Affaire Pierre-Étienne Albert

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Affaire Pierre-Étienne Albert
Fait reproché Pédophilie
Pays Drapeau de la France France
Date entre 1985 et 2000
Nombre de victimes 39 (non compris celles dont les faits sont prescrits)
Jugement
Statut cinq ans de prison ferme
Date du jugement décembre 2011 et octobre 2015
Recours Non

L'affaire Pierre-Étienne Albert est une affaire judiciaire mettant en cause Pierre-Étienne Albert, membre de la communauté des Béatitudes, accusé d'avoir agressé sexuellement 39 enfants entre 1985 et 2000. Celui-ci reconnait l'ensemble des agressions sexuelles et donne le nom d'autres victimes pour lesquelles le tribunal ne peut statuer car les faits sont prescrits.

Il est condamné à 5 ans de prison en décembre 2011 dans un premier jugement concernant 38 enfants et à 3 mois dans un deuxième jugement, en 2015, pour une agression sur une jeune fille de 12 ans.

Historique[modifier | modifier le code]

Pierre-Étienne Albert est entré dans la communauté des Béatitudes à l'âge de 25 ans[1]. Cette communauté catholique est née en France en 1973. Elle rassemble des sœurs et des frères consacrés, dont des prêtres, ainsi que des fidèles laïcs (célibataires, couples et diacres permanents) partageant offices liturgiques, vie fraternelle et mission. Compositeur de chants et de musiques pour la communauté, Pierre-Étienne Albert l'occasion de se déplacer dans les différents centres de la communauté[1].

Une première plainte est déposée à Avranches, en 2001, à la suite d’un signalement de l'aide sociale à l'enfance. L’instruction conduit à un non-lieu pour prescription concernant une victime et incompétence territoriale pour une quinzaine d'autres victimes[2].

Abbaye Notre-Dame de Bonnecombe.

Murielle Gauthier intègre la communauté des Béatitudes, avec sa famille, en 2000, au sein de l'Abbaye Notre-Dame de Bonnecombe à Comps-la-Grand-Ville située dans l'Aveyron. Côtoyant le frère Pierre-Étienne Albert, elle se doute de son comportement à l'égard des enfants et lui demande de se confier. Ce qu'il fait rapidement en relatant, par écrit, ses agressions et le nom des victimes. En août 2007, elle contacte le procureur d'Albi pour l'informer des agissements du frère[3]. À la suite de cette dénonciation, la communauté se scinde à l'abbaye Notre-Dame de Bonnecombe, Murielle et quelques proches ont dénoncé, outre les agressions du frère pédophile, des dérives sectaires de la communauté des Béatitudes. Se sentant mis à l'écart par la communauté, ils donnent leur démission de celle-ci en 2009[4].

En février 2008, Pierre-Étienne Albert reconnaît publiquement, dans l'émission Devoir d'enquête diffusée sur la Radio-télévision belge de la Communauté française, avoir abusé sexuellement de plusieurs enfants : « Je l'ai fait pour les victimes, pour mes victimes pour qu'elles soient reconnues comme victimes mais aussi pour la paix de ma conscience »[5].

Pierre-Étienne Albert est mis en examen le 5 février 2008[6]. Pendant son procès en 2011, il indique avoir abusé sexuellement de 57 enfants dont il donne les noms. Il reconnaît des attouchements, des caresses et des baisers[1]. Toutefois, certains faits étant prescrits, il est jugé « seulement » pour 38 agressions sexuelles sur des enfants, filles et garçons, âgés de 5 à 14 ans, entre 1985 et 2000[7].

La connaissance des agressions par les responsables de la communauté est évoquée lors du procès. Pierre-Étienne Albert indique s'être confié à eux. Or ces derniers, Gérard Croissant, Philippe Madre, Fernand Sanchez et François-Xavier Wallays, n'ont pas dénoncé les faits à la justice. Le président du tribunal, s'exprimant sur leurs témoignages, évoque un « festival de la patate chaude ». Mais ils ne sont pas poursuivis pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles les faits étant prescrits les concernant[2],[8],[9].

En octobre 2015, Pierre-Étienne Albert comparait de nouveau devant la justice. Une nouvelle victime s'est fait connaître. Elle indique avoir été agressée par le frère alors qu'elle avait 12 ans en 1996. Pierre-Étienne Albert reconnaît les faits : « ce que j'ai fait est monstrueux ». Il est condamné à trois mois de prison avec confusion des peines. Par ailleurs, il doit dédommager la victime à hauteur de 2 000 euros[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Le frère pédophile assume ses fautes, ses anciens supérieurs se défaussent », sur Le Point, (consulté le )
  2. a et b Anne-Bénédicte Hoffner, « Cinq ans de prison pour Pierre-Étienne Albert », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  3. « Murielle Gauthier, confidente de pédophile, cas de conscience de l'Eglise », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  4. « Comps-la-Grand-Ville. Bonnecombe : « Nous quittons la communauté des Béatitudes » », sur ladepeche.fr, (consulté le )
  5. Cécile Bouniton, « Confessions pédophiles d'un religieux dans Devoir d'enquête », sur RTBF, (consulté le )
  6. Christian Terras, « Après les dérives sectaires, les affaires de pédophilie ! », sur Éditions Golias, (consulté le )
  7. « Communauté des Béatitudes: peine définitive de 5 ans de prison pour le religieux pédophile », sur L'Obs, (consulté le )
  8. Ondine Millot, « «Monsieur Papouille» et son péché peu secret », sur Libération, (consulté le )
  9. « Béatitudes. Le frère pédophile : "J'étais comme le renard dans le poulailler" », sur Le Telegramme, (consulté le )
  10. Océane Laparade, « Rodez. Pierre-Etienne Albert à nouveau devant la justice », sur ladepeche.fr, (consulté le )

À voir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Solweig Ely, Le silence et la honte, Éditions Michel Lafon, , 264 p..
  • Daphné Gastaldi, Mathieu Martinière et Mathieu Périsse, Église, la mécanique du silence, Lattès, , 374 p. (ISBN 978-2-7096-5938-3)

Articles connexes[modifier | modifier le code]