Enherbement

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Enherbement de la vigne (à Mercurey)
Enherbement de la vigne
Enherbement dans le Erbacher Steinmorgen (Vignoble du Rheingau).

L'enherbement est un moyen de protéger les sols de l'érosion et des effets délétères d'une exposition directe à la pluie, au gel et aux UV solaires[1].

Il peut notamment être pratiqué dans les intervalles d'une culture verticale (vignes, houblonnières, verger...) en restaurant et/ou en entretenant un tapis végétal (naturel ou semé[2]) entre les rangs de culture.

Cette pratique est une alternative au désherbage chimique et au travail du sol, et si les plantes de l'enherbement, sont riches en espèces de légumineuses, elles seront aussi une source naturelle d'enrichissement du sol en azote, tout en protégeant les nappes de la pollution par les nitrates provenant des engrais chimiques[3]. Il peut aussi contribuer à améliorer quantitativement et qualitativement les produits récoltés, dont secondairement le vin ou le jus de raisin dans le cas des vignes[4],[5].

Techniques d'enherbement[modifier | modifier le code]

Le vigneron ou l'exploitant agricole cherche à contrôler la qualité de son enherbement pour améliorer sa production ; pour ce faire, il peut s'appuyer sur de nombreux retours d'expérience[6]. Il doit veiller, notamment en zone aride ou sur sol très oligotrophe à ce que les plantes des bandes enherbées n'entrent pas en concurrence[7],[8] avec les cultures pour l'eau ou l'azote[9].

Enherbement permanent[modifier | modifier le code]

L'enherbement permanent est une technique très ancienne de protection de sols vulnérables. Il est pratiqué sous la vigne « depuis longtemps dans certains vignobles » et a retrouvé un regain d'intérêt « comme un moyen de restaurer la matière organique du sol et de limiter l'érosion et la vigueur de la vigne »[10], supporté par une activité de recherche appliquée et scientifique sur ses intérêts et techniques, depuis plusieurs décennies en France[11].

Dans la vigne à partir de la 4e année d'enherbement, on « n'observe plus de différence significative dans le taux en sucre et en acide des moûts entre les parcelles enherbées et celles travaillées »[12].

Enherbement temporaire[modifier | modifier le code]

Sur des cultures annuelles l'enherbement non contrôlé est concurrentiel avec des effets négatifs sur la productivité au début de la croissance des plantes cultivées. Pour la canne à sucre, il doit par exemple idéalement être contrôlé jusqu'à l'âge de trois mois, sinon « la production de canne est significativement moindre » [13].

Effets de l'enherbement[modifier | modifier le code]

Impacts pour la vigne[modifier | modifier le code]

L'enherbement crée une concurrence avec les jeunes plants de vignes qui voient dans un premier temps leur vigueur diminuer et sont contraints de modifier leur système racinaire, qui se développe alors plus en profondeur en devenant moins vulnérable au manque d'eau. S'il contient assez de légumineuses, il devient aussi une source d'azote biodisponible pour la vigne (par exemple, la qualité olfactive des vins de type pinot tend à s'améliorer avec l'élévation de la concentration en composés azotés du moût[14].) Il est aussi une source d'espèces « utiles » dites auxiliaires de l'agriculture.

L'objectif de l'enherbement viticole contrôlé est d'améliorer l'état sanitaire de la vigne et d'augmenter la qualité de la vendange et donc des vins.

Impacts pour le sol[modifier | modifier le code]

Verger de pommiers enherbé. Catalogne, 2003.

