Émeutes de 1893 au Quartier latin

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Les émeutes de 1893 au Quartier latin sont trois journées d'échauffourée qui ont opposé les étudiants à la police parisienne les 2, 3 et . Elles furent provoquées par la mort d'un homme de 23 ans, Antoine Nuger, lors de la dispersion d'une manifestation. Le siège de la préfecture de police dans la nuit du 3 au fit des centaines de blessés. Le préfet Lozé démissionna le .

Origine[modifier | modifier le code]

Le bal des Quat'z'Arts[modifier | modifier le code]

L'origine des évènements est la deuxième édition du bal des Quat'z'Arts, organisée le . Parmi les animations, un tableau vivant figurait Cléopâtre (incarnée par Sarah Brown) et ses suivantes, fort peu vêtues[1]. René Bérenger, président de la Ligue de Défense de la Morale, dénonça ce « fait d'une gravité extrême et d'une inadmissible impudeur… » et fit poursuivre en justice les organisateurs du bal[1].

Le procès[modifier | modifier le code]

L'affaire fut jugée le au tribunal correctionnel de la Seine. Les accusés soutinrent que les tenues n'avaient rien d'indécent et que de plus il s'agissait d'une soirée privée[2]. Cinq personnes furent condamnées à des amendes et à de la prison avec sursis[1].

Escalade[modifier | modifier le code]

Manifestation du 1er juillet[modifier | modifier le code]

Antoine Nuger (La France illustrée, 15 juillet 1893)

À la suite du procès, une manifestation de protestation fut organisée par les étudiants le 1er juillet après-midi au Quartier latin. Alors qu'elle était déjà dispersée, les policiers prirent position en début de soirée sur le boulevard Saint-Michel, et chargèrent sans sommation les passants[1]. Antoine Nuger, un employé de commerce qui prenait un verre au Café Harcourt, est tué dans la bagarre[3].

Emeutes et barricades[modifier | modifier le code]

Le quartier Latin fut pendant plusieurs jours le théâtre d'émeutes[4], avec omnibus renversés, kiosques incendiés, barricades.

Siège de la préfecture[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 3 au , le siège de la préfecture de police fit des centaines de blessés[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Madeleine Rebérioux (dir.) et Jean-Marc Berlière, Fourmies et les premier mai, Editions de l'Atelier, , 460 p. (ISBN 978-2-7082-3077-4, lire en ligne), « Aux origines d'une conception moderne du maintien de l'ordre », p. 198
  2. « Tribunal correctionnel de la Seine », Le Matin,‎ (lire en ligne)
  3. a et b Madeleine Rebérioux (dir.) et Jean-Marc Berlière, Fourmies et les premier mai, Editions de l'Atelier, , 460 p. (ISBN 978-2-7082-3077-4, lire en ligne), « Aux origines d'une conception moderne du maintien de l'ordre », p. 189
  4. « L'émeute au quartier latin », Le Figaro,‎ (lire en ligne)