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Psyché, (ψυχή, en grec ancien) est un concept de la philosophie antique grecque. Il est communément traduit par « âme ». Ce concept antique de psyché s'est transmis, de manière plus ou moins altéré, à travers celui d'âme dans la philosophie latine, médiévale (Thomas d'Aquin), moderne (Descartes) et contemporaine. Le terme latin qui traduit le mieux le mot grec est anĭma[1].

Définitions et racines[modifier | modifier le code]

Selon le dictionnaire Bailly psyché se traduirait par « souffle de vie », « âme séparée du corps » ; la racine Ψυχ désigne le « souffle »[1] (à ne pas confondre avec la racine Πνευ qui se trouve dans pneuma [πνεῡμα] qui signifie aussi le souffle mais au sens physique de l'expiration, de l'haleine).

Selon Hermann Diels et Walther Kranz, le terme de psyché se traduit dans la philosophie présocratique par « vie, animation » (Leben en allemand), ou bien par « âme » (Seele en allemand). Chez les présocratiques, on trouve ce mot principalement chez Parménide, Empédocle, Pythagore, Anaximandre, Démocrite et Héraclite [2].

Philosophie présocratique[modifier | modifier le code]

Chez Héraclite[modifier | modifier le code]

Héraclite est un philosophe dit présocratique dont nous ne connaissons que des fragments sous forme d'aphorismes. On compte 11 fragments, sur les 136 connus, où le terme de psyché apparaît clairement. Ce terme est traduit par « âme » chez les différents traducteurs de ces fragments (Marcel Conche, Abel Jeannière). Les traductions proposées ici sont celles de Marcel Conche.

« ψυχῇσιν θάνατος ὕδωρ γενέσθαι, ὕδατι δὲ θάνατος γῆν γενέσθαι, ἐκ γῆς δὲ ὕδωρ γίνεται, ἐξ ὕδατος δὲ ψυχή. »

« Pour les âmes, mort de devenir eau, mort de devenir terre ; mais de la terre naît l'eau, et de l'eau l'âme. »

— Fragment 36 (Diels-Kranz), Clément d'Alexandrie, Stromates, VI, 17, 2


« ψυχῇσι τέρψιν η θάνατον ύγρῇσι γενέσθαι. »

« Pour les âmes, devenir humides : plaisir ou mort. »

— Fragment 77a (Diels-Kranz), Porphyre, L'antre des nymphes de l'Odyssée, 10

« ψυχῆς πείρατα ἰὼν οὐκ ἂν ἐξεύροιο, πᾶσαν ἐπιπορευόμενος ὁδόν· οὕτω βαθὺν λόγον ἔχει. »

« Tu ne trouverais pas les limites de l'âme, même parcourant toutes les routes, tant elle tient une parole [λόγον] profonde. »

— Fragment 45 (Diels-Kranz), Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 7

(Traduction modifiée du terme « λόγον » que Conche traduit par discours)

« αῦγή῝ ξηρᾑ ψυχὴ, σοφωτάτη καὶ ἀρίστη. »

« Éclat du regard : âme sèche — la plus sage et la meilleure. »

— Fragment 118 (Diels-Kranz), Stobée, Anthologie, III, 17, 42

Philosophie grecque classique[modifier | modifier le code]

Chez Platon[modifier | modifier le code]

Chez Aristote[modifier | modifier le code]

Dans La Métaphysique d'Aristote, Jules Tricot traduit le terme ψυχή par « âme ». Chez Aristote, l'âme est la substance première qui implique un principe de mouvement (ce principe étant l'ἑνεργεία, l'énergéia, le mouvement lui-même étant κίνησις, kinésis). L'âme est en acte, elle est maintient du souffle vital, de l'union avec un corps. C'est un principe dynamique, l'âme renouvelle et garantie en quelque sorte l'animation, la distribution des autres facultés.

Cepandant l'âme se distingue en différentes âmes en fonction des règnes du vivant (voir le traité De l'âme, Περὶ Ψυχῆς) :

  • âme nutritive ou végétative pour le règne végétal (capacité de s'alimenter)
  • âme sensitive pour le règne animal (capacité de se repérer, de se déplacer)
  • âme intellective pour l'homme (capacité de connaître, de raisonner)

Ainsi dans La Métaphysique (Livre Θ), Aristote parle en ces termes de l'âme humaine qui est capable de raisonner donc de produire des contraires :

« En effet, la raison des choses est raison de l'un et de l'autre, mais non de la même manière, et elle réside dans une âme [ψυχή], qui a en elle un principe de mouvement, de sorte que, du même principe, l'âme fera sortir deux contraires, puisqu'elle les aura reliés l'un et l'autre à la même raison. »

— (Livre Θ, 3, 1046b, ligne 20-25)[3]

Mais cela ne signifie pas que chez l'homme l'âme ne soit pas sensible aux modifications ; la vie étant « dans l'âme », « le bonheur est un acte de l'âme, car il est une sorte de vie. » (Livre Θ, 8, 1050a, ligne 35-1050b)[3]

  1. a et b Anatole Bailly, Abrégé du Dictionnaire Grec Français, Paris, Hachette, , 1012 p., p. 975
  2. (de) Hermann Diels, Walther Kranz, Die Fragmente der Vorsokratiker : Dritter Band, Zurich, Weidmann, , 660 p., p. 480-484
  3. a et b Aristote (trad. Jules Tricot), Métaphysique Tome 2, Livre H-N, Paris, Vrin, , 315 p., Livre Thêta