Discussion:Jusquiame noire

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Bonjour,

Le Wikiprojet a été modifié (+bière). Bonne journée,

Groumphy (discuter) 26 avril 2021 à 12:17 (CEST)[répondre]

Paragraphe sorcellerie[modifier le code]

Ci-dessous le paragraphe "sorcellerie" retirée (car hors-sujet) de cette entrée consacrée à une espèce de plante (et non pas aux onguents en général, encore moins au sabbat ou à la sorcellerie). Cdlmt, Ahbon? (discuter) 5 juillet 2022 à 22:55 (CEST) <>«  . Une croyance très répandue aux XVIe et XVIIe siècles voulait que les sorcières s'enduisissent le corps d'un onguent avant de s'envoler dans les airs pour aller au sabbat. Elles s'y rendaient à cheval sur un balai ou une fourche, enduits eux aussi d'onguent.[répondre]

Les accusations qui conduisaient les sorcières au bûcher comportaient deux composants : les maléfices et le pacte avec le Diable. L'action judiciaire s'ouvrait sur une plainte pour les maléfices répétés d'une jeteuse de sort qui était censée provoquer la mort de nouveau-nés, faire tomber la grêle sur les récoltes, etc. L'accusation d'assistance au sabbat n'apparaissait que plus tard, lorsque les juges ecclésiastiques s'emparaient du dossier. À l'époque, tout le monde croyait au Diable. Il ne faisait pas l'ombre d'un doute qu'en concluant un pacte avec le Diable, la sorcière pouvait accomplir des maléfices redoutables et travailler à la ruine de l'Église et de l'État. Des dizaines de milliers de sorciers et sorcières furent ainsi envoyés au bûcher en toute bonne conscience des autorités. Seuls quelques scientifiques et médecins humanistes dénoncèrent ces persécutions et osèrent soutenir que le sabbat n'était qu'une illusion.

Ainsi aux Canaries, un sorcier nommé Cosme, arrêté pour avoir commis de nombreux méfaits, avoua lorsqu'il fut soumis à la torture avoir conclu un pacte avec le Diable. « Devant le Saint-Office, qui réclama l'affaire il se rétracta et reconnut, sans qu'on l'ait torturé, que dans une maison il s'était enduit d'un onguent sous les aisselles, sur la paume des mains et la plante des pieds, puis qu'il s'était envolé vers les sablières. On lui demanda s'il s'était déplacé en corps ou en esprit, et il répondit que c'était de cette dernière façon[1] ».

On voit, sur la base de tels témoignages, quelles interprétations naturalistes modernes on pourrait donner au vol des sorcières. Le problème de la réalité du sabbat fut d'ailleurs posé à peu près en ces termes par des scientifiques dès le XVIe siècle. La description d'assemblées démoniaques et de leurs prodiges (vol, métamorphose en bête) a-t-elle une réalité objective ou est-elle le résultat de la consommation de drogues hallucinogènes?

La « thèse pharmacologique » fut formulée pour la première fois par deux scientifiques italiens : un mathématicien-médecin Girolamo Cardano, dans De Subtilitate (1550), et un écrivain et encyclopédiste, grand amateur de fantastique, Giovan Battista Porta, dans Magie naturelle (1558). Toujours soucieux de justifier les phénomènes magiques par des moyens naturels, Della Porta prétend avoir réalisé une expérience[1] instructive. Il fit s'enduire d'onguent une vieille femme qui tomba dans un profond sommeil. Avec ses amis, Porta lui infligea une bonne correction mais, à son réveil, la sorcière raconta « beaucoup de mensonges ». Porta eut beau lui montrer ses blessures, la vieille femme continua de maintenir sa version des faits.

