Zostérops à lunettes noires

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Zosterops emiliae

Le Zostérops à lunettes noires (Zosterops emiliae) ou Zostérops à cerne noir est une espèce de passereau de la famille des Zosteropidae. Seulement récemment reconnu comme faisant partie du genre Zosterops, il est endémique des montagnes de Bornéo.

Dénomination[modifier | modifier le code]

Le nom Zostérops est issu du grec ζωστήρ (zoster) signifiant « ceinture » et ὤψ (ops) signifiant « œil », en référence au cercle blanc qui entoure habituellement les yeux de sa famille. Le qualificatif « à cerne noir » se refère à son aspect, tandis que le nom latin emiliae vient de Émilie Hose, la femme du naturaliste Charles Hose[1].

Description[modifier | modifier le code]

Le Zostérops à lunettes noires mesure entre 11 et 12 cm. De couleur vert-olive plutôt sombre, ses yeux sont cerclés de noir, sans présenter le cercle oculaire blanc caractéristique des zostérops. Ses lores sont également noirs, et le cercle noir est entouré d'une zone plus jaune ; ses dessous sont légèrement plus clairs que son dos, et deviennent plutôt jaunes vers l'arrière. Son bec est marron et orange-jaunâtre, tandis que ses pattes sont jaune-brun sombre[2].

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Répartition[modifier | modifier le code]

Le Zostérops à lunettes noires est endémique de l'île de Bornéo ; on le trouve dans les montagnes de la partie nord de l'île, incluant le Mont Kinabalu (ou il est plutôt commun[3])[2].

Habitat[modifier | modifier le code]

On le trouve principalement à haute altitude, notamment dans les bruyères, voire dans les zones rocailleuses ; on peut le trouver à partir de 1 600 m (occasionnellement jusqu'à 1 250 m), jusqu'à 4 000 m d'altitude[3],[2].

Écologie et comportement[modifier | modifier le code]

Alimentation[modifier | modifier le code]

Le Zostérops à lunettes noires se nourrit principalement d'insectes, et plus rarement de plantes, incluant des fruits et du nectar[2].

Reproduction[modifier | modifier le code]

Il se reproduit typiquement entre février et septembre. Son nid est un bol assez compact fait d'herbes et de racines, construit dans les branches d'un arbre. Les détails de son cycle de reproduction ne sont pas connus[2].

Systématique[modifier | modifier le code]

Le Zostérops à lunettes noires a été décrit pour la première fois par Richard Bowdler Sharpe en 1888, sous le nom Chlorocharis emiliae[4].

Il est actuellement divisé en 4 sous-espèces dans la classification de référence du Congrès ornithologique international (24 mars 2024)[5],[2] :

  • Z. e. emiliae (Sharpe, 1888) : La sous-espèce nominale. Vit sur les monts Mont Tambuyukon et Kinabalu, dans le nord de Bornéo.
  • Z. e. trinitae (Harrisson ,1957) : Vit sur le Mont Trusmadi (en). Plus clair et jaune que emiliae, avec un ventre presque entièrement jaune.
  • Z. e. fusciceps (Mees, 1954) [6]: Vit dans les montagnes entre le nord-est de Sarawak et le sud-est de Sabah (dans le nord de Bornéo). Similaire à moultoni, mais possède un front et une couronne sépia sombre.
  • Z. e. moultoni (Chasen & Kloss, 1927) : Vit dans l'ouest de Sarawak et le nord-ouest de Kalimantan[7]. Plus petit qu'emiliae, avec une queue plus courte, et globalement plus clair et jaune ; possède notamment un sourcil marqué.

Les populations de Zostérops à lunettes noires sont séparées sur différentes montagnes, principalement en raison de leur habitat spécifique ; cette séparation est également observée chez d'autres espèces de Bornéo mais n'est pas encore bien comprise ; elle a probablement été marquée par les différentes ères glaciaires, durant lesquelles son habitat s'étendait à plus basse altitude. Les analyses phylogénétiques montrent une séparation claire entre les populations de Sabah (emiliae et trinitae) et de Sarawak (moultoni et fusciceps), datant d'environ 1 million d'années[8],[9]. Il existe également une séparation plus marquée entre la population du Mont Pueh (en) (redécouverte en 2012[10]) et le reste du groupe de Sarawak[8].

