Loulou el-Kébir

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 7 février 2022 à 16:40 et modifiée en dernier par Vlaam (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Loulou el-Kébir
Titre de noblesse
Émir d'Alep
-
Prédécesseur
Successeur
Biographie
Décès
Activité
Chef militaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Père

Loulou el-Kébir (en arabe : لؤلؤ الكبير / luʾluʾ al-kabīr), de son vrai nom أبو محمد لؤلؤ (abū muḥammad luʾluʾ), également surnommé al-Jarrahi al-Sayfi (« [serviteur] des Jarrahides et de Sayf al-Dawla ») est un esclave militaire (ghulam) de l'émirat hamdanide d'Alep. Sous le règne de Saad al-Dawla, il atteint le poste de chambellan de l'émirat. Quand l'émir meurt en 991, il est nommé régent de son fils et successeur, Sa'id al-Dawla. Ce poste permet à Loulou de rapidement devenir le dirigeant de fait de l'émirat. Il assure sa position en mariant sa fille au jeune émir. Sa persévérance et le soutien que lui apporte l'empereur byzantin Basile II permettent à Alep de ne pas céder aux différentes attaques des Fatimides. A la mort de Sa'id al-Dawla en 1002 (peut-être empoisonné par Loulou lui-même), il devient le véritable chef de l'émirat en déshéritant les fils de Sa'id. Il dirige l'émirat jusqu'à sa mort en 1008 ou 1009 et son fils, Mansur, lui succède et parvient à conserver le trône jusqu'à sa déposition en 1015 ou 1016.

Origines et arrivée au pouvoir

Bien qu'aucune source historique ne le rapporte son nisbas d'« al-Jarrhi al-Sayfi » suggère qu'il sert d'abord les Jarrahides de Palestine avant d'être au service de Sayf al-Dawla, l'émir hamdanide d'Alep. Il participe alors à l'expédition contre Mopsueste en 965. Son nom signifie « perle » et est symbolique des noms donnés aux esclaves militaires et aux serviteurs (les ghulam) dans le monde musulman de l'époque. Selon l'historien Fukozo Amabe, Loulou semble avoir été le mawla (le protégé) d'un ghulam de Sayf al-Dawla appelé Hajraj. Plus encore, Amabe assure que l'hypothèse de Marius Canard selon laquelle Hajraj est un Jarrahide est une erreur.

Sous Saad al-Dawla, le successeur de Sayf al-Dawla, Loulou devient chambellan (hajib), un poste qu'il détient au moment de la mort de Saad en 991. Sur son lit de mort, l'émir hamdanide lui confie la régence de son fils. Loulou remplit effectivement cette mission en assurant l'arrivée de Sa'id al-Dawla sur le trône et en le protégeant de la tentative de Bakjour de prendre Alep. Cependant, rapidement, il renforce sa propre position en mariant sa propre fille au jeune émir et il devient le dirigeant de fait de l'émirat. Nombre de ses rivaux ressentent mal cette emprise sur le pouvoir et rejoignent les Fatimides, la puissance croissante au Proche-Orient, qui entend prendre Alep. Comme Marius Canard l'écrit, l'histoire du règne de Sa'id al-Dawla peut presque se résumer à celle des tentatives des Fatimides de conquérir l'émirat d'Alep, ce qui les oppose à l'Empire byzantin.

Entre Byzance et les Fatimides

Encouragé par les déserteurs hamdanides, le calife fatimide Al-Aziz lance une première attaque en 992, sous la conduite du général turc et gouverneur de Damas Manjutakin. Le général fatimide envahit l'émirat, vainc une force byzantine dirigée par le dux d'Antioche Michel Bourtzès en et met le siège devant Alep. Toutefois, il doit rapidement abandonner le projet de s'emparer de la ville qui lui résiste durant un an de siège. Manjutakin doit revenir à Damas à cause du manque de vivres. Cependant, dès 994, Manjutakin lance une autre invasion, défait à nouveau Bourtzès lors de la bataille de l'Oronte, prend Homs, Apamée et Chayzar avant d'assiéger Alep pendant onze mois. Cette fois-ci, le siège est plus efficace, coupant toutes les relations entre Alep et le reste du monde. Sa'id al-Dawla envisage la possibilité d'une reddition en raison du manque des pénuries croissantes. Néanmoins, Loulou refuse cette perspective et incite les défenseurs à tenir jusqu'à l'arrivée de Basile II en Syrie en . L'empereur byzantin vient alors de traverser l'Asie Mineure en urgence avec 13 000 hommes en seulement seize jours. Son arrivée soudaine provoque la panique dans les rangs fatimides et Manjutakin doit battre en retraite sans combattre.

Notes

Bibliographie

  • (en) Hugh N. Kennedy, The Prophet and the Age of the Caliphates : The Islamic Near East from the 6th to the 11th Century, Harlow, Pearson Education Ltd, (ISBN 0-582-40525-4)
  • (en) Marius Canard, « Hamdānids », dans The Encyclopedia of Islam, New Edition, Volume III: H–Iram, New York, BRILL, , 126-131 p. (ISBN 90-04-09419-9)
  • (en) William B. Stevenson, « Chapter VI. Islam in Syria and Egypt (750–1100) », dans The Cambridge Medieval History, Volume V: Contest of Empire and Papacy, New York, The MacMillan Company,
  • (en) Mark Whittow, The Making of Byzantium, 600-1025, University of California Press, , 477 p. (ISBN 978-0-520-20496-6, lire en ligne)