À la même époque, un médecin et humaniste espagnol, Andrés Laguna, arrive aussi à la conclusion que tout ce que croyaient faire les sorcières était le résultat de la prise de substances narcotiques, et donc que le sabbat était le seul produit de leur imagination. Laguna raconte, dans son commentaire de Dioscoride (1555), comment se trouvant en Lorraine, il fut le témoin de l'arrestation et de la condamnation à mort sur le bûcher de deux vieillards accusés de sorcellerie. Il se procura alors l'onguent qui avait été trouvé dans l'ermitage où ils vivaient pour tester l'effet d'un tel produit. Il fit enduire entièrement une de ses patientes insomniaque. Celle-ci tomba aussitôt dans un profond sommeil et se réveilla 35 heures plus tard en disant en souriant à son mari qu'elle l'avait cocufié avec un beau jeune homme[1].

Un autre médecin, originaire du Duché de Brabant, Jean Wier (ou Johann Weyer 1515-1586) donne la recette d'huile assoupissante suivante : graine d'ivraie, ciguë, jusquiame et belladone mais pour lui les illusions des sorcières ne viennent pas de leur consommation de drogues. Dans De Prestigiis Daemonum (1563), il explique comment leurs illusions diaboliques sont produites par l'action corruptrice des vapeurs sur le cerveau. Derrière cette explication naturaliste, il y a en fait, nous dit Weier, le Diable qui profite de la faiblesse des sorcières due à leur sexe, leur âge et leur ignorance, pour manipuler leurs sécrétions humorales[2].

Au XIXe siècle, l'historien Michelet décrira dans son essai La Sorcière (1862) les sorcières comme des sages-femmes guérisseuses utilisant les propriétés des Solanacées pour soulager les maux féminins. Pour lui, le sabbat est réel, elles y consomment des drogues hallucinogènes pour échapper à leur limitations sociales.

Actuellement, les nombreuses études historiques des aveux des sorcières ne permettent toutefois pas de conclure que les sorcières étaient des droguées ou avaient l'esprit dérangé. D'abord dans de nombreux procès, aucune mention d'onguent n'est faite. Sur les 150 actes de procès dans la région de Trèves (examinés par Elisabeth Biesel[1]), il y a seulement une femme à reconnaître avoir frotté avec un onguent gras la fourche avant le départ en l'air. Et Michèle Plaut n'en a trouvé aucune parmi les 40 actes de procès ayant eu lieu en Savoie. De plus le transport au sabbat pouvait se faire sur un animal (bœuf, cochon, bouc noir, etc) et pour les riches sur le dos d'un domestique ou en carrosse. D'autre part, les recettes précises d'onguent sont extrêmement rares et quand elles existent, elles attestent de la prédominances de substances humaines ou animales. Pour Meurger, « des recettes comparables à celles de Cardan, Porta et Wier, n'apparaissent donc pas dans les comptes rendus d'interrogatoires que nous avons pu consulter…des références précises aux poisons végétaux nous apparaissent singulièrement absentes des mêmes procédures ». Pourtant les médecins de l'époque connaissaient parfaitement l'usage de l'aconit ou de la jusquiame. Si on a le témoignage de quelques sorcières utilisant des drogues hallucinogènes, le phénomène n'était pas généralisé et ne peut constituer une explication générale.

Bien que certaines sorcières aient pu consciemment passer des pactes avec le Diable, il n'y avait pas de cérémonie collective d'adoration. On n'a aucune preuve que les sorcières se réunissaient pour effectuer un culte du Diable[3].

Enfin, Christian Rätsch cite dans son ouvrage Les Plantes de l'amour une utilisation aphrodisiaque de la jusquiame au Moyen Âge, sous forme de fumigation des graines dans les établissements de bains[4].

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  1. a b c et d Nicole Jacques-Chaquin (dir.) et Maxime Préaud, Le Sabbat des sorciers XVe – XVIIe siècles, Éditions Jérôme Millon, .
  2. Thibaut Maus de Rolley, « La Part du diable : Jean Weir et la fabrique de l'illusion diabolique », Tracés Revue de Sciences humaines, vol. 8,‎ .
  3. (en) Brian P. Levack, The Witch-Hunt in Early Modern Europe, Pearson Longman, 1987, 2006.
  4. Christian Rätsch, Les Plantes de l'amour, Éditions du Lézard, .