Céphalée chronique quotidienne

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Les céphalées chroniques quotidiennes (ou CCQ) sont des céphalées initialement épisodiques (céphalées de tension ou migraines) qui ont évolué dans un contexte d'abus d'antalgiques[1],[2].

Diagnostic[modifier | modifier le code]

On parle de céphalées chroniques quotidiennes lorsque le patient souffre au moins 4 heures par jour, plus de 15 jours par mois depuis au minimum 3 mois. La plupart des patients se plaignent en fait de céphalées quasi quotidiennes, évoluant le plus souvent depuis plusieurs années (en moyenne 6 ans)[1]. La céphalée chronique quotidienne peut prendre plusieurs formes :

Épidémiologie[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'un problème majeur de santé publique, puisque l'on estime que 3 à 5 % de la population générale souffre de CCQ. En consultation spécialisée, 30 à 40 % des patients consultent pour des céphalées chroniques quotidiennes.

Physiopathologie[modifier | modifier le code]

Deux facteurs principaux sont à l'origine de la transformation de céphalées épisodiques en céphalées chroniques quotidiennes :

  • L'utilisation abusive de traitements antalgiques et/ou d'anti migraineuse de crise
  • Un facteur psychopathologique, notamment un évènement de vie à forte composante émotionnelle ou une comorbidité psychiatrique.

Le mécanisme de l'abus médicamenteux est le suivant : le patient a remarqué que le traitement est d'autant plus efficace que celui-ci est pris tôt dans la crise, le traitement enraye momentanément et de façon plus ou moins complète la céphalée, l'intervalle libre entre les crises se réduit, ce qui entraîne une augmentation de la prise médicamenteuse. Le patient se piège lui-même en prenant le traitement de manière quasi anticipatoire. Tous les médicaments peuvent être mis en cause, les plus souvent concernés sont cependant les médications en vente libre, notamment le Paracetamol.

Les critères IHS (International Headache Society) des céphalées définissent cet abus de médicaments de la façon suivante :

  • la prise médicamenteuse est régulière et dure depuis plus de 3 mois
  • elle est présente :
plus de 15 jours par mois pour les antalgiques non opioïdes (paracétamol, aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens - AINS),
plus de 10 jours par mois pour les autres traitements de crise (opioïdes, ergotés, triptans, spécialités antalgiques associant plusieurs principes actifs).

Traitement[modifier | modifier le code]

La prise en charge de ce type de céphalées est complexe et relève d'avis spécialisés de neurologues ou de médecins spécialisés dans la douleur. Le traitement consiste à arrêter la prise de médicaments contre la douleur. Cela nécessite un véritable sevrage, en milieu hospitalier ou ambulatoire[2]. La durée d'hospitalisation est d'environ cinq à dix jours. Un suivi médical spécialisé et pluridisciplinaire est indispensable[2].

Il est possible d'accompagner ce sevrage avec une prise d'antidépresseurs tricycliques, comme l'amitriptyline de 25 à 100mg/j en IV ou per os, ou du valproate de sodium[2]. Un suivi psychologique est à introduire pour lutter contre les comorbidités tels que l'anxiété, la dépression, un stress important...

Concernant la prise en charge des céphalées de rebonds, un traitement non médicamenteux doit être mis en place pour maintenir le sevrage. Si la céphalées n'est pas supportable sans traitement, il est possible de réutiliser un antimigraineux, entraînant une prolongation de la période de sevrage[2].


Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b ANAES (désormais HAS), « CCQ (Céphalées chroniques quotidiennes) : Diagnostic, Rôle de l’abus médicamenteux, Prise en charge - Synthèse » Accès libre [PDF], sur has-sante.fr, (consulté le )
  2. a b c d et e ANAES (désormais HAS), « CCQ (Céphalées chroniques quotidiennes) : Diagnostic, Rôle de l’abus médicamenteux, Prise en charge - Reccomendations » Accès libre [PDF], sur has-sante.fr, (consulté le )