Utilisateur:Hannibal Santelli/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Michel Juffé est un philosophe français, né le 30 mars 1945, à Montpellier. Etudiant en philosophie à la Sorbonne, il devient docteur d'Etat ès-lettres en 1980. Il se consacre aux problèmes d'éducation et de travail, puis aux questions d'éthique et de politique, et enfin d'écologie politique. Ses ouvrages s'orientent vers les questions du désir "essence de l'homme" et d'une éthique naturaliste, à partir d'Aristote, Spinoza, Darwin et Freud.

Biographie[modifier | modifier le code]

Lors de ses études de philosophie à la Sorbonne (1963-1968), il passe son diplôme supérieur de philosophie, sur le thème de L'ontogenèse du comportement instinctif sous la direction de Gilbert Simondon. Reçu au CAPES de philosophie en 1969, il devient professeur de psycho-pédagogie dans une école normale de jeunes filles. Il donne des cours à l'université Paris 8, au département de sciences de l'éducation, qui ouvre ses portes en février 1969, Il y devient assistant en 1972. Il examine la loi de 1971 sur la formation continue, en dirigeant l'enquête de terrain d'une étude sur son application[1]. Il dirige ensuite une étude portant sur le jeu des acteurs face aux accents du travail dans les entreprises.

Quittant Vincennes pour aller à Madagascar fin 1977, il devient durant deux ans enseignant de philosophie au centre universitaire de Tuléar,. Il quitte Madagascar en juillet 1980 et part pour le Togo, où il dirige une équipe de chercheurs sur l'éducation alimentaire en Afrique de l'Ouest. Il rentre en France en 1981 et participe à une équipe de DEA en sciences de l'éducation à Paris 8 - St Denis. Il part en mission pour l'UNESCO-Banque mondiale, en Guinée-Conakry, en vue de la création d'un système d'enseignement technique supérieur[2]. Il entre à l'école nationale des Ponts et Chaussées en 1986, comme professeur de communication. De 1989 à 1998, il conseille le directeur de cette école. Il devient ensuite professeur de sociologie (1992-2006), et crée un séminaire d'Ethique des entreprises et institutions (1995- 2002) traitant de cas (sang contaminé, OGM, déchets nucléaires, etc.) présentés par leurs protagonistes. Il conseille le directeur général de l'Institut géographique national pour l'adoption d'un "projet d'établissement".il devient professeur associé à la chaire d'organisation du travail et de l'entreprise du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), en 1990. Cette période est marquée par une activité de conseil auprès du directeur général d'EDF (1990-1991), puis auprès du président de l'institut Renault de la qualité et du management (1995-1997). Pour le conseil général de la Lozère il étudie, en 1994-1995, la possibilité d'implanter à Mende un institut national du développement rural (INDER). En 1997, il lui devient professeur associé à l'université de Marne-la-Vallée. Il y enseigne la philosophie politique, puis prend la direction, de 1999 à 2004, d'un DESS de "communication de l'entreprise et des institutions".

Cette "carrière" éclectique le mène au conseil général des Ponts et Chaussées, (ministère de l'équipement), en mars 2003, comme conseiller du vice-président. Il s'initie à l'écologie et aux questions de développement durable des territoires. Il devient vice-président (2011), puis président (2013) du conseil scientifique de l'association française pour la prévention des catastrophes naturelles (AFPCN)[3]. Il est également membre d'ICOMOS-France et des amis de Cerisy-la-Salle[4].

Une philosophie du désir : éthique, politique et écologie[modifier | modifier le code]

Après une forte imprégnation hegelo-marxiste durant les années d'études, la vague de mai 1968 le voit adhérer aux mouvements "gauchistes" des anti : anti-autorité, antipsychiatrie, anti-freudisme, etc. Il fréquente Gilles Deleuze et Félix Guattari et donne un cours sur l'Anti-Oedipe . Après un survol rapide des pensées orientales (Inde, Chine) et du chamanisme Améridien, l'idée des trois niveaux (genres) de connaissance de Spinoza s'imposer à lui. Ce parcours donne lieu à une thèse de doctorat d'Etat, Le sens de l'éducation : de l'être au non-être[5], associant, entre autres, Spinoza, Héraclite et le taoïsme.

