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Utilisateur:Leonard Fibonacci/Transitus Mariae

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Origine du "Transitus Mariae"[modifier | modifier le code]

« De 1963 à 1974, Bellarmino Bagatti a publié une série d'études sur les textes[1] » qui concernent la fin de Marie. Pour lui ces textes remonteraient au IIe siècle[1]. Il essaye d'établir un "Transitus Mariae prototype" et pour ce faire il retient trois textes[2]:

  • le Transitus Éthiopien (E 5)[2]
  • le Transitus grec « R » (G 2)[2]
  • le Transitus latin « A » (L 3)[2]

L'auteur de ce "Transitus Mariae prototype" serait « un certain Leucius disciple de Jean l'Evangéliste (dixit Mimouni)[2] ».

Le Transitus Mariae du décret de Gélase[modifier | modifier le code]

Mimouni

« Il n’y a pas si longtemps encore, en 1924, devant le Congrès marial breton, le Père Giquello, ayant à présenter les récits apocryphes sur le sort final de Marie, fait la déclaration liminaire suivante[3] :

« Le décret du pape Gélase condamnant les apocryphes, et nommément Leucius, m’est bien connu. Je sais que :
1° les apocryphes, tout en étant le plus souvent dépourvus de valeur historique proprement dite, peuvent contenir des renseignements précieux, être les témoins des doctrines reçues, de leurs temps, dans l’Eglise ; » »

[...]
« Intrinsèquement, répétons-le, cette qualification repose sur le Décret gélasien, et uniquement sur ce document, dont l’appréciation soulève d’importants problèmes. Pour être complet, on doit aussi mentionner que dans les prologues du Transitus latin du Pseudo-Méliton de Sardes (BHL 5351–5352) du Discours sur la dormition de la Sainte Vierge de Jean de Thessalonique (BHG 1144–1144c) (fl. v. 605), on peut lire que leurs auteurs affirment prendre la plume pour contrer un récit du sort final de Marie peu conforme, selon eux, à la doctrine catholique, c’est-à-dire reconnue universellement. »

Jean de Thessalonique[modifier | modifier le code]

  • Martin Jugie, « Analyse du discours de Jean de Thessalonique sur la Dormition de la Sainte Vierge », dans Revue des études byzantines, 1923, no 132, p. 385-397 (lire en ligne)
  • François Halkin, Une légende byzantine de la Dormition : L'Épitomé du récit de Jean de Thessalonique, dans Revue des études byzantines, 1953, no 11, p. 156-164 (lire en ligne)
  • Martin Jugie, « La vie et les œuvres de Jean de Thessalonique. Son témoignage sur les origines de la fête de l'Assomption et sur la primauté de saint Pierre », dans Revue des études byzantines, 1922, no 127-128, p. 293-307 (lire en ligne)

Au début de son Homélie, Jean de Thessalonique déclare:
Des écrits, dit-il, nous ont transmis le récit des prodiges accomplis lors de la mort de la Vierge, et l'univers presque tout entier célèbre la mémoire de son repos, à l'exception de quelques localités, parmi lesquelles se trouve cette métropole de Thessalonique gardée de Dieu. Allons-nous donc accuser nos prédécesseurs de négligence ou d'indifférence? Loin de nous un tel langage! Comment même en tolérer la seule pensée, alors que seuls parmi tous les autres, ils ont, par leurs ordonnances, laissé à leur patrie cette gloire exceptionnelle : je veux dire la coutume de célébrer les mémoires non pas seulement des saints locaux, mais de presque tous ceux qui partout ailleurs ont combattu pour le Christ? Non, ce n'est ni la négligence ni l'insouciance qui ont inspiré leur conduite. Mais comme certains hérétiques malfaisants., venus après les témoins oculaires de la mort de Marie, ont jeté le grain de leur zizanie et ont falsifié le récit authentique des événements d'alors, que ces témoins avaient composé, nos Pères ont repoussé ces apocryphes comme inacceptables pour l'Église catholique. C'est ainsi que s'explique leur oubli de célébrer cette fête. Et ne soyez pas surpris d'apprendre que les hérétiques ont corrompu ces documents, alors qu'ils ont été plus d'une fois pris en flagrant délit d'en agir de même à l'égard des Épitres de l'Apôtre théophore, et même vis-à-vis des saints Evangiles (1).

