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Les mécanismes sous-jacents au transport axoplasmique sont encore imparfaitement connus mais ils s'appuient vraisemblablement sur les [[microtubule]]s et les [[Protéine motrice|protéines motrices]], [[kinésine]] et [[dynéine]], s'agissant des flux rapides tandis que les flux lents reposent sur la contribution de mécanismes multiples (transport actif, diffusion, renouvellement et croissance cytoarchitectonique).
Les mécanismes sous-jacents au transport axoplasmique sont encore imparfaitement connus mais ils s'appuient vraisemblablement sur les [[microtubule]]s et les [[Protéine motrice|protéines motrices]], [[kinésine]] et [[dynéine]], s'agissant des flux rapides tandis que les flux lents reposent sur la contribution de mécanismes multiples (transport actif, diffusion, renouvellement et croissance cytoarchitectonique).


Ce flux permet la régénérescence de neurones sectionnés, et c'est d'ailleurs cette observation qui a conduit à sa découverte<ref>{{Lien PMID|49329}}</ref>
Ce flux permet la régénérescence de neurones sectionnés, et c'est d'ailleurs cette observation qui a conduit à sa découverte<ref>{{Lien PMID|49329}}</ref>.

[[Fichier:Cytoplasmic dynein.svg|vignette|La [[dynéine]], protéine motrice assurant le axonal transport rétrograde, achemine les vésicules et autres produits cellulaires vers le soma des neurones. Une chaîne chimique légère enserre les produits, tandis que la tête de la protéine s'accroche sur un [[microtubule]], "rampant" le long.]]

Le transport vers la soma est qualifié de « rétrograde », et celui vers les [[synapse]]s « transport antérograde<ref name="Karp">{{ouvrage | auteurs = G. Karp, P. van der Geer |titre=Cell and molecular biology: concepts and experiments | url = https://archive.org/details/cellmolecularbio04edkarp |éditeur=John Wiley |isbn=978-0-471-46580-5 |publi=4e | page = [https://archive.org/details/cellmolecularbio04edkarp/page/344 344] }}</ref>{{,}}<ref name="Bear et al">{{ouvrage| nom1 =M.F. Bear| nom2= B.W. Connors| nom3 = M.A. Paradso |titre=Neuroscience : exploring the brain | url = https://archive.org/details/neuroscienceexpl00mark|éditeur=Lippincott Williams & Wilkins |isbn=978-0-7817-6003-4 |publi=3e | passage = 41|année=2007 }}</ref>. »

==Mécanisme physico-chimique==
[[Fichier:Kinesin_walking.gif|vignette|Animation illustrant la progression d'une molécule de [[kinésine]] le long d'un [[microtubule]]. Cette [[nanomachine]] exploitant les lois de la dynamique à l'échelle microscopique.]]
La grande majorité des protéines axonales sont synthétisées dans le soma neuronal puis acheminées le long des axones. On a pu mettre en évidence quelques formes de [[traduction génétique]] au sein des axones<ref name="Giustetto">{{article | auteurs = M. Giustetto, A.N. Hegde, K. Si, A. Casadio, K. Inokuchi, W. Pei, E.R. Kandel, J.H. Schwartz | titre = Axonal transport of eukaryotic translation elongation factor 1alpha mRNA couples transcription in the nucleus to long-term facilitation at the synapse | périodique = Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America | volume = 100 | numéro= 23 | pages = 13680–5 | date = novembre 2003 | pmid = 14578450 | pmc = 263873 | doi = 10.1073/pnas.1835674100 | bibcode = 2003PNAS..10013680G }}</ref>{{,}}<ref name="Si">{{article | auteurs = K. Si, M. Giustetto, A. Etkin , R. Hsu , |et al=oui | titre = A neuronal isoform of CPEB regulates local protein synthesis and stabilizes synapse-specific long-term facilitation in aplysia | journal = Cell | volume = 115 | numéro = 7 | pages = 893–904 | date = décembre 2003 | pmid = 14697206 | doi = 10.1016/s0092-8674(03)01021-3 | s2cid = 15552012 | doi-access = free }}</ref>. Le transport axonal intervient tout au long de la vie d'un neurone et joue un rôle essentiel dans sa croissance et sa persistance. Les protéines de structure du cytosquelette sont acheminées le long de [[microtubule]]s (en [[tubuline]]) qui ceinture les axones. Les vecteurs de ces protéines sont la [[kinésine]] et la [[dynéine]], [[protéine motrice]]s qui progressent dans le sens antérograde (depuis le [[soma]] vers la pointe de l'axone) et rétrograde (retour au soma), respectivement. Ces protéines motrices assurent aussi bien le transport des [[mitochondrie]]s, des [[polymère]]s du [[cytosquelette]], des [[autophagosome]]s que des [[vésicule synaptique]]s, qu contienne les [[neurotransmetteur]]s.