A une époque (années 1980 et 1990) où le thème de l'altérité succédait à ceux de la différence et de la rupture, il aborde la question du Même et de l'Autre, en tant que genèse des liens sociaux. Ce qui aboutit à trois degrés de conscience/connaissance : le sacrifice, l'échange et le don, ce dernier étant distinct de celui de la théorie du don/contre-don de Marcel Mauss. Y apparaissaient les trois figures de l'Ogre, du Justicier et du Sage, et l'idée qu'elles n'existent jamais à l'état pur. D'où s'ensuit une réflexion sur la filiation, qui aboutit,à une critique du complexe d'Oedipe, étayée par les idées de Maria Torok et Nicolas Abraham sur la transmission inconsciente inter-générationnelle. Cette critique étend les questions de transmission culturelle consciente et inconsciente à l'ensemble de la constellation familiale, en prenant en compte un grand nombre de générations, ce qui est le cas des Cadmides, ancêtres d'Oedipe. Ce travail s'achève sur une "esquisse" de théorie de la possession, élargissant celle de l'abus sexuel. Il parait sous le titre La tragédie en héritage.

Suivent diverses investigations et productions sur les liens entre philosophie et psychanalytique, l'idée persistante étant que philosophie et psychanalyse, même si leur plan d'insertion dans la réalité et dans la pratique sont différents, ont la même source : l'exploration du désir humain et sa réalisation heureuse. Cette perspective est illustrée par le thème de La perte, objet d'un colloque pluridisciplinaire à Cerisy, publié en 2005 aux PUF.

Cette exploration est marquée par la publication de deux ouvrages : Café-Spinoza (terminé en 2014, à paraître début 2017) et Freud-Spinoza, Correspondance (avril 2016), tous deux voués à une théorie du désir orientée vers la "santé mentale", le "salut du peuple" et le "respect de la nature", avec l'alliance des principes monistes de Spinoza, des techniques psychanalytiques de Freud et de ses successeurs, et des travaux contemporains des biologistes et écologues.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • A corps perdu, L'accident du travail existe-t-il ? Seuil, 1980[6]
  • Les fondements du lien social. PUF, 1995[7]
  • Pouvoirs et valeurs dans l'entreprise, ESKA, 1996[8]
  • Aux frontières du savoir (éditeur), Presses des Ponts et Chaussées, 1997[9]
  • La tragédie en héritage, ESHEL, 1999[10]
  • L'art de communiquer, Médecine et hygiène, 2000[11]
  • Expériences de la perte (direction), PUF, 2005[12]
  • Quelle croissance pour l'humanité ? L'Harmattan, 2012[13]
  • Sigmund Freud - Benedictus de Spinoza, Correspondance, 1676-1938, Gallimard, 2016[14]
  • Café-Spinoza, Le bord de l'eau (janvier 2017)

Quelques articles et conférences[modifier | modifier le code]

  • "Humanité, humanisme, humanités", colloque Humanités et grandes écoles, novembre 1996[15]
  • "Jean-Marie Domenach et la tragédie", Journée d'hommage à Jean-Marie Domenach[16], Ecole polytechnique, 2 juin 1998
  • "Anthropologie de la citoyenneté", quatre conférences au séminaire Sociologie de la citoyenneté de Dominique Schnapper, EHESS, janvier 1999
  • Technologie, technopraxie, technolâtrie", conférence aux 22e journées internationales sur la communication, l'éducation et la culture scientifique et industrielle (JIES), technologies, Technologie[17], Chamonix, mars 1999.
  • "L'exercice de la citoyenneté et la démocratisation des institutions"[18] (Jean-Claude Boual, Serge Depaquit, Michel Juffé, Yves Salesse, Maxime Sassier, Arnaud Spire), note n° 4 de la fondation Copernic, 14 avril 2000
  • "La lepénisation des esprits et la crise de notre démocratie. Vers une politique des droits de l'homme et une refonte des institutions."[19] (Jean-Claude Boual, Michèle Descolonges, Françoise Héritier, Michel Juffé, Maxime Sassier, Arnaud Spire, Yan Thomas, Jean-Pierre Vernant), Le Monde, 2 mai 2002
  • "Genèse du sujet et altérité chez Nicolas Abraham et Emmanuel Lévinas", in Philosophie/psychanalyse, Le Coq Héron n° 171[20], décembre 2002
  • "Lévinas and passivity"[21], colloque Lévinas and the psychology of the Other, College of Arts and Sciences, Seattle University, octobre 2003
  • "Intolérance", conférence à la Grande Loge de France, novembre 2006
  • "Entretien avec Michel Juffé sur la tolérance" par Jean Moreau, Le maillon de la chaîne maçonnique, n° 97[22], février 2007
  • "Lévinas (mis)reader of Spinoza"[23], Lévinas Studies,[24] vol 2, Duquesne University Press, mai 2007
  • "Adapter qui à quoi ? Quelle place pour l'homme dans la nature ?", Responsabilité et environnement,[25] n° 56, octobre 2009
  • "La descendance des bactéries", Chimères, n° 73, 2010/2[26].
  • La résilience, de quoi, à qui et pourquoi ?" in La résilience plus qu'une mode ? Responsabilité et environnement, n° 72[27], octobre 2013
  • "Habitats, écosystèmes, territoires... même combat !" (avec Henri Décamps), Ecologie et politique[28], mai 2016
  • "L'énigme de la cruauté", Nouvelle Quinzaine Littéraire[29], 1er juillet 2016

