« Traitements alternatifs de l'autisme » : différence entre les versions

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== Oppositions à la notion de « guérison » ==
== Oppositions à la notion de « guérison » ==
Des adultes autistes, en particulier ceux qui militent pour la [[neurodiversité]], considèrent l'autisme comme appartenant à leur identité, et non comme une maladie à guérir<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Steven K. |nom1=Kapp |prénom2=Kristen |nom2=Gillespie-Lynch |prénom3=Lauren E. |nom3=Sherman |prénom4=Ted |nom4=Hutman |titre=Deficit, difference, or both? Autism and neurodiversity. |périodique=Developmental Psychology |volume=49 |numéro=1 |date=2013 |issn=1939-0599 |issn2=0012-1649 |doi=10.1037/a0028353 |lire en ligne=http://doi.apa.org/getdoi.cfm?doi=10.1037/a0028353 |consulté le=2020-10-23 |pages=59–71 }}.</ref>. Cette position est moins fréquente chez les parents d'enfants autistes, bien qu'il existe aussi des parents sensibles au discours de la neurodiversité<ref>{{Article |langue=en |prénom1=M. Ariel |nom1=Cascio |titre=Neurodiversity: Autism Pride Among Mothers of Children with Autism Spectrum Disorders |périodique=Intellectual and Developmental Disabilities |volume=50 |numéro=3 |date=2012-06-01 |issn=1934-9491 |doi=10.1352/1934-9556-50.3.273 |lire en ligne=https://meridian.allenpress.com/idd/article/50/3/273/8674/Neurodiversity-Autism-Pride-Among-Mothers-of |consulté le=2020-10-23 |pages=273–283 }}.</ref>.
Des adultes autistes, en particulier ceux qui militent pour la [[neurodiversité]], considèrent l'autisme comme appartenant à leur identité, et non comme une maladie à guérir<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Steven K. |nom1=Kapp |prénom2=Kristen |nom2=Gillespie-Lynch |prénom3=Lauren E. |nom3=Sherman |prénom4=Ted |nom4=Hutman |titre=Deficit, difference, or both? Autism and neurodiversity. |périodique=Developmental Psychology |volume=49 |numéro=1 |date=2013 |issn=1939-0599 |issn2=0012-1649 |doi=10.1037/a0028353 |lire en ligne=http://doi.apa.org/getdoi.cfm?doi=10.1037/a0028353 |consulté le=2020-10-23 |pages=59–71 }}.</ref>. Ils rejoignent de façon plus large une revendication de démédicalisation du [[handicap]]<ref>{{Chapitre|langue=en|prénom1=Erika|nom1=Dyck|prénom2=Ginny|nom2=Russell|titre chapitre=Challenging Psychiatric Classification: Healthy Autistic Diversity and the Neurodiversity Movement|titre ouvrage=Healthy Minds in the Twentieth Century: In and Beyond the Asylum|éditeur=Springer International Publishing|collection=Mental Health in Historical Perspective|date=2020|isbn=978-3-030-27275-3|doi=10.1007/978-3-030-27275-3_8|lire en ligne=https://doi.org/10.1007/978-3-030-27275-3_8|consulté le=2020-10-23|passage=167–187}}.</ref>. Cette position est moins fréquente parmi les parents d'enfants autistes, bien qu'il existe aussi des parents sensibles au discours de la neurodiversité<ref>{{Article |langue=en |prénom1=M. Ariel |nom1=Cascio |titre=Neurodiversity: Autism Pride Among Mothers of Children with Autism Spectrum Disorders |périodique=Intellectual and Developmental Disabilities |volume=50 |numéro=3 |date=2012-06-01 |issn=1934-9491 |doi=10.1352/1934-9556-50.3.273 |lire en ligne=https://meridian.allenpress.com/idd/article/50/3/273/8674/Neurodiversity-Autism-Pride-Among-Mothers-of |consulté le=2020-10-23 |pages=273–283 }}.</ref>.