Le transport axonal connaît un mode lent et un mode rapide ; il peut être antérograde (lorsque l'on s'éloigne du soma cellulaire) ou rétrograde (de l'axone vers le soma).

== Mode lent et mode rapide ==
Les vésicules se déplacent relativement vite (50–{{unité|400|mm/jour}}), tandis que le transport des protéines solubles (cytosolique) et de structure est beaucoup plus lent (moins de {{unité|8|mm/jour}}<ref>{{article|nom1=Maday|prénom1=Sandra|nom2=Twelvetrees|prénom2=Alison E.|nom3=Moughamian|prénom3=Armen J.|nom4=Holzbaur|prénom4=Erika L.F.|date=octobre 2014|titre=Axonal Transport: Cargo-Specific Mechanisms of Motility and Regulation|périodique= Neuron|langue=en |volume=84|numéro=2 |pages=292–309 |doi=10.1016/j.neuron.2014.10.019 |pmc=4269290|pmid=25374356}}</ref>). Si le mécanisme de base du transport axonal rapide est connu depuis des décennies, le mécanisme du transport axonal lent n'a été élucidé que récemment, grâce aux techniques de pointe de l'[[imagerie médicale]]<ref name="Roy"/>. Les techniques de [[sonde fluorescente]] (par ex. la [[microscopie à fluorescence]]) ont permis de visualiser le transport dans des neurones vivants.

Des études récentes ont montré que la lenteur du mouvement des protéines de structure tien en fait à son caractère saccadé. Ce mécanisme dit de ''stop and go'' a été particulièrement étudié<ref name="Brown">{{article|auteurs = A. Brown | titre = Axonal transport of membranous and nonmembranous cargoes: a unified perspective | journal = The Journal of Cell Biology | volume = 160 |numér = 6 | pages = 817–21 | date = mars 2003 | pmid = 12642609 | pmc = 2173776 | doi = 10.1083/jcb.200212017 }}</ref> pour les polymères de structure du neurofilament. Le mouvement des nutriments solubles (cytosoliques) est plus complexe encore, mais semble de même nature : les protéines solubles se combinent en protéines complexes qui s'associent sporadiquement aux autres protéines cheminant par le canal axonal « rapide<ref name="Scott, D">{{article|auteurs= Scott DA, Das U, Tang Y, Roy S | titre = Mechanistic logic underlying the axonal transport of cytosolic proteins | journal = Neuron | volume = 70 | issue = 3 | pages = 441–54 | date = May 2011 | pmid = 21555071 | pmc = 3096075 | doi = 10.1016/j.neuron.2011.03.022 }}</ref>{{,}}<ref name="Roy, S">{{article|auteurs=S. Roy , M.J. Winton , M.M. Black , J.Q. Trojanowski , V.M. Lee | titre = Rapid and intermittent cotransport of slow component-b proteins | journal = The Journal of Neuroscience | volume = 27 |numéro= 12 | pages = 3131–8 | date = mars 2007 | pmid = 17376974 | pmc = 6672457 | doi = 10.1523/JNEUROSCI.4999-06.2007}}</ref>{{,}}<ref>{{article|nom=Kouznetsov|prénom=Andreï V. |titre=Analytical solution of equations describing slow axonal transport based on the stop-and-go hypothesis|journal=Central European Journal of Physics|year=2011|volume=9|numéro=3|pages=662–673|doi=10.2478/s11534-010-0066-0|bibcode=2011CEJPh...9..662K }}</ref>. »

== Transport anterograde ==
Le transport antérograde (ou "orthograde") désigne le fulx des molécules ou organites du [[soma]] vers les [[synapse]] ou la [[membrane plasmique]].