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Étude sur l’application de la loi de 1971 sur la formation continue dans l’entreprise : les limites et les enjeux du dispositif ; des alternatives possibles. Enquête sur 40 entreprises publiques et privées. Action Thématique Programmée du CNRS, contrat associant le C3E-CNAM, l’ISUP-Paris VII et PROFOR-EDF, 1973-1974.
  2. Étude de la structure de la main d’œuvre en Guinée (enquête socio-ethnologique sur les catégories professionnelles en Guinée et leur évolution), en vue de la planification du système éducatif professionnel, Unesco-Banque Mondiale, Ministre de l’Enseignement Supérieur de Guinée, 1982-1983.
  3. « AFPCN, Mieux comprendre, mieux prévenir »
  4. « Centre culturel international de Cerisy. Association des amis de Pontigny-Cerisy »
  5. « Le sens de l'éducation : de l'être au non être, chemins et obstacles de la formation [Texte imprimé] / Michel Juffé ; sous la direction de René Scherer »
  6. Juffé Michel, A corps perdu., Paris, Seuil, , 190 p. (ISBN 2-02-005703-4)
  7. Michel Juffé, Les fondements du lien social. Le justicier, le sage et l'ogre, Paris, presses universitaires de France, , 230 p. (ISBN 2 13 046632 X)
  8. Juffé Michel, pouvoirs et valeurs dans l'entreprise, Paris, ESKA, , 192 p. (ISBN 2-86911-425-7)
  9. Juffé Michel, Aux frontières du savoir, Paris, Presses des Ponts et Chaussées, , 284 p. (ISBN 2-85978-256-7)
  10. Juffé Michel, La tragédie en héritage, de Freud à Sophocle, Paris, Esches, , 260 p. (ISBN 2-906704-71-7)
  11. Michel Juffé, L'art de communiquer, Genève, Georg, , 192 p. (ISBN 2825707171)
  12. Michel Juffé (sous la direction de), Expériences de la perte, Paris, Presses universitaires de France, , 382 p. (ISBN 2-13-055368-0)
  13. Michel Juffé, Quelle croissance pour l'humanité ?, Paris, L'Harmattan, , 170 p. (ISBN 978-2-296-96114-2)
  14. Michel Juffé, Sigmund Freud Benedictus de Spinoza Correspondance, 1676-1938, Paris, Gallimard, , 336 p. (ISBN 978-2-07-017876-6)
  15. Colloque humanités et grandes écoles, Humanité, humanisme, humanités, Lyon, Conférence des grandes écoles, , 336 p.
  16. « Colloque en hommage à l'œuvre et à la personne de J.-M. Domenach organisé par la revue Esprit et par l'École polytechnique », La Jaune et la Rouge, no 535,‎
  17. « technologies, Technologies, JIES XXI », 22-26 mars 1999
  18. « Note d'orientation sur " l'exercice de la citoyenneté et la démocratisation des institutions ". » (consulté le )
  19. « Lepénisation des esprits et crise de la démocratie »,
  20. « Philosophie/psychanalyse »
  21. « Lévinas and Passivity »
  22. « Le maillon 91/100 »
  23. « Levinas Studies 2:153-173 (2007) »
  24. Levinas Studies, Duquesne University Press, , p. 153-1273
  25. « L'adaptation au changement climatique », Annales des Mines - Responsabilité et environnement, no 56,‎
  26. Michel Juffé, « La descendance des bactéries », Chimères, no 73,‎ (résumé)
  27. « La résilience : plus qu’une mode ? », Annales des Mines - Responsabilité et environnement, no 72,‎
  28. « Les mises en économie de l'environnement », Ecologie & politique, Sciences Cultures Sociétés, no 52,‎
  29. « L'énigme de la cruauté »,