Ferme du château de Trappes

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La ferme du château de Trappes[1] est une ancienne ferme implantée à Trappes dans les Yvelines sur les ruines d'un château du XIIIe siècle.

Le château

L'ancien château, dans la ville fortifiée ( villa muralis ) de Trappes, datait du XIIe siècle ou XIIIe siècle. Il fut la propriété de l'abbaye de Saint-Denis puis des dames de la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr. Il sera transformé en ferme dès la fin du XVIIe siècle. Ce château était constitué de plusieurs corps de logis avec une cour au milieu, fermée de murs et flanqué de onze tourelles (la dernière tourelle surmontant l'entrée est abattue vers 1920), entouré de fossés remplis d'eau avec un pont-levis, il donnait sur la place du four banal, utilisé par la population locale pour cuire son pain contre une redevance payée au seigneur, vassal des Abbés de Saint-Denis. C’est dans le château que s’exerçait la justice. La salle d’audience et la prison se trouvaient dans deux tourelles contigües, on localise aujourd’hui, la prison par les marques de barreaux aux fenêtres. Les décisions de justice étaient appliquées rue du Martray[2].

Louis IX, Saint Louis passe au moins à deux reprises à Trappes : le 3 avril 1255 et le 18 avril 1259 [3].

Au XIVe siècle, Jean Rigaud, chevalier, est nommé capitaine de la forteresse de Trappes par le dauphin Charles, régent du royaume.

Au cours de la guerre de Cent Ans, Trappes (Trapes) est un village occupé et pillé. Pendant les alertes, les populations de Trappes et Élancourt se réfugient au château de Trappes ou dans la ferme fortifiée de la Boissière, contre les incursions des « routiers » et des « écorcheurs »[4]. Le « Prince Noir », Edward Plantagenet, dit Édouard de Woodstock Brackembury, en 1356, mène ses troupes au pillage de Trappes (déjà fortement ravagé par Bouchard IV de Montmorency). Pendant l'été 1358, durant la Jacquerie, Étienne Marcel et les chefs insurgés de Paris envoient des notables, Pierre Gilles, épicier, et Pierre des Barres, orfèvre, pour incendier le manoir du chevalier Jean Rigaud, capitaine de la forteresse de Trappes [5],[6]. En 1450, comme de nombreux villages proches, Saint-Cyr, Jouy-en-Josas, Trappes a été dévasté. François Ier, qui y déjeuna, en 1547 fit relever ses fortifications[7]. Pendant les guerres les guerres de religion et la Fronde[7], les occupations et les pillages, notamment entre 1585 et 1652, le château a servi de refuge aux habitants des localités voisines : Montigny le Bretonneux, Élancourt, les Clayes et Bois d’Arcy.

Les pierres chasse-roues placées à l'entrée du porche témoignent de l'évolution de la place fortifiée, devenue ferme du château avant d'être rachetée lors de la vente des biens nationaux, en 1791.

Un bracelet de bronze a été découvert au lieu dit « Le Petit mont », au fond à droite de la cour de la Ferme du château de Trappes[8]. Découverte qui figure sur la carte archéologique de Seine-et-Oise dressée par la Commission des Antiquités en 1889[9], inscrite au XIXe siècle sur le registre des antiquités gallo-romaine et déposées à l'ex. Musée d'histoire naturelle de Versailles dont les collections ont été dispersées.

Les vestiges d'une synagogue, datant du moyen-âge[10], étaient encore localisés en 1887 dans la cour de l'ancien château[11],[12] .

La transmission de ce patrimoine du plateau de Trappes participe à l’histoire de France.

L’existence d’un tableau, réalisé sur la ferme et conservé jusqu’à ce jour, montre l’intérêt porté à ce patrimoine[13].

La ferme

Les dames de Saint-Cyr louent la ferme et les terres à des fermiers, dont les Dailly[14]. Sous la Révolution, la ferme sera vendue au moment de la vente des biens nationaux ; c'est Thomas Pluchet, époux de Denise Dailly, qui la rachète. Jusque-là fermier laboureur des fermes de La Tremblaye à Bois-d'Arcy (dont il est le premier maire), et de Gally à Saint-Cyr, Thomas Pluchet abandonne la première début 1794 pour commencer à cultiver celle de Trappes, mais il meurt accidentellement en décembre 1795. Sa femme prend la relève à Trappes. Leur fils Vincent Charlemagne Pluchet, qui prend leur succession en 1806 fera de la ferme du Château l'une des exploitations les plus réputées du département. La famille Pluchet rachète peu à peu les terres autour des fermes et ainsi augmente les surfaces cultivées en passant de 235 hectares à 410 hectares à la fin du XIXe siècle[15].

En 1920, la famille Pluchet revend les terres et l'exploitation agricole et loue les bâtiments de la ferme du château avant de les vendre en 1945. C'est la famille Cuypers, immigrants belges, qui achète l'ensemble de l'exploitation et des bâtiments[13].

