Azam Taleghani

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Azam Taleghani (persan : اعظم طالقانی ; 1943 – 30 octobre 2019) est une femme politique et journaliste iranienne qui est à la tête de la Société des femmes de la révolution islamique d'Iran[1], rédactrice en chef de l'hebdomadaire Payam-e-Hajar et membre du parlement iranien[2].

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Née en Iran, elle est élevée dans une famille traditionnelle à Téhéran. Son père est l'ayatollah Mahmoud Taleghani, une des organisateurs de la Révolution iranienne qui se bat contre le pouvoir du Chah et considère que la modernisation du pays doit passer par l'Islam et non les valeurs occidentales[3]. Elle purge une peine de prison sous le régime Pahlavi[4] durant laquelle elle est torturée et violée[5]. En 1979, elle est l'une des premières femmes membre du parlement iranien et fonde la Jame'e Zanan Mosalman (Société des femmes musulmanes)[6] pour améliorer le statut des femmes en leur fournissant des cours de littérature et en les informant sur leurs droits[3]. Déçue par la tournure patriarchale prise par la révolution et l'effacement de la place des femmes dans celle-ci, elle dit : « la pauvreté et la polygamie sont les seules choses que les pauvres femmes ont obtenues de la Révolution »[3]. Elle est également l'éditrice du journal Payâm-e Hajar, une revue bimensuelle islamique sur les femmes et leurs droits[2] qui remet en cause la lecture très stricte des charia du gouvernement iranien[7]. Bien qu'elle promeut la place des femmes comme étant à la maison, la revue les considère comme égales aux hommes[3]. Elle est arrêtée en 2000[7]. En 2003, elle fait un sit-in devant la prison d'Evin pour protester contre les traitements subis par les prisonniers après la mort de la journaliste irano-canadienne Zahra Kazemi[1]. En 2004, elle est interdite de quitter le territoire iranien par le gouvernement[8].

Ses idéaux politiques épousent une « forme progressiste d’islamisme révolutionnaire »[9]. Elle est connue pour être la première femme à avoir présenté sa candidature aux élections présidentielles iraniennes en 1997[7]. Cette année-là, parmi les 138 personnes qui se portent candidats, 9 sont des femmes[10]. Bien qu'elle soit à chaque fois refusée par le Conseil des gardiens de la Constitution, son geste a permis de mettre la lumière sur cette discrimination d'État où aucune femme ne peut concourir à la présidence[7]. Elle raconte : « Les femmes représentent 50 % de la population iranienne, donc le pays mérite au moins une femme candidate. »[7]. En 2017, alors âgée de 73 ans, elle pose sa cinquième et dernière candidature[7],[11].

Elle meurt le à l'hôpital Pars l'âge de 76 ans à la suite d'un problème au cerveau[6]. Elle est enterrée au Behesht-e Zahra à Téhéran aux côtés de son père[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Iran: Sit-in by Azam Taleghani in front of Evin prison », Payvand,‎ (lire en ligne [archive du ]).
  2. a et b (fa) Pūrān Farruḫzād, Kārnamā-i zanān-i kārā-i Īrān: az dīrūz tā imrūz, Našr-i Qaṭra, coll. « Silsila-i intišārāt-i Našr-i Qaṭra Hunar wa adabīyāt-i Īrān », (ISBN 978-964-341-116-9), p. 533
  3. a b c et d (en) Fatima Aslam, Pushing Boundaries: Islamic Feminism in Iran, Columbia University Graduate School of Arts & Sciences, (lire en ligne), p. 17-21
  4. « رادیو زمانه | رادیو همایش | اندیشمندان معاصر | همایش یکصدمین سال تولد مهندس بازرگان », sur radiozamaaneh.com (consulté le )
  5. (en-US) « Iranian Women Foresee More Battles With Moslem Clergy », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  6. a b et c (en) « Funeral held for Azam Taleghani », sur Tehran Times, (consulté le )
  7. a b c d e et f (en) Golnaz Esfandiari, « No Woman Has Ever Run For Iranian President. Will Azam Taleghani Be The First? », RadioFreeEurope/RadioLiberty,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « Iran: Activists and human rights defenders under attack », sur Amnesty International, (consulté le )
  9. (en-US) Arash Azizi, « Azam Taleghani, Defiant Would-Be President of Iran, Dies at 76 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  10. Fariba Adelkhah, « La question féminine, angle mort de la démocratie islamique en Iran », Politix. Revue des sciences sociales du politique, vol. 13, no 51,‎ , p. 143–161 (DOI 10.3406/polix.2000.1107, lire en ligne, consulté le )
  11. (ar) « اعظم طالقانی کاندیدای جدید ریاست جمهوری » [archive du ] (consulté le )