Ernest Stroobants

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Ernest Stroobants
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Ernest Stroobants est un artiste belge, sculpteur portraitiste, actif à Liège dans le second tiers du XXe siècle. Formé dans l’atelier de l’artiste Gustave Paredis, il fréquente l’Académie de Liège en cours du soir. Il est admis dans un groupe d’artistes et d’intellectuels L’Atelier de la cour des Minimes, dirigé par le peintre Marcel Defize. Membre du parti communiste, il mènera des missions de résistance pendant la guerre. Membre de l’APIAW (Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie), il participe à certaines expositions, mais sa première exposition personnelle est organisée en 1966. E. Stroobants est surtout connu par ses trois bas-reliefs du Pont des Arches à Liège (1948)[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils du graveur sur bois Auguste Stroobants, originaire d’Herent, et d’Irma Corombelle, Ernest Stroobants voit le jour à Liège le [2]. Il est atteint d’une forte déviation de la colonne vertébrale qui le marquera profondément et le fera souffrir toute sa vie. Il vit avec ses deux parents atteints chacun de surdité. Sa mère, veuve alors qu’Ernest est à peine âgé d’un an, quitte Bruxelles pour Liège où réside la grand-mère maternelle. La petite famille vit dans la précarité et Ernest enregistre de médiocres résultats scolaires : il ne s’intéresse qu’au dessin et à la musique. Lors des cours, il croque le portrait de ses instituteurs et condisciples.

Vers 1923, il est engagé comme apprenti dans l’atelier de Gustave Paredis (1897-1963) et est formé à la sculpture sur bois. D’autre part, de 1923 à 1929, il suit les cours du soir à l’Académie royale des beaux-arts de Liège. Les périodes d’hospitalisation n’empêchent pas G. Paredis de le conseiller et de l’orienter vers la voie de la sculpture en privilégiant la terre glaise.

En 1934, le peintre Marcel Defize (1906-1978) l’admet dans son groupe d’artistes, L’Atelier de la cour des Minimes, où il est le seul sculpteur. C’est une période où il décide de se cultiver davantage : littérature, esthétique, philosophie, problèmes sociaux. Il étudie la section d’or[3].

Membre du parti communiste et du front de l’indépendance, E. Stroobants est recherché par la Gestapo pendant la guerre. Il rencontre Anna Goldberg en avril 1942 qu’il épouse en décembre 1944 après avoir partagé des activités clandestines contre l’occupant[4].

Après la guerre, il figure, pendant quelques années, parmi les sculpteurs de l’A.P.I.A.W. (Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie) et participe à plusieurs expositions d’ensembles (1947-1949-1951). Il est occupé presque toute l’année 1948 à la réalisation de trois bas-reliefs de la culée gauche du pont des Arches à Liège dont l’architecte est Georges Dedoyard (1897-1988)[5].

Dans les années 1950, il prend goût à la taille directe (pierre et marbre) mais ne délaisse pas la terre cuite sur les conseils de son ami Constant Caron (1901-1984). Il se consacre de moins en moins à la sculpture sur bois, peu rémunératrice.

De 1960 à 1966, il est directeur de la section liégeoise, puis directeur régional de la Discothèque nationale de Belgique[6].

Conception de l'art[modifier | modifier le code]

Ernest Stroobants est un éclopé de la vie dans tous les sens du terme. De santé fragile, son existence n’a pas été facile mais malgré cela, tout en vivant ses contradictions, ses doutes, ses remises en question, il a poursuivi ses idéaux et réalisé des œuvres qui parlent pour lui et qui parlent aux autres. Sens de l’observation, sensibilité exacerbée, souci du détail et du rendu sont quelques marques de fabrique. Il se sert du visage humain en exploitant le « vérisme » pour transmettre ses émotions profondes et sensibles. Il déclare que «Le but du sculpteur est d’exprimer la grandeur humaine, de dire le maximum avec le minimum»[7].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Le catalogue de ses œuvres en sculpture est assez restreint puisque l’on ne dénombre qu’une cinquantaine de bustes ou de têtes. Certaines resteront dans l’oubli car détruites par l’artiste, rarement satisfait de ses créations[8].

Si on se souvient de lui, c’est pour évoquer les trois bas-reliefs du pont des Arches à Liège exécutés en 1948 dont il n’était pas pleinement satisfait d’ailleurs. E. Stroobants est considéré comme un portraitiste, un bustier, un chasseur de têtes, ce que l’on appelait par le passé « tailleur d’images ». Les bustes et têtes d’amis, de connaissances et de personnalités liégeoises sont peu ou plus connus. À la vérité, il convient d’insister sur le fait qu’il a peu exposé et donc peu été suivi par les critiques. Sa première exposition personnelle est organisée en 1966, soit trois ans avant son décès. L’exposition mise sur pied au Trésor de la cathédrale de Liège[9] (1er juin-18 septembre 2022) a pour but de pérenniser la mémoire de l’artiste trop tôt disparu[10].

