Wikipédia:Lumière sur/Constantin V

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ce « Lumière sur » a été ou sera publié sur la page d'accueil de l'encyclopédie le samedi 29 juillet 2023.


Solidus de Léon III l'Isaurien (à gauche) et de Constantin V (à droite). Tous deux tiennent une orbe crucigère dans la main droite et l’akakia dans la main gauche, symbole du caractère éphémère de l'existence. Ces deux attributs sont classiques dans l'iconographie impériale d'alors.
Solidus de Léon III l'Isaurien (à gauche) et de Constantin V (à droite). Tous deux tiennent une orbe crucigère dans la main droite et l’akakia dans la main gauche, symbole du caractère éphémère de l'existence. Ces deux attributs sont classiques dans l'iconographie impériale d'alors.

Constantin V (en grec : Κωνσταντίνος Ε′) dit traditionnellement « Copronyme » (Κοπρώνυμος, c'est-à-dire « au nom de merde », ou « dont le nom est de merde », du grec ancien 'κόπρος' (« excrément ») et de 'ὄνομα' (« nom ») – surnom dont il est définitivement affublé au lendemain du deuxième concile œcuménique de Nicée (787) qui condamne solennellement l'hérésie iconoclaste dont il a été un des plus ardents propagateurs) –, « Caballinos » ou « l'Ordurier », né en juillet 718 à Constantinople et mort le , est un empereur byzantin de 741 à 775. Il est le fils de Léon III l'Isaurien et de son épouse Marie, et est proclamé co-empereur par son père dès août 720.

Très tôt associé au trône par son père, il ne parvient que difficilement à lui succéder. Il est en effet immédiatement contesté et brièvement renversé par Artabasde entre 741 et 743. Par la suite, il reprend l'entreprise de consolidation de l'Empire menée par son père. Réformant l'armée, il reconstitue des régiments permanents, les tagmata, basés à Constantinople pour mieux protéger l'empereur et participer à ses campagnes militaires. Sans parvenir à faire cesser les raids des Musulmans, il profite des troubles qui accompagnent l'éviction des Omeyyades pour stabiliser la frontière orientale et reprendre certaines positions, tout en déplaçant les populations les plus exposées le long de la frontière occidentale de l'Empire, face aux Bulgares et aux Slaves. Il parvient ainsi à consolider la domination byzantine sur la Thrace et la Macédoine et remporte plusieurs victoires significatives sur les Bulgares. Sans parvenir à les vaincre ni à les soumettre, il affirme la capacité de résistance byzantine sur ce front. En revanche, ces efforts significatifs sur deux fronts l'empêchent de déployer des troupes pour sauver l'exarchat de Ravenne, conquis par les Lombards en Italie en 751. Au-delà, le règne de Constantin V voit un net évanouissement de l'influence byzantine sur la péninsule, symbolisé par l'alliance entre la papauté et le royaume des Francs de Pépin le Bref.

Ces réussites dans la protection des frontières les plus stratégiques de l'Empire permettent à Constantin V de déployer des efforts importants pour réaffirmer la place de l'iconoclasme. Cette doctrine contestée, imposée par son père, est consacrée par le concile de Hiéreia en 754, convoqué par l'empereur. Par la suite, plusieurs accès de violence sont attestés à l'égard des opposants de Constantin V, notamment autour de l'année 766. Souvent interprétés par les chroniqueurs de l'époque comme des manifestations d'un iconoclasme radical et intolérant, il semble surtout qu'il faille y voir une répression au moins autant politique que religieuse. Encore aujourd'hui, bien des aspects de la théologie de Constantin V restent mal définis, notamment ses rapports avec le monachisme.

Plusieurs fois marié, il a de nombreux fils et filles, dont Léon IV le Khazar, qui lui succède à sa mort en 775. Au terme d'un règne de plus de trente ans, Constantin V a laissé une trace très ambivalente. Sa promotion parfois radicale de l'iconoclasme, finalement rejeté par les autorités impériales dans les décennies ultérieures, lui vaut une condamnation sans appel par les défenseurs des images qui n'hésitent pas à le vilipender et à l'insulter dans leurs écrits. En revanche, aucun texte émanant du courant iconoclaste ne nous est parvenu, ce qui affecte d'un déséquilibre l'étude du règne de Constantin V. Pourtant, au-delà de la caricature parfois grossière de cet empereur, symbolisée par les surnoms orduriers qui lui sont associés, les historiens modernes réévaluent souvent son action de façon positive. Dans la continuité de son père, il incarne l'œuvre restauratrice de la dynastie isaurienne, confrontée au défi de la consolidation d'un Empire gravement affaibli, même si sa tendance répressive est réelle et parfois violente.