Église épiscopalienne Saint-Philippe (New-York)

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Église épiscopalienne Saint-Philippe (New-York)
Façade d'église de style néo-gothique en briques rouges, parements en pierre
Façade de l'église en 2009
Présentation
Nom local St. Philip's Episcopal Church
Culte Anglican
Type Église paroissiale
Rattachement Diocèse épiscopalien de New York
Début de la construction 1910
Fin des travaux 1911
Architecte George Washington Foster et Vertner Woodson Tandy
Style dominant Néo-gothique
Protection
Géographie
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Ville New-York
Coordonnées 40° 48′ 53″ nord, 73° 56′ 43″ ouest

Carte

L'église épiscopalienne Saint-Philippe est une église anglicane épiscopalienne et un monument historique située au 204 West de la 134e rue, entre le boulevard Adam Clayton Powell Jr. et le boulevard Frederick Douglass, dans le quartier de Harlem à Manhattan. Sa congrégation est fondée en 1809 par des Afro-Américains libres membres de l'église de la trinité de Wall Street. La nouvelle assemblée porte de nom d'église africaine libre de Saint-Philippe.

Située à l'origine dans le quartier de Five Points, c'est la plus ancienne paroisse anglicane épiscopale noire de la ville de New- York.

Cette paroisse a été extrêmement influente lorsqu'elle était située dans le sud de Manhattan, et nombre de ses membres ont été des leaders de la communauté noire.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les bâtiments d'origine[modifier | modifier le code]

La première pierre de l'église est posée en 1819, et le premier recteur, en poste de 1826 à 1840, est le révérend abolitionniste Peter Williams, Jr., premier prêtre épiscopal afro-américain de New York. Il est l'un des trois Noirs qui ont siégé au premier comité exécutif de l'American Anti-Slavery Society[1]. Dans les années 1820, ses paroissiens connaissent une ascension sociale. Ils mettent l'accent sur l'éducation et essaient de promouvoir « la personne, la respectabilité et l'élévation du niveau social »[2]. Au cours des décennies suivantes, certains se spécialisent dans les métiers de la marine, où les épiscopaliens blancs possèdent des navires et servent de capitaines. D'autres réussissent comme enseignants, médecins, épiciers ou de restaurateurs[3].

Bâtiment néo-classique. Un tramway hippomobile passe devant le bâtiment, au premier plan, un homme frappe une truie avec une verge pour qu'elle ne fouille pas dans des ordures.
La première église Saint-Philippe de Center Street.

Le premier site était situé au 122, Centre Street, alors appelée « Collect street », sur trois parcelles de terrain louées à perpétuité à un groupe d'hommes de couleur[note 1] qui s'étaient organisés pour fonder une paroisse afro-américaine. La bâtisse mesure 63 pieds de large sur 50 pieds de long, soit une surface totale de près de 300 m2[4]. En 1822, un bâtiment en brique remplace l'église d'origine à ossature de bois, endommagée par un incendie le [4]. En 1834, l'église est vandalisée par des Blancs. Pendant la guerre de Sécession, il est occupé par la police de New York qui l'utilise comme caserne pour la milice et la police lors des émeutes de 1863 à New York[5].

La paroisse St. Philip's déménage dans les quartiers chics et, en 1886, s'installe sur la 25e rue, au sud de Manhattan[5]. Elle vend cette propriété vers 1909 pour 600 000 $ et achète, avec l'argent de la transaction, le site de l'église actuelle, ainsi que dix immeubles d'habitation, dans une zone auparavant réservée aux seuls Blancs[6].

Bâtiment actuel[modifier | modifier le code]

Le bâtiment actuel est l'œuvre des architectes Vertner Woodson Tandy (en) et George Washington Foster, tous deux d'éminents architectes afro-américains : Tandy est le premier architecte afro-américain autorisé à exercer dans l'État de New York et Foster parmi les premiers à être agréés par l'État du New Jersey[7] . Ce bâtiment est construit en 1910-1911 dans le style néo-gothique[8]. Le retable provient de l'église de la 25e rue[9].