L'ouvrage ''Comprendre l'autisme pour les nuls'' rassemble des témoignages en ce sens (dont ceux de [[Donna Williams]] et de [[Temple Grandin]]), qui réfutent que la guérison de l'autisme soit un objectif souhaitable<ref name="Comp">{{Bibliographie|Q23679529|passage=Chap. « Sur l'utilité d'un traitement »}}.</ref>. Ils reconnaissent néanmoins que les personnes autistes les plus handicapées doivent recevoir un soutien, y compris de leurs pairs, pour accéder à une vie autonome<ref name="Comp"/>. [[Hugo Horiot]], parfois présenté comme ayant « guéri de l'autisme » dans les médias<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Astrid De |nom=Larminat |titre=Hugo Horiot, autoportrait d'un ancien autiste |url=https://www.lefigaro.fr/livres/2013/04/11/03005-20130411ARTFIG00522-hugo-horiot-autoportrait-d-un-ancien-autiste.php |site=Le Figaro.fr |date=2013-04-11 |consulté le=2020-10-23}}.</ref>, répond à ces allégations dans l'ouvrage ''[[Autisme : j'accuse !]]'', dans lequel il déclare que {{citation|nous devons subir les gourous et charlatans qui prétendent nous « guérir ». Ce jour-là, moi, autiste, j'ai des « bleus à l'âme »}} ; cet ouvrage cite par ailleurs [[Julie Dachez]], [[Daniel Tammet]] et [[Josef Schovanec]] parmi les adultes autistes opposés à cette notion de « guérison »<ref>{{Bibliographie|Q50821765}}.</ref>.
L'ouvrage ''Comprendre l'autisme pour les nuls'' rassemble des témoignages en ce sens (dont ceux de [[Donna Williams]] et de [[Temple Grandin]]), qui réfutent que la guérison de l'autisme soit un objectif souhaitable<ref name="Comp">{{Bibliographie|Q23679529|passage=Chap. « Sur l'utilité d'un traitement »}}.</ref>. Ils reconnaissent néanmoins que les personnes autistes les plus handicapées doivent recevoir un soutien, y compris de leurs pairs, pour accéder à une vie autonome<ref name="Comp"/>. [[Hugo Horiot]], parfois présenté comme ayant « guéri de l'autisme » dans les médias<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Astrid De |nom=Larminat |titre=Hugo Horiot, autoportrait d'un ancien autiste |url=https://www.lefigaro.fr/livres/2013/04/11/03005-20130411ARTFIG00522-hugo-horiot-autoportrait-d-un-ancien-autiste.php |site=Le Figaro.fr |date=2013-04-11 |consulté le=2020-10-23}}.</ref>, répond à ces allégations dans l'ouvrage ''[[Autisme : j'accuse !]]'', dans lequel il déclare que {{citation|nous devons subir les gourous et charlatans qui prétendent nous « guérir ». Ce jour-là, moi, autiste, j'ai des « bleus à l'âme »}} ; cet ouvrage cite par ailleurs [[Julie Dachez]], [[Daniel Tammet]] et [[Josef Schovanec]] parmi les adultes autistes opposés à cette notion de « guérison »<ref>{{Bibliographie|Q50821765}}.</ref>.

Version du 23 octobre 2020 à 11:24

La guérison de l'autisme est souvent évoquée dans des témoignages, ou des publications pseudoscientifique et du domaine des médecines alternatives. Cette possibilité est considérée comme peu probable au regard des connaissances de l'autisme.

Entre 3 et 25 % des personnes ayant reçu un diagnostic d'autisme dans l'enfance ne répondent plus aux critères diagnostiques à l'âge adulte, majoritairement parmi des personnes sans handicap mental associé. Ce constat peut recouvrir plusieurs réalités, telles qu'un mauvais diagnostic antérieur, ou un apprentissage des compétences sociales doublé d'un masquage des comportements autistiques.

