Entreprise citoyenne

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Une entreprise « citoyenne » [1] est une entreprise qui accepte de mettre l'intérêt de la Société (au sens large) et de l'Humanité au même niveau que son intérêt propre. Ce qui implique qu'elle reconnait devoir supporter les conséquences de ses actes et, d'autre part, avoir le souci de l'intérêt général. Et si l'on évoque aujourd'hui, par exemple, le souci de l'emploi et de la défense de l'environnement, cela induit qu'elle prend en compte effectivement et concrètement les dimensions sociales et environnementales dans ses activités et dans ses relations avec ses partenaires (salariés, clients, fournisseurs et co-traitants, actionnaires…).

Enjeux ouverts par l'entreprise citoyenne

L'entreprise citoyenne montre, par son fonctionnement concret et quotidien, que les finalités économiques et sociales ne sont pas incompatibles. Le terme « entreprise citoyenne » n'a pas de fondement normatif ou légal. Aucune obligation de contrôle n'est prévue. L'entreprise « citoyenne » s'attribue elle-même ce qualificatif par le fait [2] :

  • qu'elle s'implique activement dans la vie de la cité, favorise les coopérations entre organisations complémentaires : par exemple, l'entreprise citoyenne joue un rôle sur le plan éducatif en n'hésitant pas à s'ouvrir vers les écoles, employer des stagiaires et des apprentis en alternance, qu'elle rémunère de manière décente.
  • qu'elle considère la palette des différents rôles (économiques, sociaux, environnementaux et culturels) dont découlent ses responsabilités dans l'intérêt général de tous (sociétés et particuliers).
  • qu'elle valorise la personne humaine comme fin et pas seulement comme moyen
  • qu'elle assure la cohésion de l'ensemble par un projet, une vision commune à long terme.

Fonctionnement de l'entreprise citoyenne

Les principes de fonctionnement traditionnels des organisations sont revisités et rénovés dans le cadre d'une perspective plus "démocratique"[3]:

  • Organisation de l'équilibre des droits et devoirs, des pouvoirs et contre-pouvoirs
  • Développement de la gouvernance d'entreprise au travers de directions plus collégiales
  • Vocation du personnel à participer à la prise de décision et au capital
  • Remplacement du lien de subordination par une collaboration entre sphères personnelles ou collectives de compétences
  • Promotion de la représentation du personnel via des institutions plus représentatives.

Vers un renouveau éthique ?

Le besoin d'éthique dans les affaires

De nombreux facteurs poussent à développer l'éthique dans les domaines professionnels[4] :

  • La puissance comme la finesse des techniques modernes de management et de communication : elles peuvent servir à « cibler » un individu, un collectif ou un public de masse.
  • L'exploitation de la faiblesse individuelle : les techniques modernes de management et de communication peuvent être employées pour manipuler les personnes.
  • La conduite agressive des politiques en matière de concurrence : elle peut occasionner des dégâts dont les conséquences à moyen et/ou long terme ne sont pas toujours correctement évaluées.
  • Les relations envisagées selon des modèles « top-down » ou « en étoile » : elles sont désormais supplantées par les relations maillées en réseaux.
  • La promotion de l'individualisme et de la « loi du plus fort » : caractéristique répandue dans les représentations idéologiques contemporaines.

Un nouveau projet pour la Société ?

Dans son ouvrage L'économie citoyenne : un mouvement a vu le jour[5], l'écrivain Christian Felber, membre d'Attac et figure emblématique de l'altermondialisme plaide pour ce type d'entreprise qui doit, selon lui, déboucher sur un nouveau modèle économique : celui de l'économie citoyenne.

Celle-ci est selon l'auteur susceptible de dépasser le capitalisme sans pour autant dériver vers une planification étatique oppressante telle que celle de l'URSS. C'est une nouvelle économie qui doit s'appuyer sur des valeurs humaines essentielles telles que la confiance, l'entraide, le partage, l'estime mutuelle et plus globalement reposer sur le paradigme de la coopération.

Pour Christian Felber, l'avènement souhaitable et nécessaire de l'économie citoyenne constitue un véritable projet de société, tant ses fondements impliquent de rompre avec l'imaginaire capitaliste, qui exalte quant à lui l'égoïsme, le profit, l'exploitation d'autrui, la concurrence et repose sur le paradigme de la compétition généralisée.
Cette "transformation" économique majeure implique de repenser les composantes fondamentales de la nature humaine : elle nécessite un approfondissement considérable de la démocratie et elle exige enfin de s'interroger en profondeur sur le sens de la propriété individuelle ainsi que sur les limites qu'il convient de lui fixer dans une optique de justice sociale.

Limites du concept

Comme le « développement durable » ou la « responsabilité sociétale », l'expression « entreprise citoyenne », employée de manière abusive dans les chartes et autres déclarations de bonne conduite des entreprises, risque de paraître appartenir à la catégorie du « vocabulaire pompeux » et relever de la manipulation mentale, comme le regrette Bernard Salengro[6].

Notes et références

  1. Économie Générale, Hachette Éducation, Paris 2001, ISBN 2-01-16-8334-3
  2. Économie Générale, op. cit.
  3. Économie générale, Op.cit.
  4. Économie générale op. cit.
  5. Christian Felber, L'économie citoyenne : un nouveau mouvement a vu le jour, Actes Sud, , 204 p.
  6. Bernard Salengro, Le management par la manipulation mentale

Voir aussi