L'église est classée comme monument de la ville de New York en 1993[10] et ajoutée au registre national des lieux historiques en 2008[11].

Paroissiens et recteurs célèbres[modifier | modifier le code]

Une foule d'afro-américains en costume avec un chapeau sur la tête défile derrière une banderole.
Le révérend Hutchens Chew Bishop préside la marche silencieuse du , à la suite du massacre de East Saint Louis (Illinois)[12].

Parmi les paroissiens de Saint-Philippe du XIXe siècle, on trouve le théologien et africaniste Alexander Crummell[3]. Au XXe siècle , des défenseurs des droits civiques tels que le professeur W.E.B. Du Bois, Thurgood Marshall, avocat du NAACP et le poète et dramaturge Langston Hughes sont membres de l'église[3].

Enfin, l'auteur de science-fiction afro-américain Samuel R. Delany chante dans le chœur de cette paroisse durant son enfance, à Harlem[13].

Comme beaucoup d'autres églises, Saint-Philippe connaît une stabilité considérable dans sa direction jusqu'au milieu du XXe siècle. Le révérend Hutchens Chew Bishop en est le recteur pendant 47 ans, de 1886 à 1933. Il est le premier afro-américain à obtenir une licence au General Theological Seminary, en 1881[14]. Son fils Shelton Hale Bishop prend sa succession, jusqu'en 1957[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il s'agit de John Marander, John Bees, Andrew Rankin, Thomas Zabriskie, John Kent, Wm. Hutson, Samuel Class et Linn Frances.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bulthuis 2014, p. 151-152.
  2. Bulthuis 2014, p. 148.
  3. a b et c Bulthuis 2014, p. 152.
  4. a et b Pelletreau 1900, p. 2.
  5. a et b Church History, St. Philip's Harlem (Accessed 2 August 2010)
  6. (en) AIA guide to New York City, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-538386-7 et 978-0-19-538385-0), p. 541
  7. African American architects: a biographical dictionary, 1865 - 1945, Routledge, (ISBN 978-0-415-92959-2)
  8. Shaver, Peter D., « National Register of Historic Places Registration: St. Philip's Church », New York State Office of Parks, Recreation and Historic Preservation, (consulté le )
  9. David W. Dunlap, From Abyssinian to Zion: a guide to Manhattan's houses of worship, Columbia Univ. Press, (ISBN 978-0-231-12543-7 et 978-0-231-12542-0)
  10. (en) Matthew A. Postal (éd. et texte) et Andrew S. Dolkart (texte) (Commission de conservation des monuments de la ville de New York), Guide to New York City Landmarks, New York, John Wiley & Sons, , 4e éd. (ISBN 978-0-470-28963-1)
  11. enregistrée sous le numéro 08000933
  12. (en) « Silent Protest parade on Fifth Avenue, New York City, July 28, 1917, in response to the East St. Louis race riot », sur NYPL Digital Collections (consulté le )
  13. (en) Rachel Kaadzi Ghansah, « The Art of Fiction No. 210 », The Paris Review, vol. Summer 2011, no 197,‎ (ISSN 0031-2037, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Neighborhood Preservation Center, « St Phillip's Protestant Episcopal Church : Landmarks Preservation Commission »,
  15. « Bishop, Shelton Hale, 1889-1962 », SNAC (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en-US) William smith Pelletreau (photogr. C.G. Moller Jr), Early New York houses, New York, F. P. Harper, , 241 p. (lire en ligne), chap. 1 (« St Phillips'Church, Center Street »). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Kyle T. Bulthuis, Four Steeples over the City Streets: Religion and Society in New York’s Early Republic Congregations, NYU Press, (ISBN 978-1-4798-0793-2, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]