La ferme du château de Trappes est une ancienne ferme implantée sur les ruines du château. L’ensemble des bâtiments, avec ses anciennes douves (que l'on devine encore, rue du Martray[16]), ses lieux de stockage et ses logis d’habitation pour les fermiers et leurs employés constitue un exemple représentatif d’architecture rurale, aujourd'hui transformée en logements et en locaux d'activités. Le porche monumental[17] de l'entrée de l'actuel centre technique municipal est édifié à l'endroit où se trouvait le pont-levis principal du château de Trappes. Les pierres chasse-roue, placées à l'entrée du porche témoignent de l'évolution de la place fortifiée.En face, Le bâtiment d’habitation de la ferme Vaugien a été réhabilité, il accueille désormais les quatre classes de la nouvelle école maternelle Laurent Mourguet.

Un tableau, don à la Ville de Monsieur Claude Erker, peintre décorateur, retraité trappiste, intitulé "La Ferme à Port Royal" (huile sur toile de 46 cm x 61 cm), représente l'arrivée de la dernière moisson à la ferme. Ce bien est inscrit dans l’inventaire du patrimoine de la Commune.

Les anciens propriétaires des lieux (les Pluchet puis les Cuypers) ont été des personnages importants dans l’histoire du domaine.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Léon Hennet, Histoire de Trappes : Notes historiques sur Trappes, Paris, Res Universis, coll. « Monographies des villes et villages de France », , 85 p. (ISBN 2-87760-405-5, ISSN 0993-7129, BNF 35418506)
    Fac-similé de l'édition de 1896 de Léon Hennet, membre de la commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise,de la société archéologique de Rambouillet etc..., ancien maire de Trappes.
  • Victor R. Belot, Trappes, d'hier à aujourd'hui, (BNF 35172734)
    L’ouvrage Trappes d’hier à aujourd’hui reçoit le prix d’histoire locale, en 1982, que vient de créer le conseil général des Yvelines[18].
  • Raymond Lavigne, Trappes, Mémoires d'avenir., (ISBN 2951013108)

Notes, sources et références

  1. ↑ Lucarne de la ferme du château, Trappes, fr.topic-topos.com
  2. ↑ Le terme de Martray vient du latin « martyretum », qui désignait à l’origine le « champ des martyrs ».C’est un lieu historique d’une localité, où étaient appliquées les décisions de justice.
  3. ↑ Le Nain de Tillemont, Vie de Saint Louis, publiée par la société de l'histoire de France, t. IV, p. 68 et 209, [lire en ligne].
  4. ↑ Victor R. Belot, Coutumes et folklores en Yvelines, Préface de Paul-Louis Tenaillon, président du Conseil général des Yvelines de 1977 à 1994, membre émérite de l'Académie des sciences morales, des lettres et des arts de Versailles, Librairie Guénégaud, 1977 (FRBNF 34588328), page 18
  5. ↑ S.Luce, Histoire de la Jacquerie, Pris, 1893, p. 220
  6. ↑ Léon Hennet, Histoire de Trappes : Notes historiques sur Trappes, Paris, Res Universis, coll. « Monographies des villes et villages de France », 1990, p. 33
  7. ↑ a et b Victor R. Belot, Coutumes et folklores en Yvelines, Préface de Paul-Louis Tenaillon, président du Conseil général des Yvelines de 1977 à 1994, membre émérite de l'Académie des sciences morales, des lettres et des arts de Versailles, Librairie Guénégaud, 1977 (FRBNF 34588328), Page 19
  8. ↑ Victor R. Belot, Trappes, d'hier à aujourd'hui, 1973, pages 16 et 66, (notice BnF no FRBNF35172734).
  9. ↑ Victor R. Belot, Trappes, d'hier à aujourd'hui, 1973, page 16, (notice BnF no FRBNF35172734).
  10. ↑ L'Ile-de-France médiévale, Volume 2
  11. ↑ Archéologie Médiévale 5, Collectif, page 148, Publications du CRAHM, presses universitaires de Caen.
  12. ↑ Notice biographique et nécrologique sur Emile-Vincent Pluchet de Trappes, par M. Richard DE JOUVANCE, Versailles, 1887, p. 4
  13. ↑ a et b La ferme du Château (Trappes), musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines
  14. ↑ Mémoires d'agriculture, d'économie rurale et domestique, Académie d'agriculture de France, t. 144, 1836, p. 99
  15. ↑ Jérôme Piguet, L'Étang de Saint-Quentin, extrait du bulletin des naturalistes des Yvelines
  16. ↑ Le terme de Martray vient du latin « martyretum », qui désignait à l’origine le « champ des martyrs ». C’est un lieu généralement rattaché au centre historique d’une localité, souvent associé au lieu où étaient appliquées les décisions de justice.
  17. ↑ Porche de l’ancien château, Trappes, fr.topic-topos.com
  18. ↑ Prix décerné par le Conseil général des Yvelines tous les 2 ans
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