Sa place dans le genre Zosterops n'est reconnue que depuis 2018, à la suite d'une étude phylogénétique sur les zostérops d'Asie de l'Est[11], qui confirme des travaux antérieurs qui montraient déjà sa proximité avec les zostérops en 2009[12]. En particulier, il est proche du Zostérops du Japon et du Zostérops de Swinhoe[11].

Le Zostérops à lunettes noires et l'humain[modifier | modifier le code]

Conservation[modifier | modifier le code]

Il est classé comme une « préoccupation mineure » par l'UICN (24 mars 2024)[13] bien que sa population soit mal connue, car il est supposément commun ; on estime cependant que sa population est en diminution.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) James A. Jobling, The Helm dictionary of scientific bird names : from aalge to zusii, Christopher Helm, (ISBN 978-1-4081-3326-2, 1-4081-3326-1 et 978-1-4081-2501-4, OCLC 659731768, lire en ligne)
  2. a b c d e et f (en) Bas van Balen, « Mountain Black-eye (Zosterops emiliae), version 1.1 », Birds of the World,‎ (ISSN 2771-3105, DOI 10.2173/bow.mouble1.01.1species_shared.bow.project_name, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b (en) F. D. Steinheimer, « The Mountain Black-eye Chlorocharis emiliae (Zosteropidae) as a rhododendron flower visitor on Mt Kinabalu, Sabah, Malaysia », Forktail, vol. 15,‎ (lire en ligne)
  4. (en) British Ornithologists' Union, Ibis, vol. ser.5:v.6=no.21-24;Index v.1-6 (1883-1888), Academic Press, (lire en ligne)
  5. Congrès ornithologique international, 24 mars 2024
  6. (en) G.F. Mees, « A new White-eye from Borneo: Chlorocharis emiliae fusciceps », Ardea, vol. 42, nos 3-4,‎ , p. 356-357 (lire en ligne)
  7. (en) British Ornithologists' Club., Bulletin of the British Ornithologists' Club, vol. v.48=no.317-325 (1927-1928), British Ornithologists' Club, (lire en ligne), p. 47
  8. a et b Dency F. Gawin, Mustafa Abdul Rahman, Mohamad Fizl Sidq Ramji et Brian Tilston Smith, « Patterns of avian diversification in Borneo: The case of the endemic Mountain Black-eye (Chlorocharis emiliae) », The Auk, vol. 131, no 1,‎ , p. 86–99 (ISSN 0004-8038 et 1938-4254, DOI 10.1642/auk-13-190.1, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Joseph D. Manthey, Robert G. Moyle, Dency F. Gawin et Mustafa Abdul Rahman, « Genomic phylogeography of the endemic Mountain Black‐eye of Borneo ( Chlorocharis emiliae ): montane and lowland populations differ in patterns of Pleistocene diversification », Journal of Biogeography, vol. 44, no 10,‎ , p. 2272–2283 (ISSN 0305-0270 et 1365-2699, DOI 10.1111/jbi.13028, lire en ligne, consulté le )
  10. Fizl Sidq, « Rediscovery of the Enigmatic Mountain Blackeye, Chlorocharis emiliae Sharpe, 1888 (Passeriformes: Zosteropidae) from Mount Pueh, Sarawak », Tropical Natural History 12(2): 261-266,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. a et b (en) Bryan T. M. Lim, Keren R. Sadanandan, Caroline Dingle et Yu Yan Leung, « Molecular evidence suggests radical revision of species limits in the great speciator white-eye genus Zosterops », Journal of Ornithology, vol. 160, no 1,‎ , p. 1–16 (ISSN 2193-7206, DOI 10.1007/s10336-018-1583-7, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Robert G. Moyle, Christopher E. Filardi, Catherine E. Smith et Jared Diamond, « Explosive Pleistocene diversification and hemispheric expansion of a “great speciator” », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 106, no 6,‎ , p. 1863–1868 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 19181851, PMCID PMC2644129, DOI 10.1073/pnas.0809861105, lire en ligne, consulté le )
  13. UICN, consulté le 24 mars 2024

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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