Eugène Niel

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Eugène Niel, né le à Rouen et mort le au château du Houlley à Saint-Aubin-le-Vertueux, est un botaniste français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils et petit-fils de banquiers, Niel est très tôt entré dans les bureaux de son père qui désirait voir lui succéder. Néanmoins il mettait à profit tous ses temps de loisir pour travailler les sciences, les arts, les langues vivantes[a]. Particulièrement intéressé par l’histoire naturelle, il est devenu, par son travail opiniâtre, un botaniste distingué. Dès que son père, souffrant, s’est retiré des affaires, il l’a informé de son désir de consacrer son temps à l’étude de la botanique, de la mycologie et de la microscopie [1].

Très ferme dans ses décisions, son père ayant dû s’incliner devant son désir, il a consacré le reste de sa vie à la recherche scientifique. Travailleur infatigable doté d’une mémoire exceptionnelle, il a enrichi l’histoire naturelle de découvertes importantes, faisant de nouvelles découvertes, spécialement parmi les innombrables espèces de cryptogames, dans les forêts de Normandie et les plaines du département de l’Eure. Consulté par nombre de botanistes lui envoyant des plantes, des champignons, afin d’avoir son avis si éclairé, l’un d’eux, par reconnaissance, a baptisé de son nom le champignon inconnu dont il avait reçu une analyse complète.

Outre les végétaux phanérogames et cryptogames semivasculaires croissant en Normandie, il a étudié les champignons de cette région. C’est au cours de ses nombreuses herborisations qu’il a découvert, en Normandie, plusieurs espèces de champignons nouvelles pour la science, et dont les trois suivantes lui sont dédiées : Melanomma Nieli Roumeg., Phyllosticta nielana Roumeg. et Myxosporium nielanum Karst. et Roumeg. Il a également pris beaucoup d’intérêt aux bactéries et résumé ses recherches approfondies faites sur ces organismes dans un mémoire intitulé Recherches sur les bactéries, publié en 1884.

Admis, en 1885, à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, il a pris pour son discours de réception « L’histoire naturelle et le roman » comme sujet, pour s’élever contre les déductions hasardées, les utopies scientifiques dénaturant les théories et les faits scientifiques, et qu’il appelait « le romantisme dans la science ».

Nommé vice-consul du Brésil, le , l’empereur Pierre II lui a donné « un témoignage public de sa considération impériale » en le nommant chevalier de l’Ordre de la Rose. Bien que dispensé de tout service militaire par son consulat, il a servi dans la garde nationale qui gardait la ville, lors de la Guerre franco-allemande de 1870. Les nuits qu’il a dû passer à la poudrière lui ont valu des atteintes de rhumatismes, qui lui ont peu à peu ôté l’usage de ses jambes, pour les dernières huit années de sa vie. Éloigné des réunions de l’Académie de Rouen, retiré à la campagne, cette institution, dont il avait été président en 1890, lui a conféré à titre exceptionnel la dignité de membre honoraire.

Son érudition lui a valu d’appartenir à une trentaine de sociétés, non comme simple souscripteur, mais il suivait la plupart de leurs séances. Il a été président de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, de la Société des Sciences naturelles de Rouen, du Conseil honoraire de l’Émulation chrétienne, de la Société civile des écoles paroissiales de Rouen, du Conseil de fabrique de Saint-Vincent, de Rouen, du Conseil de fabrique de Saint-Aubin-le-Vertueux et du Comité des fêtes de bienfaisance de Rouen. Il a été vice-président de la Société de la Croix-Rouge, de la Société protectrice de l’enfance, de l’Assistance aux convalescents. Il a été secrétaire de la Société artistique de Normandie, du Conseil des crèches.

Il a, en outre, été membre de l’Association française pour l'avancement des sciences ; de la Société de secours aux Amis des Sciences ; de la Société botanique de France ; de la Société mycologique de France ; de la Société de l'histoire de Normandie ; de la Société normande de géographie ; de la Société des bibliophiles rouennais ; de la Société centrale d’Horticulture de la Seine-Inférieure ; de la Société de la Prévoyance mutuelle de Rouen ; de la Société des amis des arts de Rouen ; de la Société normande d'études préhistoriques ; de la Société linnéenne de Normandie ; de la Société libre d’Agriculture, Sciences et Arts de l’Eure ; de l’Association normande ; de la Société des agriculteurs de France ; de la Société des Chasseurs ; de la Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France, à Nantes ; Membre correspondant de la Revue mycologique de Toulouse (pl). Il a publié, sur plus de vingt ans, de très nombreuses notes et mémoires[b].

