Rara

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Rara
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Le Rara de Léogâne
Origines stylistiques Vaudou
Origines culturelles Drapeau d'Haïti Haïti d'abord. Drapeau de la République dominicaine République dominicaine dans les années 1990
Instruments typiques Trompettes, güiros (instrument à percussion),
Popularité Drapeau d'Haïti Haïti depuis 1981

Le Rara est une forme musicale originaire de Haïti, jouée lors de défilés de rue, généralement au cours de la semaine de Pâques.

Origines et histoire[modifier | modifier le code]

« Le festival rara a probablement été développé au cours de la période de l'esclavage colonial, quand les esclaves africains et les afro-créoles dans la colonie de Saint-Domingue lorsqu'ils faisaient usage d'instruments musicaux durant le dimanche de Pâques [...][1]. »

Certains, dont l'ethnologue Jean Coulanges, considèrent que le rara est un héritage des taïnos qui habitèrent l'île avant la colonisation. Il serait lié à l'équinoxe de printemps, jour consacré par les Mayas à la nature. De plus, les traces des majors jonc se retrouvent chez les Mayas, notamment dans le Yucatán au Mexique.

Le Rara aurait par la suite été adopté par les esclaves africains. Le syncrétisme religieux serait ensuite venu se greffer à cette fête, donnant la coïncidence avec le calendrier chrétien. Ceci amena à penser que les manifestations Rara sont des festivités païennes[réf. nécessaire].

Descriptions[modifier | modifier le code]

Instruments[modifier | modifier le code]

Musicien jouant du vaksen.

Le genre se centre sur un ensemble de trompettes en bambou cylindriques appelées vaksen (qui peut aussi être faite de tuyaux en métal), mais dispose également de tam[De quoi ?]. Même si majoritairement afro-centré, le rara emprunte quelques instruments taino-amérindiens comme les güiros[Quoi ?] et les maracas.bours[précision nécessaire], de maracas, de güiras ou güiros (un instrument à percussion), et de cloches en métal[2][précision nécessaire]. Les trompettes et saxophones peuvent aussi être utilisés.

Déroulements et durées[modifier | modifier le code]

Les traditions du Rara durent quarante jours chaque année, entre le premier jeudi après le mercredi des cendres et le premier lundi après le dimanche de Pâques[3].

Rythmes[modifier | modifier le code]

Les vaksen-s effectuent des sons répétitifs et rythmiques à l'aide d'un bâton.

Les pratiquants du Rara s'organisent en groupes à la direction d'hommes qui dirigent les mouvements des groupes. D'autres hommes des groupes jouent vite et furieusement des tambours en bandoulière posés autour de leur épaules. D'autres jouent des instruments à percussion ou machettes. Les autres pratiquants des groupes, hommes et femmes exécutent divers danses. Ils dansent par exemple le gouyad, une danse dans laquelle les mains sont jointes contre l'arrière de la tête, le menton incliné sur le côté, les genoux pliés et les hanches roulées en cercles sensuellement. L'exécution des rythmes et danses devient plus énergétique à la vue d'autres groupes ou des spectateurs [4].

Dans la culture populaire en Haïti[modifier | modifier le code]

Les chansons sont en kreyòl haïtien et célèbrent l'ascendance africaine de la population afro-haïtienne. Le vaudou[Lequel ?] y est souvent pratiqué.

Un festival Rara est organisé périodiquement dans la ville de Léogâne par l'URAL, Union des Rara de Léogâne et la mairie de Léogâne. Le premier festival a eu lieu en 1992[3]. En 2011, ils avaient trois cent mille (300 000) participants et spectateurs. Il bénéficie du soutien financier du Ministère haïtien de la Culture et de la Communication[3].

