« Violence dans l'autisme » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Nouvelle page : La '''violence des personnes autistes''', telle que perçue par l'opinion publique, est un sujet régulièrement abordé dans les médias, notamment en raison de la fréqu...
(Aucune différence)

Version du 16 mai 2017 à 14:10

La violence des personnes autistes, telle que perçue par l'opinion publique, est un sujet régulièrement abordé dans les médias, notamment en raison de la fréquence perçue des troubles du spectre de l'autisme (TSA) chez les tueurs de masse. Pourtant, aucune donnée n'établit de corrélation entre la présence d'un trouble du spectre de l'autisme (TSA) et une prédisposition à la délinquance ou aux crimes. De même, la violence manifestée par des personnes autistes résulte d'une volonté de se soustraire à une hypersensibilité sensorielle, plutôt que de celle de s'attaquer à autrui. Les profils psychologiques des tueurs de masse américains mettent en avant des intrication entre divers facteurs, l'autisme pouvant être un facteur aggravant, mais non la cause unique des violences.

Perception publique

Une vision populaire associe autisme, comportements inappropriés, violence, délinquance et crime. L'anthropologue et psychanalyste Claude Wacjman note cette mauvaise perception publique de l'autisme en France, un tueur de masse américain ayant, par exemple, été immédiatement qualifié d'autiste dans les médias français le [1].

La part de tueurs de masse avec autisme est plus importante que celle des personnes TSA dans la population générale[2]. Un relevé effectué par une association aux États-Unis a permis de dénombrer 75 tueurs de masse américains décrits comme autistes dans les médias ou par leur entourage, dont seulement six ont reçu un diagnostic médical officiel[2].

Des cas individuels de personnes autistes versées dans la cybercriminalité[3] et le terrorisme[4] ont également été documenté dans la presse.

Études

Les experts du système pénal ne s'entendent pas sur la question d'une prédisposition des personnes TSA à commettre des actes criminels, en raison d'un manque de recherches fiables, en particulier sur les adolescents et les adultes[5]. L'hypothèse d'une prédisposition des personnes avec syndrome d'Asperger à la violence et au crime n'est soutenue par aucune donnée scientifique[6],[7],[8],[9]. Celles-ci accréditent au contraire que les enfants Asperger sont plus souvent victimes de violence que tourmenteurs[10]. Un examen de comorbidité établi en 2008 a permis de constater qu'un nombre important de criminels violents Asperger avaient en réalité des troubles psychiatriques différents ou associés, tels que le trouble schizo-affectif[11].

Adam Lanza et Anders Breivik

Le profil psychologique de deux tueurs de masse américains diagnostiqués autistes, Adam Lanza and Anders Breivik, a été analysé par la chercheuse suédoise Clare Allely, qui en conclut que leur acte ne s'explique pas par l'autisme seul, mais plutôt par l'intrication de différents facteurs, notamment l'association entre TSA et trouble de la personnalité narcissique, qui forme « une combinaison particulièrement « explosive », une combinaison qui rend un individu autiste plus à risque de s'engager dans des comportements extrêmement violents »[2]. Le rapport de l'office of the child avocate consacré à Adam Lanza « ne cherche pas à établir un lien entre [...] les personnes atteintes d'autisme et la violence », et souligne que Lanza n'a bénéficié d'aucun accompagnement ou soutient médical malgré son diagnostic[12].

Explications

D'après un document de la National Autistic Society d'Irlande du Nord, « les personnes atteintes d'autisme sont souvent si isolées de leur intérêt qu'elles sont inconscientes de l'effet que leurs actions pourraient avoir sur d'autres, ou que ces actions pourraient les conduire à se mettre en danger. Un individu peut également ne pas réaliser qu'en agissant d'une certaine manière, ils a commis un crime »[13]. La NAS relève aussi que des personnes autistes sont souvent arrêtées à tort par la police en raison de leur comportement perçu comme étrange (stéréotypies), et sont plus vulnérables que les autres aux actes policiers[14].

Notes et références

  1. Claude Wacjman, « Que nous enseigne la controverse sur l'autisme ? », Psychologie Clinique, no 36,‎ , p. 8–30 (ISSN 1145-1882, lire en ligne, consulté le ).
  2. a b et c Clare Allely, « A Psychological Analysis of the Pathway to Intended Violence in Mass Shooters, Adam Lanza and Anders Breivik by GNC researcher Clare Allely », sur http://gillbergcentre.gu.se, Gillberg neuropsychiatry centre, .
  3. http://www.ouest-france.fr/terrorisme/londres-8-ans-de-prison-pour-le-cyber-terroriste-ultra-connecte-4964253
  4. http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/36565-londres-londres-etudiant-autiste-coupable-avoir-bombe-m.html
  5. Mercier, Bernard et Fortin 2012, p. 46.
  6. (en) J. McPartland et A. Klin, « Asperger's syndrome », Adolesc. Med. Clin., vol. 17, no 3,‎ , p. 771–88 (PMID 17030291, DOI 10.1016/j.admecli.2006.06.010).
  7. (en) D. Allen, C. Evans, A. Hider A, S. Hawkins, H. Peckett et H. Morgan, « Offending behaviour in adults with Asperger syndrome », J. Autism Dev. Disord., vol. 38, no 4,‎ , p. 748–58 (PMID 17805955, DOI 10.1007/s10803-007-0442-9).
  8. « Pas de violence chez ceux qui souffrent d'Asperger » (consulté le ).
  9. LCM, « C La Santé : Syndrome d'Asperger, le diagnostic », (consulté le ).
  10. (en) K. D. Tsatsanis, « Outcome research in Asperger syndrome and autism », Child. Adolesc. Psychiatr. Clin. N. Am., vol. 12, no 1,‎ , p. 47–63 (PMID 12512398, DOI 10.1016/S1056-4993(02)00056-1, lire en ligne).
  11. (en) S. S. Newman et M. Ghaziuddin, « Violent crime in Asperger syndrome: the role of psychiatric comorbidity », J. Autism Dev. Disord., vol. 38, no 10,‎ , p. 1848–52 (PMID 18449633, DOI 10.1007/s10803-008-0580-8).
  12. http://www.ct.gov/oca/lib/oca/sandyhook11212014.pdf
  13. NAS 2014, p. 17.
  14. http://www.autism.org.uk/professionals/training-consultancy/online/police.aspx

Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • [NAS 2014] (en) Autism: a guide for criminal justice professionals, Departement de la justice et National Autistic Society d'Irlande du Nord, , 32 p. (lire en ligne)
  • Céline Mercier, Pierre Bernard et Dominique Fortin, « Troubles du spectre de l'autisme et système de justice pénale », L'Express,‎ , p. 46-48 (lire en ligne)

Bibliographie

  • [Allely, Wilson, Minnis et Thompson 2016] C. S. Allely, P. Wilson, H. Minnis et L. Thompson, « Violence is Rare in Autism: When It Does Occur, Is It Sometimes Extreme? », The Journal of Psychology, vol. 151, no 1,‎ , p. 49–68 (ISSN 1940-1019, PMID 27185105, DOI 10.1080/00223980.2016.1175998, lire en ligne, consulté le )