Martin Jugie[modifier | modifier le code]

l'assomption et l'église de Jérusalem

p. 294 - 296[modifier | modifier le code]

Selon M. Jugie[4] « La tradition localisant dans la vallée de Gethsémani la maison de Marie et sa glorieuse Assomption devait déjà exister. C'est, en effet, vers cette époque, entre 450 et 5oo, qu'un catholique de Palestine donna, sous le pseudonyme de Prochore, une édition expurgée des Actes et Pérégrinations de l'apôtre Jean écrits par le gnostique Leucius[5]. Si les critiques sont d'accord pour voir dans le Pseudo-Prochore un catholique syrien, et plus précisément un Palestinien de la seconde moitié du ve siècle ou du début du vie, ils ne s'entendent pas complètement sur la teneur du récit primitif. Ce récit, comme tous ceux du même genre, présente dans les manuscrits de nombreuses variantes, additions, interpolations, et il est fort difficile parfois de démêler avec certitude ce qui faisait partie du texte original[6]. C'est ainsi que le savant éditeur du Pseudo-Prochore, Théodore Zahn, considère comme authentique l'allusion à l'Assomption de la Sainte Vierge qui se lit tout au début du récit, dans le discours de saint Pierre aux autres apôtres : Quelque temps après l'Ascension de Jésus, Pierre rappelle à ses collègues le commandement du Maître de prêcher l'Évangile à toutes les nations : « Maintenant, dit-il, que la grâce du Saint-Esprit est descendue sur nous tous, ne cherchons pas autre chose que d'accomplir l'ordre du Maître, attendu surtout que notre Mère à tous a passé de cette vie à une autre[7]. » D'autres critiques, comme R. Ad. Lipsius[8] et L. Fonck[9], voient une interpolation dans cette incidente : « και ρ.άλιστα ότι καΐ ή (λήτηρ ήρ.ών πάντων [Αετηλθεν του βίου τούτου ». A notre avis, si interpolation il y a, elle a dû se produire de très bonne heure, et dès la première moitié du vie siècle; car, dès le début du vne siècle, la tradition courante est que Marie a quitté cette terre à un âge avancé et après la dispersion des apôtres, témoin Jean de Thessalonique, la plupart des récits apocryphes, et bientôt saint André de Crète. Une autre variante plus intéressante se trouve dans une recension des Acta Ioannis du Pseudo-Prochore, beaucoup plus développée que celle qu'a publiée Th. Zahn. Au lieu d'être une recension, il pourrait même se faire qu'elle représente, avec quelques additions inévitables, le récit primitif dans son intégrité. Ce qui nous fait pencher vers cette hypothèse, c'est que, dans ce texte, le père de saint Jean l'Évangéliste nous est représenté comme étant de race levitique et comme ayant une maison dans les environs du Temple de Jérusalem[10]. Une pareille tradition est certainement antérieure à la fin du vie siècle, époque où la maison de Zébédée ou de saint Jean commence à être localisée sur le mont Sion. Autre indice : le texte dont nous parlons place l'Assomption de Marie après la dispersion des apôtres : ce qui concorde bien avec les apocryphes postérieurs à la première moitié du vie siècle et avec Jean de Thessalonique; mais il fait rester saint Jean auprès d'elle : ce qui contredit à la fois l'évêque de Thessalonique et les apocryphes, à l'exception des apocryphes coptes. De plus, nous y lisons une claire allusion à la croyance jérosolymitaine touchant l'immortalité de la Mère de Dieu : « Le théologien et apôtre Jean, nous dit le récit, partit pour l'Asie, après que la sainte Théotocos eut passé de la vie à la vie, de la vie passagère à la vie éternelle et au royaume des cieux, qui n'aura pas de fin... »