Le mai, après un service célébré à Rouen, en l’église Saint-Vincent, il a été au Cimetière monumental de Rouen, où, selon sa volonté, nul discours n’a été prononcé[2]. Philippe Zacharie a fixé ses traits sur la planche lithographique.

Publications scientifiques[modifier | modifier le code]

  • « Sur un cas de végétation remarquable du Bonapartea gracilis », Bulletin de la Société botanique de France, 1882, comptes-rendus des séances, p. 115.
  • « Remarques sur l’Aira media Gouan », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1882, p. 415.
  • « Une variété inédite de l’Anemone nemorosa, et découverte de l’Hieracium præaltum dans le département de l’Eure », Bulletin de la Société botanique de France, 1883, comptes-rendus des séances, p. 196.
  • « Recherches sur les Bactéries, Rouen, Léon Deshays, 1884.
  • « Catalogue des Plantes rares découvertes dans l’arrondissement de Bernay (Eure), depuis 1864 », Annuaire des cinq départements de la Normandie (Annuaire normand), 1884, p. 163. Tirés à part, Caen, F. Le Blanc-Hardel, 1884, (paginat. spéciale).
  • « Note sur la maladie des végétaux dite « Gommose » », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1885, p. 81. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1885, (paginat. spéciale).
  • « Note sur le Corticium amorphum Fries », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1887, p. 73.
  • « Herborisation à Saint-Évroult - Notre-Dame-du-Bois (Orne) », Bulletin de la Société botanique de France, 1888, comptes-rendus des séances, p. 112. Tirés à part, Paris, Imprimeries réunies, 1888, (même paginat.).
  • « Catalogue des Plantes phanérogames et cryptogames semi-vasculaires croissant spontanément dans le département de l’Eure », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1888, p. 225. Tirés à part, Rouen, A. Lestringant ; Paris, Jacques Lechevalier ; Évreux, Bardel ; 1889, (paginat. spéciale).
  • « Sur un phénomène remarquable de vitalité présenté par des souches de Sapin », Bulletin de la Société botanique de France, 1889, comptes-rendus des séances, p. 256.
  • « Le Daucus carota L. et ses variétés : gummifer, hispidus, maritimus », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1889, p. 369.
  • « Essai monographique sur les Ophiobolus observés en Normandie, par A. Malbranche et E. Niel, avec une planche », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1890, p. 47 et pl. I. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1890, (même paginat.).
  • « Observations sur le Cystopus candidus Lév. », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1890, p. 151. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1891, (même paginat.).
  • « Recherches sur la nature de la Manne des Hébreux », Précis analytique des travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, 1890-1, p. 81. Tirés à part, Rouen, Espérance Cagniard, 1892, (paginat. spéciale).
  • « Remarques à propos des Tubulina fragiformis Pers. et, cylindrica Bull. », Bulletin de la Société mycologique de France, 1891, p. 98.
  • « L’Impatiens noli-tangere L. et ses fleurs cleistogames », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1891, p. 65.
  • « Observations sur le Polyporus obducens Pers. et le Merulius lacrymans Fr. », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1891, p. 69.
  • « L’Azolla en Normandie », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1892, p. 41. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1893, (même paginat.)
  • « Note sur la Ranunculus ophioglossifolius D.C. », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1892, p. 45. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1893, (même paginat.).
  • « Note sur le Polyporus resinosus Fr. », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1892, p. 49. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1893, (même paginat.).
  • « Le Parasite du Seigle enivrant », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1892, p. 237. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1893, (paginat. spéciale).
  • « Note sur le Plasmodiophora brassica Woron. », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1892, p. 243. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1893, (paginat. spéciale).
  • « Liste des Champignons récoltés à Bon-Port et dans la forêt de Bord (Eure), par A. Le Breton.et E. Niel », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1892, p. 269.