L'enherbement augmente considérablement la vie biologique des sols en apportant de la matière organique. Les sols deviennent plus perméables et poreux, ce qui limite l'accumulation d'eau de pluie en surface et l'érosion tout en améliorant le transfert de l'eau vers le sol profond. L'enherbement améliore la portance du sol pour les machines et limite sa compaction.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Morlat, R., Jacquet, A., & Asselin, C. (1993). Principaux effets de l'enherbement permanent contrôle du sol, dans un essai de longue durée en Anjou. Progrès agricole et viticole.
  2. DAVID, N., SERRANO, E., & RENARD, R. (2001). Vigne et qualité de vendange: effet de l'enherbement semé. Synthèse de sept années d'essais sur cépage Colombard: Lutte contre les mauvaises herbes. Phytoma-La Défense des végétaux, (544), 46-47 (résumé).
  3. Tournebize, J. (2001) de l'Enherbement du Vignoble Alsacien sur le Transfert des Nitrates (Doctoral dissertation, Université Louis Pasteur-Strasbourg I).
  4. Le Goff-Guillou, I., Marsault, J., & Riou, C. (2000). Impacts de l'enherbement sur le fonctionnement de la vigne, la composition des moûts, les durées de fermentation et la qualité des vins. Progrès Agric. Vitic, 117, 103-110.
  5. Carsoulle, J. (1995). L'enherbement permanent du vignoble. Influence sur la production viticole et son environnement. Phytoma La défense des végétaux.
  6. Spring, J. L. (2002). Influence du type d'enherbement sur le comportement de la vigne et la qualité des vins. Résultats d'un essai sur Chasselas dans le bassin lémanique. 2. Résultats œnologiques. Revue suisse de viticulture, arboriculture, horticulture, 34(2), 111-116 (résumé)
  7. Delabays, N., Spring, J. L., & Mermillod, G. (2006). d'enherbement de la vigne avec des espèces peu concurrentielles: aspects botaniques et malherbologiques. Revue suisse de viticulture, arboriculture, horticulture, 38(6), 343-354.
  8. Spring, J. L., & Delabays, N. (2006). Essai d'enherbement de la vigne avec des espèces peu concurrentielles: Aspects agronomiques. Revue suisse de viticulture, arboriculture, horticulture, 38(6), 355-359.
  9. Chantelot, E., Celette, F., & Wery, J. (2004, May). Concurrence pour les ressources hydriques et azotées entre vigne et enherbement en milieu méditerranéen. In Qualitätsmanagament im Obst-un Weinbau-International symposium in Quality management in viticulture and enology, Stuttgart-Germany (pp. 10-11).
  10. Geoffrion R (1999). L'enherbement permanent, 40 ans après rencontre avec un pionnier de la technique. Phytoma-La Défense des végétaux, (519), 25-27 (résumé)
  11. Geoffrion, R. (2000). L'enherbement permanent contrôlé des sols viticoles. Vingt ans de recherches sur le terrain en Anjou. Phytoma, 530, 28-31.
  12. Schwab AL & Peternel M (1996) Untersuchung der Auswirkungen einer langjährigen Dauerbegrünung auf die Most-und Weinqualität unter fränkischen Boden-und Klimaverhältnissen. Wein-Wissenschaft, 52(1), 20-26.
  13. Marion, D., & Marnotte, P. (1991) Nuisibilite de l'enherbement sur une culture de canne a sucre (FAO, Agris).
  14. Maigre, D. (2002). Comportement du Pinot noir en présence d'enherbement permanent et influence de la fumure azotée. 2. Résultats analytiques et organoleptiques. Revue suisse de viticulture, arboriculture, horticulture, 34(4), 239-244. (http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=13852981 résumé/notice inist-CNRS])

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Agulbon, O. (1998). Enherbement permanent, ENM et mulch, comparés à la non culture: Incidences œnologiques. Phytoma-La Défense des végétaux, (511), 46-48 (résumé).
  • Celette, F. (2007). Dynamique des fonctionnements hydrique et azoté au sein d'une vigne enherbée sous le climat méditerranéen (Doctoral dissertation, Montpellier, ENSA) (résumé).
  • Crozier, P. (1998). Enherbement permanent et mulch: aspects agronomiques. Phytoma-La Défense des végétaux, (511), 42-45 (résumé).
  • Dominé, André (2005) : Le Vin Éditions Place des Victoires, (ISBN 2-84459-108-6).
  • Geoffrion R (1999). L'enherbement permanent, 40 ans après rencontre avec un pionnier de la technique. Phytoma-La Défense des végétaux, (519), 25-27 (résumé).
  • Spring, J. L. (2001). Influence du type d'enherbement sur le comportement de la vigne et la qualité des vins. Résultats d'un essai sur Chasselas dans le bassin lémanique. 1. Resultats agronomiques. Revue suisse de viticulture, arboriculture et horticulture, 33(5), 253-262.

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]