgnouvel, 3. La terre de Bourgon, en Loiron, 4. La terre de Bourgon, en Montourtier. Les biens comprenaient entre autres les grosses forges, fourneaux et fenderie d’Aron, la maison d’habitation du maître de forge, les cours et jardins, les bâtiments servant aux ouvriers …, et les étangs, c'est-à-dire, celui de l'ancien château ou de la Forge, et ceux du Viel-Aunay et de Beaucoudray, ainsi que le moulin de Beaucoudray.

En 1760, les forges produisent 5 000 quintaux de fer et 7 000 quintaux de fonte. Les héritiers de Le Nicolais louent, pour 9 années à partir de 1790, les grosses forges d'Aron et d'Hermet aux frères Joseph, Jean-Hugues et René-Benoît Le Sayeux, négociants.

En 1840, on trouve encore trace de production. Mais, à l'époque, les 274 ouvriers qui y travaillent fabriquent surtout chaudrons, marmites et poêles. Les forges constituèrent longtemps l'activité principale d'Aron. D'abord à bras, elles devinrent hydrauliques à partir du XVIe siècle. Or, les maîtres de forges, au XIXe siècle, étaient considérés comme des notables, dont la réputation allait bien au-delà des frontières du département.

Maître de forges[modifier | modifier le code]

Deux d'entre eux firent particulièrement parler d'eux :

La filature d'Aron[modifier | modifier le code]

En 1846, changement de cap. Les Forges deviennent filatures de chanvre et retorderie de coton. Le directeur de l'usine habite dans la maison bourgeoise qui s'est édifiée sur le domaine. L'entreprise textile restera implantée à Aron jusque dans les années 1970.

Eugène Sue[modifier | modifier le code]

Eugène Sue (1804-1857) était le parent du maître des forges Louis Bigot et aurait rédigé son roman Le Juif errant au premier étage de la tour d'Aron, faisant ensuite parvenir ses écrits à son journal par la diligence de Paris. Cette anecdote de la tradition orale aronaise a abouti à faire baptiser la tour Tour Eugène Sue, mais aucune preuve matérielle n'atteste de son authenticité et les écrits savants consacrés à Eugène Sue ne font pas mention d'un tel séjour.

Étang[modifier | modifier le code]

L'eau de l'étang servira à alimenter en énergie hydraulique les forges d'Aron-le-Bruant. Elles étaient installées sur le terrain attenant, aujourd'hui propriété des Scieries Hubert, qui y avaient un dépôt.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A. Grosse-Dupéron, Le château d’Aron et ses grosses forges, Mayenne, 1904, 83 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Un volume d'eau considérable vint inonder la partie basse du pays et descendit jusqu'aux fossés du châateau. De fortes digues retenaient les eaux en deux endroits:
    • à Beaucoudray ;
    • au-dessous du château.
    Des étangs sont créés dont le premier porte le nom de Beaucoudray ; quant au second, la chaussée du pont du chemin d'Aron à Bourgnouvel le divisa en deux parties qui sont appelées les étangs du Vieil-Aunay, du Château ou de la Forge. On estimait jadis la superficie de l'étang de Beaucoudray à cent journaux et celle des étangs du Vieil-Aunay et du Château, réunis, à quatre-vingts journaux.
  2. Les pierres des ruines se trouvaient à proximité et la chaux se cuisait aux fours d'Aron ; le minerai de fer s'extrayait sur la paroisse même et celles du voisinage, et les bois des forêts d'Hermet et de Bourgon pouvaient fournir du charbon pour la chauffe.
  3. Protecteur des forgerons.
  4. Le propriétaire des forges d'Aron était Louis Pouyvet de la Blinière, qui avait épousé Marguerite Dieuzivoie ; il meurt en 1748.
  5. Notaires au Châtelet de Paris.