Leuceius[modifier | modifier le code]

"Le livre des funérailles [de Marie], version éthiopienne donne, selon le père Bagatti, spécialiste du judéo-christianisme et archéologue, le texte le plus ancien, attribué par les apocryphes à un certain Leucius"

Le Transitus Mariæ ou Évangile de Jean (ou plutôt Actes de Jean de Leucius)[modifier | modifier le code]

Ce texte est attribué à jean, l'apôtre et décrit la mort de Marie. Il a joui d'une grande popularité comme le prouve le nombre de ses traductions et versions. La traduction grecque porte le titre de: "Récit du sommeil de la Sainte Mère de Dieu par Saint Jean, le théologien". Une version latine est préfacée par une lettre de Meliton, évêque de Sardes, expliquant que le but de cet écrit était de répondre à une composition hérétique du même titre et du même sujet.

Un "Transitus Mariæ" est inscrit dans la liste officielle des écrits apocryphes "Decretum of Gelasius" du cinquième ou du sixième siècle. Ce récit est à l'origine de la tradition de l'Assomption. Certaines homélies de St. Jean Damascène, "In Dormitionem Mariæ", révèlent l'évidence de cette tradition, par exemple sa seconde homélie, la 11e, la 13e et la 14e. Retournant plus en arrière, l'"Encomium" de Modeste, évêque de Jérusalem, au septième siècle et le Pseudo-Dionysius au cinquième (De divinis nominibus, iii), démontrent leur connaissance de ces récits apocryphes en ce qui concerne l'Assomption et la Dormition de la Sainte Vierge. Ces récits ont une base commune, bien que divergeant sur des points de détail.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Mimouni 2011, p. 52.
  2. a b c d et e Mimouni 2011, p. 54.
  3. M. Giquello, « Récits apocryphes relatifs à la mort et à l’assomption de la Sainte Vierge », dans Congrès marial breton, 5e session : L’Assomption de la B.V.M., Nantes-Paris-Vannes, 1925, p. 51–58.
  4. Voir la Vita Euthymii par Cyrille de Scytopolis, éd. Montfaucon; Cotelier, Ecclesiae graecae mon., t. IV, p. 72. La basilique Sainte-Marie de Gethsémani n'est pas signalée dans la Vie de Pierre l'Ibérien, mort avant 491 ; mais ce silence est loin d'être concluant. Il faudrait prouver que l'énumération des sanctuaires jérosolymitains qui se trouve dans cette biographie a la prétention de dresser un inventaire complet. Cf. Raabe, Petrus der Iberer. Ein characterbîeld zur Kirchen-und Sittengeschichte des iünften Iahrhunderts. Leipzig, 1875, p. 99.
  5. Leucius ou Seleucus est une raison sociale gnostique qui couvre toute une littérature légendaire sur les actes et voyages des apôtres. Nous verrons plus loin qu'on mit aussi sous le nom de Leucius un récit de la mort de la Sainte Vierge. M est bien difficile de dire si Leucius représente une personnalité déterminée, ou s'il n'est qu'un pseudonyme pris pour plusieurs hérétiques ayant vécu à des époques différentes. La seconde hypothèse paraît beaucoup plus probable. Zahn, Acta Ioannis. Erlangen, 1880, p. cxLvni, place la première apparition de Leucius entre 140 et 160. En fait, les Acta Ioannis attribués à cet hérétique, et dont il ne nous reste que la seconde partie, ne sont dénoncés par les Pères qu'à partir du ivc siècle. Voir les textes patristiques s'y référant, dans l'ouvrage de Zahn, p. 195-218. Le texte même de Leucius a été édité par Max. Bonnet, Acta Apostolorum apocrypha, t. II, p. i5i-2i6. Leipzig, 1898. Les Acta Ioannis publiés par Zahn sont l'œuvre du Pseudo-Prochore.
