Leonid Zorine

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Leonid Zorine
Nom de naissance Zaltsman
Naissance (99 ans)
Bakou
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Russe

Œuvres principales

théatre et cinéma

Compléments

La porte Pokrovski

Leonid Henrikhovitch Zorine (en russe : Леонид Генрихович Зорин), né le à Bakou (URSS), est un dramaturge et scénariste de langue russe de la période soviétique. Il est né Leonid Salzmann (translittéré Zaltsmann) dans une famille de juifs assimilés. Il était très connu en Union Soviétique comme auteur à succès d'un grand nombre de pièces de théâtre, plus de vingt-cinq et également de nombreux scénarios de films, dont celui du film culte La Porte Pokrovski. Il a été très peu traduit en français, ce qui explique sa faible notoriété en France. Il continue de publier après la fin de l'Union Soviétique, surtout des œuvres en prose, sans retrouver le même succès. Son autobiographie a été publiée en 2011. Michel Cournot, le critique théatral du Monde dans les années 1980 le décrit comme « un homme raffiné, bon connaisseur des lettres françaises, auteur de comédies charmantes, un peu acides »[1].

Son œuvre comme dramaturge

  • Jeunesse («Молодость»), 1949
  • Une franche discussion («Откровенный разговор»), 1953
  • Les Invités («Гости, 1954
  • Le Passeport d’un autre («Чужой паспорт»), 1957
  • Un éclatant mois de mai («Светлый май»), 1958
  • Les bonnes gens («Добряки»), 1959
  • Les amis et les années («Друзья и годы», 1962 (La pièce suit au cours de quatorze scènes, échelonnées entre 1934 et 1961, le destin de plusieurs amis de jeunesse)
  • Les Encyclopédistes («Энциклопедисты»), 1962
  • Le Pont du bateau («Палуба»), 1963
  • Une comédie romaine, Dion («Римская комедия» («Дион»), 1965 ( l’action se situe à l’époque de l’empereur romain Domitien)
  • Les décabristes («Декабристы»), 1966 (tragédie historique sur la révolte des jeunes officiers à l’avènement du tsar Nicolas

1er)

  • Mélodie varsovienne («Варшавская мелодия»), 1967
  • Le Couronnement («Коронация»), 1968
  • Stress («Стресс»), 1969
  • Une fantaisie théâtrale («Театральная Фантазия»), 1971
  • La Porte Pokrovsky, («Покровские ворота»), 1974
  • La Chasse impériale («Царская охота»), 1974
  • La Grand-Mère de miel («Медная бабушка»), 1975
  • Un inconnu («Незнакомец»), 1976
  • Trahison («Измена»), 1979
  • Carnaval («Карнавал»), 1981
  • Quelques lignes de Nicolas Baratachvili («Счастливые строчки Николоза Бараташвили», 1984
  • Le sujet disparu «Пропавший сюжет», 1985, joué en France en 1991 au Lucernaire (une jeune révolutionnaire s'introduit un soir au domicile d'un auteur dramatique, le menace, s'en éprend avant de disparaître au matin vers des matins chantants)
  • Citation («Цитата»), 1985
  • Maxime à la fin du millénaire «Максим в конце тысячелетия», 1989
  • Le comte Alexis Constantinovitch «Граф Алексей Константинович», 1992
  • Une comédie solennelle «Торжественная комедия», 2009

Son œuvre comme scénariste

  • 1961 - Paix à celui qui entre (Мир входящему), film d'Alexandre Alov et Vladimir Naoumov [fiction, 96 min]
  • 1965 - Les amis et les années (Друзья и годы), film de Viktor Sokolov [fiction, 130 min]
  • 1966 - Une anecdote stupide (Скверный анекдот), film d'Alexandre Alov et Vladimir Naoumov [fiction, 102 min]
  • 1979 - Les Bonnes gens (Добряки), film de Karen Chakhnazarov [fiction, 82 min]
  • 1982 - La Porte Pokrovski (Покровские ворота), film de Mikhaïl Kozakov [fiction, 139 min]
  • 1989 - La Loi (Закон) en collaboration avec Alexandre Alov (ce film tragique traite de la déstalinisation)
  • 1990 - La Chasse impériale[2] (Царская охота), film de Vitali Melnikov [fiction, 121 min]
  • 2008 - Sable lourd (Тяжелый песок), film d'Anton Barchtchevski [fiction, série TV, 800 min], d'après le roman d'Alexandre Rybakov

La pièce Les Invités, un cas exemplaire de censure en 1954

En 1954, pendant la période du dégel survenue après la mort de Staline, sa pièce Les Invités est jouée à guichets fermés pendant deux mois, avant qu'une décision de la censure n'interrompe sa carrière[3].

La pièce Les invités met en scène le conflit entre un haut fonctionnaire, Piotr Kirpitchev, et son entourage. Venu rendre visite à ses parents en province, de petites gens croyant encore dans l'idéal soviétique, cet arriviste sans scrupule, aussi bien que son fils, « zazou » paresseux (stilyaguy en russe) se voient rejetés par leurs proches. Le ressort de la pièce est le dévoilement d'un excès de pouvoir dans son ministère qu'il tente de camoufler, et finalement publié par un journaliste dans la Pravda. Cette trame habile, très dans l'air du temps, lui vaut d'abord les honneurs: le célèbre écrivain Constantin Simonov le « porte aux nues » lors du XIVe Congrès de l'Union des écrivains soviétiques.

Mais la critique virulente d'une « brebis galeuse » qui fait tache dans la société soviétique est ensuite réévaluée par le comité de censure du Ministère de la Culture en une critique théorique du système soviétique, « secrétant une nouvelle classe sociale, la formation par les "fils à papa" d'une bourgeoisie qui dégénérait déjà, de la deuxième à la troisième génération, du goût du pouvoir à celui de l'oisiveté », comme l'analyse Hélène Lazareff.

Il est piquant de relever comment la censure explique son revirement: « Aussi invraisemblable que cela paraisse, l'auteur exprime carrément l'opinion que l'apparition dans notre société de Piotr Kirpitchev est, soi-disant, un phénomène naturel, qu'elle constitue, en quelque sorte, un produit accessoire, mais inévitable, dans notre ordre social, du développement constant du bien-être matériel dans notre pays. C'est une déformation grossière de la nature même de l'ordre social soviétique, une présentation fausse et grossière du caractère des relations sociales qui se sont établies dans notre pays... Personne n'ignore que le mot "Pouvoir" a pris chez nous signification de joie et que tous ont une confiance inébranlable, un ardent amour filial pour leurs propres pouvoirs dans l'État, qui sont les pouvoirs du peuple. »

La condamnation est parue dans le journal La Culture soviétique de 5 juin 1954, et les exemplaires du n°2_1954, du journal Théâtre qui faisait l'éloge de la pièce sont retirés simultanément de la vente.

Notes et références

  1. Voir Le Monde du 28.05.1991
  2. L'histoire se passe sous le règne de l'impératrice Catherine II
  3. Voir le chapitre consacrée à cet événement dans le récit de Hélène et Pierre Lazareff L'URSS à l'heure Malenkov, éd. La Table ronde, Paris 1954