Ses œuvres[11] sont conservées dans des collections privées mais aussi dans des collections publiques : Fédération Wallonie-Bruxelles, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Liège (La Boverie), Secteur Arts plastiques de la Province de Liège, Conservatoire royal de Liège, Maison de la Musique-Musée Danieli à Hoeilaart.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Il ne reste malheureusement que deux des trois bas-reliefs. Le plus petit a été malencontreusement brisé lors de sa tentative de démontage voilà quelques années seulement.
  2. Jacques Toussaint, Ernest Stroobants (1909-1969). Sculpteur portraitiste, Jambes, asbl Art Research Institute, coll. « Euclide » (no 3), , 96 p., pp. 9-29.
  3. Jacques Toussaint, Op. Cit., pp. 10-12.
  4. Jacques Toussaint, Op. Cit., pp. 12-13.
  5. Albert Hormidas, « Le pont des Arches, à Liège », La Technique des Travaux,, vol. 26, nos 9-10,‎ , pp. 281-292.
  6. Louis Poulet, professeur de musique au Conservatoire royal de Bruxelles et initiateur du Concours international de quatuor à cordes à Liège 1951-1972, usa de son influence pour que son ami Ernest obtienne le poste, bien nécessaire pour une vie plus facile.
  7. Voir les archives de Madame Simone Gillet, nièce de l’artiste, à Liège.
  8. Les archives confirment que l’artiste a procédé régulièrement à la destruction d’œuvres car il était toujours insatisfait du résultat.
  9. « Ernest Stroobants. Sculpteur portraitiste (Bande annonce) » (consulté le )
  10. Après l’exposition de 1966, celle de 2022 constitue la seconde exposition qui est totalement consacrée à l’œuvre d’Ernest Stroobants.
  11. Jacques Toussaint, Op. Cit., pp. 49-52.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources d'archives[modifier | modifier le code]

  • Ans, Archives des ateliers Menchior.
  • Liège, Archives de Madame Simone Gillet (Autobiographie, 1966 ; Autobiographie, 1968 ;  ;  ; B ; Témoignages d’Anna Stroobants-Goldberg ; …).
  • Hoeilaart, Archives de la Maison de la musique – Musée Danieli, (Madame Myriam Pascal Poulet).

Sources imprimées[modifier | modifier le code]

  • Œuvres acquises par le Ministère de la Culture française : 1968 à 1972, Bruxelles, Ministère de la Culture française, 1983, p. 147, 150, no 163, inv. no 10919.
  • Musée des Beaux-Arts, Musée de l’Art wallon, Liège, 1958, p. 43.
  • S. Alexandre, Ernest Stroobants. Les travaux du pont. Quai de la Ribuée, collection Parcours d’art public, Ville de Liège, F7, s.l.n.d., n.p.
  • S. Alexandre, Le sculpteur Ernest Stroobants (1909-1969), dans Revue des historiens de l’art, des archéologues, des musicologues et des orientalistes de l’Université de Liège. Art & Fact (Art et pouvoir), no 14, 1995, pp. 83-102.
  • J. Bosmant, Ernest Stroobants, catalogue de l’exposition organisée à la Galerie « Les métiers d’art », [Liège, 1966], n p.
  • P. Bovy, Cinquante ans d’art public dans la ville de Liège (1945-1995), mémoire de licence en Histoire de l’Art, Archéologie et Musicologie de l’Université de Liège, année académique 1994-1995, p. 38, 49, 90, 110 et 133.
  • Ch. Bury, Histoire du pont des arches, dans Si Liège m’était conté…, no 45, hiver 1972 (décembre-février), pp. 7-25 (p. 21 concernant Ernest Stroobants).
  • Engelen-Marx, Beeldhouwkunst in België vanaf 1830, deel III : R-Z, Algemeen Rijksarchief en Rijksarchiev in de provincien, Studia 90, Bestelnummer : publ. 3850, Brussel, 2002, pp.1476-1477.
  • Engelen-Marx, La sculpture en Belgique à partir de 1830, tome VI, Leuven, 2006, pp. 3336-3338.
  • A. Hormidas, Le pont des Arches, à Liège, dans La Technique des Travaux, vol. 26, nos 9-10, septembre 1950, pp. 281-292.
  • A. Stroobants-Goldberg, Biographie du sculpteur Ernest Stroobants 1909-1969, tapuscrit, janvier 1995.
  • J. Toussaint, Ernest Stroobants (1909-1969), sculpteur, dans Actes du 11e Congrès de l’Association des Cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique et 58e Congrès de la Fédération des Cercles d’archéologie et d’histoire de Belgique. Congrès de Wallonie picarde. Tournai, organisé par les sociétés d’histoire et d’archéologie d’Ath, Mouscron et Tournai, avec la collaboration du Centre Hannonia. 19-22 août 2021 (20-23 août 2020), tome 1, Tournai, 2021 (2020), pp. 267-268.
  • J. Toussaint, Ernest Stroobants (1909-1969). Sculpteur portraitiste, coll. Euclide de l’asbl Art Research Institute, 3, Jambes, 2022, 96 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]