La plupart des adultes autistes interrogés à ce sujet témoignent, non d'une « guérison » qu'ils jugent non-souhaitable, mais d'un masquage de leurs particularités de comportement.

Études

La notion de « guérison » de l'autisme a longtemps été considérée comme scientifiquement impossible, ou comme l'interprétation erronée d'un mauvais diagnostic antérieur. La Fédération québécoise de l'autisme estime ainsi, en 2016, que « l'autisme n'est pas une maladie » et qu'il est de ce fait erroné de parler de traitement ou de guérison[1]. D'après le Pr Laurent Mottron, des enfants privés de soins parentaux peuvent recevoir, à tort, un diagnostic d'autisme, puis être déclarés « guéris » après avoir reçu des conditions d'existence plus favorables ; la problématique porte alors moins sur cette notion de « guérison de l'autisme » que sur le mauvais diagnostic antérieur[2].

En 2008, Molly Helt et ses collègues déterminent qu'entre 3 et 25 % des enfants diagnostiqués comme autistes ne répondent plus aux critères de ce même diagnostic à l'âge adulte[3].

En janvier 2013, une étude de l'Université du Connecticut détermine que 34 jeunes qui avaient reçu un diagnostic d'autisme fiable durant l'enfance ont par la suite quitté les critères diagnostiques[4]. La chercheuse Deborah Fein explique cependant dans la presse qu'il reste impossible de prévoir quels enfants quitteront ces critères de diagnostic ; en particulier, l'application de l'ABA n'est guère prédictive à cet égard[5].

En mai 2013, une étude du Weill Cornell Medical College, menée sur l'évolution de 85 enfants autistes suivis pendant 20 ans, montre que 9 % de ces enfants ne rencontrent plus les critères diagnostics à l'âge adulte, la plupart du temps parmi ceux qui ont été diagnostiqués sans handicap mental associé[6].

Dérives et pseudo-médecines

La promesse de « guérir l'autisme » génère une abondante commercialisation de « remèdes » charlatanesques, tels que le MMS (de l'eau de Javel)[7], le protocole médicamentaux Chronimed (des antifongiques et antiparasitaires), la chélation des métaux lourds[8], ou encore le protocole CEASE[9].

L'existence d'ouvrages qui promeuvent ces remèdes charlatanesques, ayant conduit pour certains d'entre eux à la mort d'enfants autistes au prétexte de les « guérir », a poussé la plate-forme de commerce Amazon à retirer de la vente deux ouvrages incriminés[10].

Oppositions à la notion de « guérison »

Des adultes autistes, en particulier ceux qui militent pour la neurodiversité, considèrent l'autisme comme appartenant à leur identité, et non comme une maladie à guérir[11]. Ils rejoignent de façon plus large une revendication de démédicalisation du handicap[12]. Cette position est moins fréquente parmi les parents d'enfants autistes, bien qu'il existe aussi des parents sensibles au discours de la neurodiversité[13].

L'ouvrage Comprendre l'autisme pour les nuls rassemble des témoignages en ce sens (dont ceux de Donna Williams et de Temple Grandin), qui réfutent que la guérison de l'autisme soit un objectif souhaitable[14]. Ils reconnaissent néanmoins que les personnes autistes les plus handicapées doivent recevoir un soutien, y compris de leurs pairs, pour accéder à une vie autonome[14]. Hugo Horiot, parfois présenté comme ayant « guéri de l'autisme » dans les médias[15], répond à ces allégations dans l'ouvrage Autisme : j'accuse !, dans lequel il déclare que « nous devons subir les gourous et charlatans qui prétendent nous « guérir ». Ce jour-là, moi, autiste, j'ai des « bleus à l'âme » » ; cet ouvrage cite par ailleurs Julie Dachez, Daniel Tammet et Josef Schovanec parmi les adultes autistes opposés à cette notion de « guérison »[16].