Le mouvement antérograde (lent ou rapide) des [[Vésicule de transport|vésicules de transport]] le long the [[microtubule]] est assuré par les [[kinésine]]s<ref name="Bear et al"/>{{,}}<ref name="Oztas"/>. Le mode lent fait intervenir des kinesines de différents types<ref name="Roy"/> ; mais le mécanisme qui déclenche les interruptions du transit demeure inconnu.

Il y a deux catégories de transport antérograde lent : la composante lente a (SCa) achemine microtubules et [[neurofilament]]s à 0.1-{{unité|1|mm/jour}}, et la composante b (SCb) qui transporte plus de 200 protéines diverses et l'[[actine]] à la vitesse de {{unité|6|mm/jour}}<ref name="Roy"/>. Le transport de l'actine dans les axones de la rétine a lieu à 2-{{unité|3|mm/jour}}.

Lorsqu'il sort de sa période de latence, l'[[herpès]] entame son [[cycle lytique]], et exploite les mécanismes de transport antérograde pour migrer des neurones du [[ganglion spinal]] vers la chair ou muqueuse qu'il va contaminer<ref>{{article |auteurs =D.J. Holland, M. Miranda-Saksena, R.A. Boadle, P. Armati, A.L. Cunningham | titre = Anterograde transport of herpes simplex virus proteins in axons of peripheral human fetal neurons: an immunoelectron microscopy study | périodique = Journal of Virology | volume = 73 | numéro = 10 | pages = 8503–11 | date = octobre 1999 | doi = 10.1128/JVI.73.10.8503-8511.1999 | pmid = 10482603 | pmc = 112870 }}</ref>.

La [[protéine précurseur de l'amyloïde]] (APP), apparentée à celle qui occasionne les plaques séniles de la maladie d'Alzheimer<ref>{{article| auteurs =P. Satpute-Krishnan , J.A. DeGiorgis , M.P. Conley , M. Jang , E.L. Bearer | titre = A peptide zipcode sufficient for anterograde transport within amyloid precursor protein | journal = Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America | volume = 103 |numéro = 44 | pages = 16532–7 | date = octobre 2006 | pmid = 17062754 | pmc = 1621108 | doi = 10.1073/pnas.0607527103 | bibcode = 2006PNAS..10316532S }}</ref>, est un récepteur des kinésines, protéines motrices du transport antérograde. Un peptide à 15 acides aminés fixé sur le radical carboxyl cytoplasmique de l'APP fixe la kinésine-1 et permet le transport de transmetteurs exogènes dans l'[[axone géant]] du calmar<ref>{{article | auteurs = Seamster PE, Loewenberg M, Pascal J, Chauviere A, Gonzales A, Cristini V, Bearer EL | titre = Quantitative measurements and modeling of cargo-motor interactions during fast transport in the living axon | périodique = Physical Biology | volume = 9 | numéro= 5 | pages = 055005 | date = October 2012 | pmid = 23011729 | pmc = 3625656 | doi = 10.1088/1478-3975/9/5/055005 | bibcode = 2012PhBio...9e5005S }}</ref>.

Le traceur au manganèse, un [[produit de contraste]] pour la [[Imagerie par résonance magnétique# Relaxation longitudinale (T1)|relaxation longitudinale (T1)]], inventé par Robia Pautler, [[Elaine Bearer]] and Russ Jacobs, une fois introduit par injection stéréotactique dans le cerveau d'animaux de laboratoire, migre par transport antérograde et permet de visualiser [[in vivo]] le réseau de l'ensemble des neurones.

