Louis-Philippe Taboureau de Villepatour

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Louis-Philippe Taboureau de Villepatour, né à Paris le 7 janvier 1720 et mort à Bezons le 9 septembre 1781, est un officier général français de l'Ancien Régime.

Famille[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille bourgeoise de Touraine, anoblie en 1713, il est le fils de Louis Mathurin Taboureau, Grand-maître des eaux & forêts du Lyonnais et frère de Louis Gabriel Taboureau des Réaux, conseiller au parlement de Paris, puis intendant de Valenciennes, et contrôleur général des finances sous Louis XVI, de Louis Taboureau d'Argenville (1737 - 1801) officier d'artillerie et de Pierre-Louis Taboureau, capitaine au régiment Dauphin Dragons; il est aussi le neveu de Gabriel Taschereau de Baudry et du fermier général François Jules Duvaucel, ainsi que le cousin germain de Pierre-Antoine-Claude Papion.

Célibataire, il a un enfant avec Marie Charles Angélique Rafron, légitimé par Louis XV en 1777, grand-mère du général Marabail.

Biographie[modifier | modifier le code]

Entré comme volontaire , à l'âge de 14 ans, dans un régiment d'artillerie , il se rend à l'armée d'Italie, et ayant donné des preuves de courage et de sang-froid il est fait officier et demandé par le général d'Affry pour être son aide de camp. A la bataille de Parme (1754), le général Louis-Auguste d'Affry écrit du champ de bataille au duc du Maine pour lui faire obtenir la croix de Saint-Louis ; mais sa trop grande jeunesse fait un obstacle à cette faveur[1]. Le traité de Vienne ayant mis fin à la guerre, Villepatour revient en France, et est envoyé à l'école de Besançon pour y perfectionner ses connaissances dans les mathématiques et la théorie de l'art militaire. La mort de l'empereur Charles VI (1740) rallume la guerre avec la maison d'Autriche ; Villepatour, employé à l'armée d'Allemagne, s'y distingue particulièrement au siège de Fribourg (1744) , où il reçoit deux blessures assez graves. A la fin de la campagne, il est fait chevalier de Saint Louis[1]. Nommé colonel en 1756, il dirige l'artillerie dans les combats contre les anglais à Saint-Cast, puis s'embarqua sur le Formidable, pour aller secourir Louisbourg, attaqué par les Anglais. Cette expédition n'ayant point réussi, Villepatour est envoyé à l'ile de Minorque, et après avoir assuré la défense du fort Saint-Philippe, il rejoint son corps en Allemagne[1] ; il se signale devant Cassel et à Filinghausen , où il reçoit un coup de canon dans le bras nécessitant de lui amputer. En 1761 , il est fait maréchal de camp et inspecteur d'artillerie. Il correspond avec Benjamin Franklin pour connaitre son avis sur certains officiers français s'étant distingués pendant la guerre d'Indépendance américaine[2].

En 1780 il obtient, avec le titre de lieutenant général des armées royales, celui d'inspecteur général du corps royal de l’artillerie[1].

M. de Saint-Germain, ministre de la Guerre, propose à Taboureau le poste de premier inspecteur que celui-ci refuse : "le brave militaire, avec autant de générosité que de franchise, répondit qu'il ne manquait ni de courage ni de zèle pour le service du roi, mais qu'il n'avait pas les connaissances nécessaires pour remplir ce poste qui ne pouvait convenir qu'à M. de Gribeauval"[3].

Selon Fantin-Desodoards, Taboureau de Villepatour est un "officier-général d'artillerie très estimé, fort connu à la Cour, fort bruyant, et fort propre à pousser son frère aux emplois supérieurs"[4].

Il effectue quatorze campagnes militaires, huit sièges, huit expéditions, dix batailles, dont il reçoit six blessures[5].

Lemièrre lui dédicace ces vers[5] :

Nobles ennemi des flatteries,

Brave et loyal Villepatour,

A ton toi tu ne fis la cour

Qu'en présence des batteries.

De ta gloire unique artisan,

Habille autant dans les batailles

Que tu fus mauvais courtisan,

Ton nom seul allait à Versailles.

C'est à toi digne chevalier

Si renommé par tes services,

Que sied bien ce cordon guerrier,

Plus brillant sur des cicatrices.

Commandeur de l’ordre royal et militaire de saint-Louis[1]. Il rédige une lettre restée fameuse dans laquelle il demande la grâce que lui soit accordée de porter au titre de l'ordre de Saint-Louis le cordon rouge pour action d'éclat à titre exceptionnel et qui en réponse reçoit un brevet de pension est restée célèbre : "« A telle époque j'ai eu le bonheur de faire une action, on m'a donné une pension de tant; à telle bataille j'ai été blessé et j'ai eu tant de gratification l'année suivante, autre blessure, autre gratification; nouvelle blessure l'année d'après, nouvelle pension; ainsi, par un simple calcul arithmétique, je pourrais savoir au juste le tarif et le prix du sang que j'ai versé, j'aime mieux l'ignorer toujours[6]. »

Armes[modifier | modifier le code]

D'azur au chevron d'or accompagné de trois étoiles d'argent en chef et d'un croissant de même en pointe.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Société des gens de Lettres, Biographie universelle ancienne et moderne, Volumes 19-21, éd. H. Ode, 1847, p. 224
  • Alexandre Mazas et Théodore Anne, Histoire de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, Deuxième édition, 1860, Volume 1, p. 531.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Biographie universelle, tome 43ème, Paris, Madame C. Desplaces, , 756 p., p. 492
  2. (en) National Archives, « To Benjamin Franklin from Louis-Philippe Taboureau de Villepatour, 16 January 1778 »
  3. capitaine Veyrines, « Gribeauval », Revue d'artillerie,‎ , p. 97
  4. A. Fantin-Desodoards, Histoire philosophique de la Révolution de France, t. 1, Paris, 5ème édition, Frères Mame, , p. 98
  5. a et b Alexandre Mazas & Théodore Anne, Histoire de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, Paris, t. 1, Firmin Didot Frères, , p. 531
  6. A. Liévyns et J.M Verdot, Fastes de la légion d'honneur : biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre - Histoire et statistique de l'Ordre, Tome 1, Paris, imp. Dondey-Dupré, (lire en ligne), p. 2