Notes et référénces

  1. « Guérir l’autisme? | Fédération québécoise de l'autisme », sur www.autisme.qc.ca (consulté le ).
  2. Laurent Mottron, L'autisme, une autre intelligence : diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle, Mardaga, (ISBN 2-87009-869-3 et 978-2-87009-869-1, OCLC 300268666, lire en ligne), p. 43.
  3. (en) Molly Helt, Elizabeth Kelley, Marcel Kinsbourne et Juhi Pandey, « Can Children with Autism Recover? If So, How? », Neuropsychology Review, vol. 18, no 4,‎ , p. 339–366 (ISSN 1040-7308 et 1573-6660, DOI 10.1007/s11065-008-9075-9, lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Deborah Fein, Marianne Barton, Inge-Marie Eigsti et Elizabeth Kelley, « Optimal outcome in individuals with a history of autism », Journal of Child Psychology and Psychiatry, and Allied Disciplines, vol. 54, no 2,‎ , p. 195–205 (ISSN 1469-7610, PMID 23320807, PMCID 3547539, DOI 10.1111/jcpp.12037, lire en ligne, consulté le ).
  5. Slate.fr, « Le mystère des enfants qui guérissent de l'autisme », sur Slate.fr, (consulté le ).
  6. (en) Deborah K. Anderson, Jessie W. Liang et Catherine Lord, « Predicting young adult outcome among more and less cognitively able individuals with autism spectrum disorders », Journal of Child Psychology and Psychiatry, vol. 55, no 5,‎ , p. 485–494 (ISSN 1469-7610, PMID 24313878, PMCID PMC5819743, DOI 10.1111/jcpp.12178, lire en ligne, consulté le ).
  7. Handicap.fr, « Une 'eau de javel' pour guérir l'autisme ? Attention danger ! », sur Handicap.fr (consulté le ).
  8. Le Figaro avec AFP, « Antibiotiques pour « guérir » l'autisme : enquête ouverte à Paris pour «mise en danger d'autrui» », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  9. (en) « Enforcement Notice: CEASE Therapy », Advertising Standards Authority, .
  10. Handicap.fr, « Amazon retire des livres des charlatans de l'autisme », sur Handicap.fr (consulté le ).
  11. (en) Steven K. Kapp, Kristen Gillespie-Lynch, Lauren E. Sherman et Ted Hutman, « Deficit, difference, or both? Autism and neurodiversity. », Developmental Psychology, vol. 49, no 1,‎ , p. 59–71 (ISSN 1939-0599 et 0012-1649, DOI 10.1037/a0028353, lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Erika Dyck et Ginny Russell, « Challenging Psychiatric Classification: Healthy Autistic Diversity and the Neurodiversity Movement », dans Healthy Minds in the Twentieth Century: In and Beyond the Asylum, Springer International Publishing, coll. « Mental Health in Historical Perspective », (ISBN 978-3-030-27275-3, DOI 10.1007/978-3-030-27275-3_8, lire en ligne), p. 167–187.
  13. (en) M. Ariel Cascio, « Neurodiversity: Autism Pride Among Mothers of Children with Autism Spectrum Disorders », Intellectual and Developmental Disabilities, vol. 50, no 3,‎ , p. 273–283 (ISSN 1934-9491, DOI 10.1352/1934-9556-50.3.273, lire en ligne, consulté le ).
  14. a et b (en) Stephen M. Shore et Linda G. Rastelli (trad. Josef Schovanec et Caroline Glorion), Comprendre l'autisme pour les nuls, Éditions First, , 384 p. (ISBN 2-7540-6581-4), Chap. « Sur l'utilité d'un traitement »Voir et modifier les données sur Wikidata.
  15. Astrid De Larminat, « Hugo Horiot, autoportrait d'un ancien autiste », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  16. Hugo Horiot, Autisme : j'accuse ! : Un regard révolutionnaire sur l'intelligence en autisme, Éditions de l'Iconoclaste, (ISBN 979-10-95438-97-7 et 1-0954-3897-2)Voir et modifier les données sur Wikidata.