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Utilisateur:Ylzkhan/Brouillon2

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Le massacre de Maraş a eu lieu à Kahramanmaraş, au sud-est de la Turquie, entre le 19 et 26 décembre 1978.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Explosion dans un cinéma[modifier | modifier le code]

Le 19 décembre 1978, le nouveau film Quand le soleil de lèvera-t-il ? (Güneş Ne Zaman Doğacak?) de Mehmet Kılıç, dans lequel joue notamment Cüneyt Arkın, et qui montre des Turcs se battant contre les Soviétiques, est projeté au cinéma Çiçek de Kahramanmaraş, dans une ambiance idéaliste où les centaines de personnes venues assister à la projection, organisée par l'ÜGD (Association des journalistes nationalistes), scandent des slogans islamo-nationalistes tels que « Turquie musulmane ! », « Victoire de l'islam même si notre sang doit couler ! », « Gouvernement meurtrier ! », « Communistes à Moscou ! » ou encore « Führer Türkeş ! ».

À 20 h 45, alors que des membres de l'ÜGD vendent des revues devant le cinéma, une bombe explose dans le cinéma faisant sept blessés. Un homme, qui s'échappait des lieux après l'explosion, est arrêté par la police et placé temporairement dans les bâtiments du PTT (la poste turque). Après l'explosion, environ 300 personnes sortent du cinéma pour manifester dans les rues de la ville avec les mêmes slogans que lors de la projection du film. La foule caillasse aussi des bâtiments du Parti républicain du peuple (CHP), au pouvoir à cette époque-là, et ceux de la poste où se trouve le suspect mais aussi ceux de TÖB-DER (un syndicat de gauche pour enseignants), avant que la police ne la disperse.

Explosion dans un café[modifier | modifier le code]

Le 20 décembre, le café Akın de Yenimahalle, où se réunissait des alévis et militants de gauche, est attaqué pour la deuxième fois par une attaque à la bombe faisant plusieurs blessés. Il s'agit d'une réponse à l'attaque de la veille.

Assassinat de deux enseignants[modifier | modifier le code]

Le 21 décembre, deux enseignants alévis du lycée technique de Kahramanmaraş, Hacı Çolak et Mustafa Yüzbaşıoğlu, et membres de TÖB-DER, sont tués alors qu'ils rentraient chez après leur journée de travail par des nationalistes islamistes liés au Parti d'action nationaliste (MHP), les Loups gris. Au soir, des militants de gauche tentent de se venger. À 18 h 50, ils se rendent devant la maison d'un professeur de judo Güngör Gençay et crient « Fasciste Güngör, sort de là ! » mais celui-ci n'est pas chez lui, et ils décident alors de dynamiter sa maison.

Cortège funèbre et début du massacre[modifier | modifier le code]

Le 22 décembre, un cortège funèbre d'environ cinq mille personnes, composé majoritairement de militants de gauche mais aussi d'étudiants du lycée technique de la ville, et encadré par quelque cent quarante policiers et soldats, se rend à la Sublime Mosquée (Ulu Camii) pour une cérémonie avant l'enterrement des deux enseignants assassinés la veille, aux cris de « Les Mustafa et les Hacı ne meurent pas ! », « Türkeş le meurtrier ! » et « Trouvons les tueurs, faisons les payer pour ça ! ». Mais un groupe, probablement nationaliste, empêche le cortège d'approcher la mosquée. Des militants d'extrême droite alertent les croyants venus pour la prière du vendredi : « Les communistes arrivent ! Les communistes brûlent la Sublime Mosquée ! Les militaires sont avec nous ! Pourquoi arrêtez-vous ? N'avez-vous pas de religion ? Ils nous prennent notre religion ! Marchez ! Tuez les communistes ! ».

Suite à cet appel, près de dix milles personnes se réunissent autour de la mosquée aux cris de « Turquie musulmane ! », « Pouvoir meurtrier, Ecevit meurtrier ! », et commencent à attaquer le cortège avec des jets de pierres, briques et chaises. Le cortège est dispersé, même si certains militants restent pour faire face aux nationalistes, et sur leur chemin de retour, les fenêtres des partis de droite sont brisées. Devant la mosquée, la situation est explosive. Les forces de l'ordre, dépassées, tuent l'une des personnes qui bloquent l'accès à la mosquée, les militants de gauche quittent la mosquée et les militants de droite crient « Tuez les communistes ! Si la police vous arrête, tirez sur la police ; si les soldats vous arrêtent, tirez aussi sur eux ! ». Ils incident une voiture de police et un minibus de la société des eaux de la municipalité, détruisent les camions des forces spéciales de la gendarmerie, la boutique du frère de l'un des deux enseignants assassinés, et fracassent les vitres de la voiture de l'assistant du chef de la police, le blessant à la tête.

À 20 h, les trois cents militants de droite qui restaient devant la mosquée sont chassés par un escadron militaire. Ils se dirigent alors sur la place de Chypre et incendient des bâtiments comme ceux du CHP (parti kémaliste), du TİKP (parti communiste), de la DİSK (confédération de syndicats de gauche), du syndicat du textile, TÖB-DER (syndicat de gauche pour enseignants), POL-DER (syndicat de gauche pour policiers) et de la Direction des affaires sanitaires (Sağlık İşleri Müdürlüğü). Ils s'attaquent aussi à des boutiques des sympathisants de gauche et des alévis. Lorsque les pompiers arrivent, ils sont bloqués aux cris de « Pour Allah, frappez ! ».