  • « Liste des Plantes recueillies par Eugène Niel à l’excursion de Lyons-la-Forêt (Eure) (3 juillet 1892) », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1892, p. 278.
  • « Champignons nouveaux ou peu connus récoltés en Normandie (Seine-Inférieure, Eure et Orne), 5o liste, avec une planche, par A. Le Breton et E. Niel », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1893, p. 129. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1894, (même paginat.).
  • « Note sur le Polyporus (Coriolus) maritimus Quélet », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1893, p. 219.
  • « Liste des Champignons recueillis dans le parc du château d’Harcourt (Eure) », Bulletin de la Société des. Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1893, p. 237.
  • « Quelques remarques sur l’Aecidium elatinum Alb. et Schw. (Chrysomyxa abietis Wallr.) », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1894, p. 46.
  • « Remarques sur la végétation des vases provenant des dragages de la Seine », Bulletin de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, session de Caen en 1894, 2e partie, p. 546. Tirés à part, Paris, Secrétariat de l’Association, 1895, (paginat. spéciale).
  • « Les Marchés aux fleurs et l’Industrie florale », Précis analytique des travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, 1894-1895, p. 79. Tirés à part, Rouen, Léon Gy, 1896, (paginat. spéciale).
  • « Histoire de deux plantes : l’Isatis tinctoria L. et l’Erigeron canadense L., Sotteville-lès-Rouen, E. Lecourt, [s.d].
  • « Remarques sur le Cladosporium herbarum Link », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1895, p. 45. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1896, (même paginat.).
  • « Note sur quelques Carex nouveaux ou rares de la flore de Normandie », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1895, p. 101. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1896, (même paginat.).
  • « Observations sur le Polyporus giganteus Pers. et le Polyporus acanthoides Bull. », Bulletin de la Société mycologique de France, 1896, p. 120.
  • « Notes mycologiques », Compte rendu de la session des Assises scientifiques, littéraires et artistiques, fondées par A. de Caumont (Assises de Caumont), tenue à Rouen en 1896, p. 90. Tirés à part, Rouen, Paul Leprêtre, 1896, (paginat. spéciale).
  • « Note sur l’Eucalyptus globulus L’Hér. », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1er sem. 1896, p. 36.
  • « Note sur le Clitocybe cryptarum Letell., avec une planche », Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1896, p. 139. Tirés à part, Rouen, Julien Lecerf, 1897, (paginat. spéciale).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il parlait anglais, italien, allemand et portugais.
  2. La bibliographie ci-incluse de ses travaux scientifiques omet ses divers rapports, comptes-rendus, notices nécrologiques, etc., pour se limiter à ses travaux de botanique.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Thomy Canonville-Deslys, « Notice nécrologique sur M. Pierre-Eugène Niel », Précis analytique des travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, Paris,‎ 1904-1905, p. 393-403 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  2. Henri Gadeau de Kerville, « Notice nécrologique sur Eugène Niel (1836-1905) botaniste, ancien président de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, etc. : et liste de ses publications scientifiques (avec un portrait en héliogravure) », Bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, Rouen, H. Boissel, 5e série,‎ 41e, p. 471-85 (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Thomy Canonville-Deslys (d), « Notice nécrologique sur M. Pierre-Eugène Niel », Précis analytique des travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, Paris,‎ 1904-1905, p. 393-403 (lire en ligne sur Gallica). (paginat. spéciale). Tirés à part, Rouen, Léon Gy, 1906.
  • Henri Gadeau de Kerville, « Notice nécrologique sur Eugène Niel (1836-1905) botaniste, ancien président de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, etc. : et liste de ses publications scientifiques (avec un portrait en héliogravure) », Bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, Rouen, H. Boissel, 5e série,‎ 41e, p. 471-85 (lire en ligne).
  • Arthur-Louis Letacq, Notice sur la vie et les travaux de M. Eugène Niel, Brionne, E. Amelot, , 16 p., in-8º (OCLC 458171255).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Niel est l’abréviation botanique standard de Eugène Niel.

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