==Conséquences d'une discontinuité==
À chaque fois que le transport axonal est gêné ou interrompu, une pathologie se déclenche, formant un amas d'axoplasme appelé '''sphéroïde axonal'''. Le transport axonal pouvant être affecté d'une multitude de façons, on retrouve ces sphéroïdes axonaux dans différentes classes de maladies : génétiques, traumatiques, ischémiques, infectieuses, dégénératives ; dans les empoisonnements et les [[leucoencéphalite]]s. Plusieurs [[maladie neurodégénérative]]s rares résultent de [[mutation génétique|mutations génétiques]] des protéines motrices, kinésine et dynéine, de sorte qu'il est probable que le transport axonal joue un rôle essentiel dans le développement de la maladie<ref>{{article| auteurs =S. Maday, A.E. Twelvetrees, A.J. Moughamian , E.L. Holzbaur | titre = Axonal transport: cargo-specific mechanisms of motility and regulation |périodique = Neuron | volume = 84 | numéro = 2 | pages = 292–309 | date = octobre 2014 | pmid = 25374356 | pmc = 4269290 | doi = 10.1016/j.neuron.2014.10.019 }}</ref>{{,}}<ref>{{article | auteurs = Sleigh JN, Rossor AM, Fellows AD, Tosolini AP, Schiavo G | titre = Axonal transport and neurological disease | journal = Nat Rev Neurol | volume = 15 | numéro= 12 | pages = 691–703 | date = décembre 2019 | pmid = 31558780| doi = 10.1038/s41582-019-0257-2 | s2cid = 203437348 | url = https://discovery.ucl.ac.uk/id/eprint/10083572/ }}</ref>. Les dysfonctionnements du transport axonal seraient à l'origine des formes sporadiques (courantes) des troubles neurodégénératifs comme la [[maladie d'Alzheimer]] et la [[maladie de Parkinson]]<ref name="Roy">{{article| auteurs= S. Roy , B. Zhang , V.M. Lee , J.Q. Trojanowski | titre = Axonal transport defects: a common theme in neurodegenerative diseases | journal = Acta Neuropathologica | volume = 109 |numéro= 1 | pages = 5–13 | date = janvier 2005 | pmid = 15645263 | doi = 10.1007/s00401-004-0952-x | s2cid = 11635065 }}</ref> : on l'a déduit de la présence systématique de gros globules axonaux dans les neurones contaminés, et du fait que les gènes intervenant dans les formes héréditaires de ces maladies influent sur le transport axonal normal ; on n'en a toutefois aucune preuve directe, et d'autres mécanismes (comme une intoxication des synapses) seraient plus craisemblables.

Dans les rétinopathies vasculaires, c'est l'arrêt du flux axoplasmique à la surface des aires ischémiques qui produit une dilatation des fibres nerveuses entraînant une exsudation ou un foisonnement des fibres.

Dans la mesure où un axone est alimenté en protéines vitales et polymères de construction par le transport axoplasmique, les lésions telle la [[lésion axonale diffuse]] vont déclencher un processus de [[dégénérescence wallérienne]] chez l'axone [[Système de référence en anatomie#Qualificatifs d'orientation|distal]]. La [[chimiothérapie]], en altérant les microtubules (qui sont nécessaires à la [[mitose|division cellulaire]]) endommage les nerfs en affectant le transport axonal.