Évolutions[modifier | modifier le code]

Le Rara contemporain (des années 2010)[modifier | modifier le code]

Depuis un certain temps[évasif], le Rara haïtien est joué dans des concerts tels que Haiti Jazz. Le Rara en Haïti est utilisé à des fins politiques pour les candidatures et les campagnes. Les paroles abordent aussi des sujets difficiles comme l'oppression politique ou la pauvreté. Des groupes et musiciens de rara sont interdits d'exercer et certains contraints à l'exil.

Le chanteur folk Manno Charlemagne a subi un tel parcours avant son retour et son élection comme maire de Port-au-Prince dans les années 1990.

Variante : Le gagá en République Dominicaine[modifier | modifier le code]

La tradition du rará a vécu un deuxième processus de syncrétisme en se développant en République Dominicaine, pays où le rara a eu le plus d'impact après Haïti. Il s'agit du gagá, une tradition[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14],[15],[16].

Le Rara fait désormais partie intégrante de la scène musicale du pays, où il est familièrement connu comme gagá[17]. La musique est jouée par la population afro-dominicaine comme hommage culturel aux ancêtres africains et aux homologues haïtiens.

Tourisme[modifier | modifier le code]

La tradition du Rara s'exprime sous la forme d'une procession sur des dizaines de kilomètres, durant près de 24 heures. Ces déplacements ont pour but de pérenniser et partager la tradition du Rara entre les communautés de pratiquants.

Les processions attirent des spectateurs non pratiquants nationaux et internationaux et deviennent une attraction touristique[3].

Galeries[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Encyclopedia of Popular Music of the World, Forthcoming
  2. (en-US) « Rara », sur Haitian Music (consulté le )
  3. a b c et d Joseph Dautruche, « Le Rara de Léogâne : entre fête traditionnelle liée au vodou et patrimoine ouvert au tourisme », Ethnologies, vol. 33, no 2,‎ , p. 123–144 (ISSN 1481-5974 et 1708-0401, DOI 10.7202/1015028ar, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Elisabeth McAlisther, « Rara!_Vodou,_Power,_and_Performance_in_H », sur t.me (consulté le )
  5. (es) « La tradición del rará o gagá en Republica Dominicana », sur Acento (consulté le )
  6. (es) « June Rosenberg y el Gagá », sur Acento (consulté le )
  7. (es) « El Gagá y el Carnaval Cimarrón dominicano », sur Acento (consulté le )
  8. (es) « La riqueza y la diversidad del Gagá Dominicano », sur Acento (consulté le )
  9. (es) « El Gagá, el cañaveral y Roldán », sur Acento (consulté le )
  10. « Foundational scholarship on Dominican blackness | First Blacks in the Americas », sur firstblacks.org (consulté le )
  11. (es) « El Gagá dominicano », sur Acento (consulté le )
  12. (es) « El impacto cultural de la ocupación haitiana 1822-1844 », sur Acento (consulté le )
  13. (es) « Carnaval, cultura y religiosidad popular », sur Acento (consulté le )
  14. (es) « Religión, carnaval e identidad », sur Acento (consulté le )
  15. (es) « El “Día de la raza” y el aporte afro a la cultura popular dominicana », sur Acento (consulté le )
  16. (es) « Conceptualizaciones para el debate sobre el Gagá », sur Acento (consulté le )
  17. (en) Manuel, Peter with Kenneth Bilby, Michael Largey, « Caribbean Currents: Caribbean Music from Rumba to Reggae », (consulté le ), p. 156.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) McAlister, Elizabeth. Rara! Vodou, Power, and Performance in Haiti and its Diaspora. Berkeley : Université de California Press, 2002. Book on Rara in Haiti and New York City.
  • (en) Averill, Gage., A Day for the Hunter, a Day for the Prey : Popular Music and Power in Haiti, Chicago, University of Chicago Press, (ISBN 0-226-03292-2, lire en ligne).
  • (en) Manuel, Peter, Bilby, Kenneth, Largey, Michael, Caribbean Currents : Caribbean Music from Rumba to Reggae, Temple University Press, , 288 p. (ISBN 978-1-59213-464-9, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]