Fort Chabrol

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L'immeuble du 51, rue de Chabrol en 2009

Fort Chabrol désigne l'épisode qui se déroula à l'été 1899 lorsque le gouvernement français Waldeck-Rousseau (alors président du Conseil) craignit une émeute nationaliste et monarchiste à l'occasion du procès en révision d'Alfred Dreyfus à Rennes.

Histoire

« Le dernier ravitaillement du Fort Chabrol. Poursuite sur les toits ». Une du Supplément illustré du Petit Journal du 1er octobre 1899.

Pierre Waldeck-Rousseau voulait engager des poursuites contre les dirigeants des ligues nationalistes, accusés de complot contre la sûreté de l'État. Le 12 août 1899, les autorités firent arrêter Paul Déroulède et les dirigeants de la Ligue des patriotes, ainsi que les chefs des Jeunesses royalistes et de la Ligue antisémite. Mais, refusant d'obtempérer au mandat d'amener lancé contre lui, le président de la Ligue antisémite et directeur de L'Antijuif, Jules Guérin, s'était retranché dans le « Grand Occident de France » au 51, rue de Chabrol à Paris.

L'immeuble, mis en état de siège, fut ravitaillé dans les jours qui précédèrent sa reddition, à partir d'un logement loué au 114 de la rue Lafayette. Lancés des toits, les paquets n'atteignaient pas tous leur but ; certains tombaient dans la rue. Les insurgés se rendirent le 20 septembre 1899, après trente-huit jours de résistance.

Le Sénat se constitua en Haute Cour de justice pour juger Déroulède, Guérin et soixante-cinq de leurs partisans, accusés de complot contre la sûreté de l'État. Mais le 20 août 1899 de violentes bagarres éclatèrent entre antisémites et révolutionnaires, aux abords de « fort Chabrol ». Tous furent refoulés par la police vers la rue Saint-Maur et c'est alors que des anarchistes saccagèrent l’église Saint-Joseph.

À cause de ces divers incidents, la première audience eut lieu le 9 novembre 1899 et la sentence fut prononcée le 4 janvier 1900.

Déroulède et André Buffet furent condamnés à dix ans de bannissement, Guérin à dix ans de détention. Tous les autres accusés furent acquittés, sauf Eugène de Lur-Saluces qui, une fois arrêté, fut condamné à cinq ans de bannissement. En réalité, le but de Waldeck-Rousseau était de réduire le travail politique des nationalistes à une agitation confuse qui leur fut, à long terme, très préjudiciable.

Jules Guérin caricaturé par Charles Léandre pendant son procès en Haute Cour.

Postérité

Suite à cet événement, l'expression « un fort Chabrol » est passée dans l'usage dans plusieurs pays francophones, pour désigner une situation où un individu – généralement armé, parfois avec otages – se retranche dans un immeuble entouré par les forces de l'ordre. On trouve des exemples dans la presse[1],[2].

Notes

  1. « Fort Chabrol à Tamines », sur le site LeVif.be
  2. « Fort Chabrol à Houdeng-Goegnies », sur le site LaGazette.be

Sources

  • Aurélie Bérard, « Fort Chabrol », dans L'Express, .
  • « L'affaire Paul Déroulède (1899) », sur le site du Sénat.
  • Jean Leduc, L'Enracinement de la République, Hachette Supérieur.
  • Almanach des Français, La France républicaine de 1881 à nos jours.
  • Robert Le Texier, Le Fol Été du Fort Chabrol, Paris, France-Empire, 1990.
  • Jean-Paul Clébert, Fort Chabrol, Paris, Denoël, 1981.

Articles connexes

Liens externes