== Dans les infections ==
Le [[virus de la rage]] contamine le système nerveux central par flux axoplasmique rétrograde<ref name="Mitrabhakdi">{{article| auteurs =E. Mitrabhakdi, S. Shuangshoti, P. Wannakrairot, R.A. Lewis, K. Susuki, J. Laothamatas, T. Hemachudha | titre = Difference in neuropathogenetic mechanisms in human furious and paralytic rabies | journal = Journal of the Neurological Sciences | volume = 238 | numéro = 1–2 | pages = 3–10 | date = novembre 2005 | pmid = 16226769 | doi = 10.1016/j.jns.2005.05.004 | s2cid = 25509462 }}</ref>. La neurotoxine du tétanos est métabolisée à la [[jonction neuromusculaire]] en se combinant à la protéine [[nidogène]] et est rétro-induite vers le soma par les endosomes transmetteurs<ref>{{article | auteurs=K. Bercsenyi, N. Schmieg, J.B. Bryson |et al=oui | titre = Tetanus toxin entry. Nidogens are therapeutic targets for the prevention of tetanus |périodique = Science | volume = 346 | numéro = 6213 | pages = 1118–23 | date = novembre 2014 | pmid = 25430769 | doi = 10.1126/science.1258138 | s2cid = 206560426 | url = http://discovery.ucl.ac.uk/1464360/1/Kinga%20Bercsenyi_Thesis%20final.pdf }}</ref>. Les virus neurotropes, comme ceux de l’herpès, cheminent à l'intérieur des axones par transport cellulaire, comme l'a montré l'équipe d'Elaine Bearer<ref>{{article | auteurs = Satpute-Krishnan P, DeGiorgis JA, Bearer EL | titre = Fast anterograde transport of herpes simplex virus: role for the amyloid precursor protein of alzheimer's disease |périodique = Aging Cell | volume = 2 |numéro = 6 | pages = 305–18 | date = décembre 2003 | pmid = 14677633 | pmc = 3622731 | doi = 10.1046/j.1474-9728.2003.00069.x }}</ref>{{,}}<ref>{{article | auteurs = Cheng SB, Ferland P, Webster P, Bearer EL | title = Herpes simplex virus dances with amyloid precursor protein while exiting the cell |périodique= PLOS ONE | volume = 6 |numéro = 3 | pages = e17966 | date = March 2011 | pmid = 21483850 | pmc = 3069030 | doi = 10.1371/journal.pone.0017966 | bibcode = 2011PLoSO...617966C }}</ref>. On suspecte d'autres agents infectieux de progresser par transport axonal<ref>{{article | auteurs = Bearer EL, Satpute-Krishnan P | titre = The role of the cytoskeleton in the life cycle of viruses and intracellular bacteria: tracks, motors, and polymerization machines | périodique = Current Drug Targets. Infectious Disorders | volume = 2 | numéro = 3 | pages = 247–64 | date = September 2002 | pmid = 12462128 | pmc = 3616324 | doi=10.2174/1568005023342407}}</ref>, et de contribuer à déclencher la maladie d'Alzheimer et d'autre maladies dégénératives<ref>{{article | auteurs = R.F. Itzhaki, R. Lathe ,B.J. Balin |etal=oui |titre = Microbes and Alzheimer's Disease | périodique = Journal of Alzheimer's Disease | volume = 51 | numéro= 4 | pages = 979–84 | date = 2016 | pmid = 26967229 | pmc = 5457904 | doi = 10.3233/JAD-160152 }}</ref>{{,}}<ref>{{Cite journal|date=2010|title=No place like asphalt for these hardy microbes |journal=New Scientist |volume=206 |issue=2757 |pages=15 |doi=10.1016/s0262-4079(10)60991-8 }}</ref>.

== Voir également ==
*[[transport intraflagellaire]]


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 24 juillet 2021 à 09:43

Le flux axoplasmique ou transport axonal désigne le transport des macromolécules, et en particulier des protéines, le long de l'axone des neurones, soit dans le sens antérograde, du corps cellulaire vers la synapse, soit dans le sens inverse, dit rétrograde. Ce double flux directionnel a été mis en évidence en 1971 par Liliana Lubińska[1]. Suivant les mécanismes impliqués, ces flux peuvent être rapides (quelques microns par seconde) ou lents (environ cent fois moins vite).

L'essentiel des protéines, et notamment des protéines synaptiques, étant synthétisé au niveau du corps cellulaire, une partie de ces molécules doit donc être acheminée sur toute la longueur de l'axone pour pouvoir être utilisée dans la neurotransmission. Le flux axoplasmique permet par exemple de transporter jusqu'à la terminaison axonale, les vésicules synaptiques dont le contenu en neurotransmetteurs a été synthétisé au sein de l'appareil de Golgi.

Les mécanismes sous-jacents au transport axoplasmique sont encore imparfaitement connus mais ils s'appuient vraisemblablement sur les microtubules et les protéines motrices, kinésine et dynéine, s'agissant des flux rapides tandis que les flux lents reposent sur la contribution de mécanismes multiples (transport actif, diffusion, renouvellement et croissance cytoarchitectonique).