  6. Nous avons constaté par expérience combien ces sortes d'ouvrages sont exposés aux interpolations, en nous occupant du Discours de Jean de Thessalonique sur la Dormition, publié dans la Patrologia Orientalis, t. XIX, p. 334-428.
  7. Έπιφοιτησάσης γαρ της χάριτος αύτοΰ εις ημάς πάντας, μηδέν έτερον ζητήσωμεν ει μη τό κελευσθεν ύπο τοΰ διδασκάλου, καΐ μάλιστα ότι καί ή μήτηρ ημών πάντων μετήλθεν τοΰ βίου τούτου. Τη. Zahn, op. cit., p. 3-4.
  8. Lipsius, op. cit., t. I, p. 366 et 407.
  9. L. Fonck, « Bemerkungen zu den ältesten Nachrichten über das Mariengrab », dans Zeitschrift für katholische Theologie, t. XXII (1898), p. 498.
  10. Th. Zahn a eu le grave tort de négliger, pour l'établissement du texte du PseudoProchore, la tradition manuscrite représentée par deux manuscrits au moins de la Bibliothèque vaticane, à savoir le Vatic, graec. 654 et le Barb, graec. 5i6. Du Vatic. 654, qui est du xin° siècle, il n'a connu que les fragments publiés par Birch dans son Auctarium cod. apocryphi Fabriciani, p. 20i-3o6, et il en reproduit un passage, à la page 166-167 de son édition. Trompé sans doute par une coquille de l'édition de Birch, il donne constamment à ce manuscrit la fausse numérotation 455. Par ailleurs, à la page xvi, il parle du cod. Vatic. 654, et le déclare sans valeur, d'après le seul énoncé de son incipit, ignorant que le cod. 6.54 est le même que son 4.55. Le texte du Vatic. 654 se lit également dans le Barb, graec. 5i6. LHnctpit est le suivant : Σαλπίσατε, φησίν, έν νεομηνία σάλπιγγα έν εύσήμω ήμερα, et le titre : Περίοδοι του αγίου 'Ιωάννου τοΰ θεολόγου καί εΰαγγελιστοΰ συγγραφεΐσα παρά Προχώρου τοΰ μαθητού αύτοΰ. Le texte occupe les fol. 87 α-149 b du cod. Vatic. 654. Ce n'est qu'au fol. 93 b que commence la correspondance avec ie texte édité par Zahn, correspondance qui ne va pas sans de nombreuses variantes. Tout ce qui précède donne des renseignements fort intéressants et jusqu'ici inconnus sur Zëbédée, son origine, ses enfants, sur la généalogie de la Sainte Vierge et sa parenté avec saint Jean l'Evangéliste, sur son Assomption — il n'est pas du tout question de la mort — qui est placée à la onzième année après le crucifiement de Jésus. De Zébédée il est dit, fol. 88 b: καί Ζεβεδαΐος ην όνομα τω πατρί. Ίερευς έχειροτονήθη, καί το πέταλον το χρυσοΰν φορέσαι κατηξιώθη. Πόλις δε τούτου ή μητρόπολις 'Ιερουσαλήμ, άρχετογενής μέν της πόλεως τυγχάνων δΓο καί την οίκησιν έκέκτητο πλησίον τοΰ ίεροϋ. Μετοίκησα^ δε έν Καπερναούμ., έκεΐ ην κατοίκων δθεν και τή; αλιευτικής τέχνης επίσημος γέγονεν. Sans affirmer que le texte du Vatic. 654 représente le Prochore primitif, nous sommes persuadé : Γ que le texte édité par Zahn est incomplet, et manque d'un prologue équivalent à celui qui se lit dans les deux manuscrits de la Vaticane. Le brusque début de ce texte : Έγένετο μετά χρόνον τινά μ.ετα το άναληφθήναι τον Κύριον ημών Ίησοΰν Χριστον, l'indique, du reste, suffisamment; 2° que la recension représentée par nos deux manuscrits est antérieure à la fin du vi° siècle pour les raisons indiquées.

Biblioraphie[modifier | modifier le code]