Ce flux permet la régénérescence de neurones sectionnés, et c'est d'ailleurs cette observation qui a conduit à sa découverte[2].

La dynéine, protéine motrice assurant le axonal transport rétrograde, achemine les vésicules et autres produits cellulaires vers le soma des neurones. Une chaîne chimique légère enserre les produits, tandis que la tête de la protéine s'accroche sur un microtubule, "rampant" le long.

Le transport vers la soma est qualifié de « rétrograde », et celui vers les synapses « transport antérograde[3],[4]. »

Mécanisme physico-chimique

Animation illustrant la progression d'une molécule de kinésine le long d'un microtubule. Cette nanomachine exploitant les lois de la dynamique à l'échelle microscopique.

La grande majorité des protéines axonales sont synthétisées dans le soma neuronal puis acheminées le long des axones. On a pu mettre en évidence quelques formes de traduction génétique au sein des axones[5],[6]. Le transport axonal intervient tout au long de la vie d'un neurone et joue un rôle essentiel dans sa croissance et sa persistance. Les protéines de structure du cytosquelette sont acheminées le long de microtubules (en tubuline) qui ceinture les axones. Les vecteurs de ces protéines sont la kinésine et la dynéine, protéine motrices qui progressent dans le sens antérograde (depuis le soma vers la pointe de l'axone) et rétrograde (retour au soma), respectivement. Ces protéines motrices assurent aussi bien le transport des mitochondries, des polymères du cytosquelette, des autophagosomes que des vésicule synaptiques, qu contienne les neurotransmetteurs.

Le transport axonal connaît un mode lent et un mode rapide ; il peut être antérograde (lorsque l'on s'éloigne du soma cellulaire) ou rétrograde (de l'axone vers le soma).

Mode lent et mode rapide

Les vésicules se déplacent relativement vite (50–400 mm/jour), tandis que le transport des protéines solubles (cytosolique) et de structure est beaucoup plus lent (moins de 8 mm/jour[7]). Si le mécanisme de base du transport axonal rapide est connu depuis des décennies, le mécanisme du transport axonal lent n'a été élucidé que récemment, grâce aux techniques de pointe de l'imagerie médicale[8]. Les techniques de sonde fluorescente (par ex. la microscopie à fluorescence) ont permis de visualiser le transport dans des neurones vivants.

Des études récentes ont montré que la lenteur du mouvement des protéines de structure tien en fait à son caractère saccadé. Ce mécanisme dit de stop and go a été particulièrement étudié[9] pour les polymères de structure du neurofilament. Le mouvement des nutriments solubles (cytosoliques) est plus complexe encore, mais semble de même nature : les protéines solubles se combinent en protéines complexes qui s'associent sporadiquement aux autres protéines cheminant par le canal axonal « rapide[10],[11],[12]. »

Transport anterograde

Le transport antérograde (ou "orthograde") désigne le fulx des molécules ou organites du soma vers les synapse ou la membrane plasmique.

Le mouvement antérograde (lent ou rapide) des vésicules de transport le long the microtubule est assuré par les kinésines[4],[13]. Le mode lent fait intervenir des kinesines de différents types[8] ; mais le mécanisme qui déclenche les interruptions du transit demeure inconnu.

Il y a deux catégories de transport antérograde lent : la composante lente a (SCa) achemine microtubules et neurofilaments à 0.1-1 mm/jour, et la composante b (SCb) qui transporte plus de 200 protéines diverses et l'actine à la vitesse de 6 mm/jour[8]. Le transport de l'actine dans les axones de la rétine a lieu à 2-3 mm/jour.

Lorsqu'il sort de sa période de latence, l'herpès entame son cycle lytique, et exploite les mécanismes de transport antérograde pour migrer des neurones du ganglion spinal vers la chair ou muqueuse qu'il va contaminer[14].

La protéine précurseur de l'amyloïde (APP), apparentée à celle qui occasionne les plaques séniles de la maladie d'Alzheimer[15], est un récepteur des kinésines, protéines motrices du transport antérograde. Un peptide à 15 acides aminés fixé sur le radical carboxyl cytoplasmique de l'APP fixe la kinésine-1 et permet le transport de transmetteurs exogènes dans l'axone géant du calmar[16].

Le traceur au manganèse, un produit de contraste pour la relaxation longitudinale (T1), inventé par Robia Pautler, Elaine Bearer and Russ Jacobs, une fois introduit par injection stéréotactique dans le cerveau d'animaux de laboratoire, migre par transport antérograde et permet de visualiser in vivo le réseau de l'ensemble des neurones.

Conséquences d'une discontinuité

À chaque fois que le transport axonal est gêné ou interrompu, une pathologie se déclenche, formant un amas d'axoplasme appelé sphéroïde axonal. Le transport axonal pouvant être affecté d'une multitude de façons, on retrouve ces sphéroïdes axonaux dans différentes classes de maladies : génétiques, traumatiques, ischémiques, infectieuses, dégénératives ; dans les empoisonnements et les leucoencéphalites. Plusieurs maladie neurodégénératives rares résultent de mutations génétiques des protéines motrices, kinésine et dynéine, de sorte qu'il est probable que le transport axonal joue un rôle essentiel dans le développement de la maladie[17],[18]. Les dysfonctionnements du transport axonal seraient à l'origine des formes sporadiques (courantes) des troubles neurodégénératifs comme la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson[8] : on l'a déduit de la présence systématique de gros globules axonaux dans les neurones contaminés, et du fait que les gènes intervenant dans les formes héréditaires de ces maladies influent sur le transport axonal normal ; on n'en a toutefois aucune preuve directe, et d'autres mécanismes (comme une intoxication des synapses) seraient plus craisemblables.

Dans les rétinopathies vasculaires, c'est l'arrêt du flux axoplasmique à la surface des aires ischémiques qui produit une dilatation des fibres nerveuses entraînant une exsudation ou un foisonnement des fibres.

Dans la mesure où un axone est alimenté en protéines vitales et polymères de construction par le transport axoplasmique, les lésions telle la lésion axonale diffuse vont déclencher un processus de dégénérescence wallérienne chez l'axone distal. La chimiothérapie, en altérant les microtubules (qui sont nécessaires à la division cellulaire) endommage les nerfs en affectant le transport axonal.

Dans les infections

Le virus de la rage contamine le système nerveux central par flux axoplasmique rétrograde[19]. La neurotoxine du tétanos est métabolisée à la jonction neuromusculaire en se combinant à la protéine nidogène et est rétro-induite vers le soma par les endosomes transmetteurs[20]. Les virus neurotropes, comme ceux de l’herpès, cheminent à l'intérieur des axones par transport cellulaire, comme l'a montré l'équipe d'Elaine Bearer[21],[22]. On suspecte d'autres agents infectieux de progresser par transport axonal[23], et de contribuer à déclencher la maladie d'Alzheimer et d'autre maladies dégénératives[24],[25].

Voir également

Notes et références

  1. (en) Lubińska L et Niemierko S., « Velocity and intensity of bidirectional migration of acetylcholinesterase in transected nerves. », Brain Res., vol. 27, no 2,‎ , p. 329-42 (PMID 4101562, DOI 10.1016/0006-8993(71)90258-7, lire en ligne, consulté le ) modifier
  2. (en) Lubińska L., « On axoplasmic flow. », Int Rev Neurobiol., vol. 17,‎ , p. 241-96 (PMID 49329, DOI 10.1016/s0074-7742(08)60211-1, lire en ligne, consulté le ) modifier
  3. G. Karp, P. van der Geer, Cell and molecular biology: concepts and experiments, John Wiley (réimpr. 4e) (ISBN 978-0-471-46580-5, lire en ligne), 344
  4. a et b M.F. Bear, B.W. Connors et M.A. Paradso, Neuroscience : exploring the brain, Lippincott Williams & Wilkins, (réimpr. 3e) (ISBN 978-0-7817-6003-4, lire en ligne), p. 41
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