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Utilisateur:Jilenkha/Histoire des Dauplan

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Issue de l'ouvrage de Gabriel AUDISIO "Guide historique du Luberon Vaudois"
Vue générale de la Bastide PELLENC-SERRE du Plan d'Apt

L'histoire de la famille SERRE dit "Dauplan" et la famille PELLENC dit "Dauplan".[1]

La famille Serre et la famille Pellenc étaient des familles éminentes du Piémont[2], installées dans le terroir d’Apt, en France, au XVIe siècle. Elles étaient célèbres pour leur richesse et leur solidarité[note 1], si bien que leurs contemporains les confondaient souvent. Possédant plusieurs bastides et terres dans la région d’Apt, plus précisément au Plan d'APT, elles étaient surnommées "Dauplan"[3]. Elles faisaient également partie de la communauté vaudoise du Luberon[4]. L'exécution de certains membres de leurs familles par le juge d'Apt marqua les prémices du massacre de Mérindol.

Histoire des persécutions subit par les deux familles[modifier | modifier le code]

Au XVIe siècle, la répression contre les vaudois, une communauté religieuse non conformiste, sévissait en France. En 1539, lors de cette répression, des membres de la famille Serre et Pellenc furent arrêtés pour leurs croyances religieuses divergentes. Colin Pellenc, meunier au Plan d’Apt et Louis Serre, Cultivateur, fut condamné à mort et brûlé vif à Aix[5]. Les Vaudois, non violents habituellement, vont alors réagir. Une centaine de gens de Mérindol ("Capitale" Vaudoise du Luberon[6]) vont aller détruire le Moulin de Pellenc (qui avait été donné à un de leurs accusateurs)[7]

En 1540, l’Arrêt de Mérindol fut prononcé, condamnant plusieurs personnes au bûcher et à l'exil, marquant ainsi une escalade dans la répression contre les vaudois.

Les persécutions contre la famille Serre et Pellenc ne s'arrêtèrent pas là. En 1545, avec l'autorisation de François Ier, l'Arrêt de Mérindol fut mis en exécution par Maynier d'Oppède. Cette exécution entraîna la destruction de villages, des morts, des exils forcés et des violences.

Parmi ces violences, nous retrouvons certains membres de la famille SERRE (une famille qui fait partie des plus grandes en nombre d'individus installés autour du Luberon). Nous[Qui ?] pouvons citer Eustache Serre dit Marron, chef des insurgés de Cabrières-du-Comtat, mort en martyr par l'armée du baron Jean Maynier d'Oppède.

La famille SERRE, dite de Berarde, a dû fuir dans les grottes de Bérigoule, sur la commune de Murs ; Le capitaine Mormoiron, représentant du vice-légat du pape à Avignon, a découvert la présence de vaudois dans la grotte et a ordonné des décharges de mousquets, mais personne n'est sorti. Il a alors allumé un feu pour enfumer les pillards, qui ont tous péri étouffés. Après avoir accompli leur mission, les soldats de Mormoiron ont quitté le village, non sans avoir décimé les troupeaux paissant autour de celui-ci.

Lien entre les deux familles et inventaire de leurs biens[modifier | modifier le code]

Michel Serre, venu du Piémont, fit installer un vieil ami et sa famille à ses côtés sur le Plan d'Apt : le premier chef de famille Pellenc. Il maria ensuite sa fille, Bourgne Serre, à Collin Pellenc, qui devint propriétaire, avec ses frères, d'une bastide avec moulin au Plan d'Apt ainsi que d'un appartement dans le centre-ville d'Apt, situé au portail de la Boucherie. Par ailleurs, les fils de Michel Serre héritèrent de la bastide du Plan d'Apt et d'une seconde bastide en arrentement auprès de leur oncle Jean Serre, sur la commune de Gargas, ainsi que d'une maison de ville dans le centre d'Apt, située rue de la Tholosete, autrement dit à la Traverse de l'Évêque.[8]

Concernant leurs biens matériels, nous disposons d'un inventaire réalisé par le juge d'Apt lors de la saisie des biens immobiliers de Collin Pellenc et Louis Serre.

L'exploitation des terres de la bastide de Saint-Jean et de celles du Plan d'Apt est typiquement provençale : blé, vigne, oliviers; céréales secondaires et amandes viennent s'ajouter aux trois produits essentiels. Les troupeaux ne comportent pas de bovins : chèvres pour le lait dont on fait des fromages,[note 2] ovins et porcs. Ainsi est assurée la nourriture de la maisonnée : pain, viande de chèvre, de mouton ou de porc, salée et conservée, huile, vins.

A la saison, les fruits du verger viennent compléter les repas : une corbeille de prunes, une de coings, une de noix, un sac de noix sont notés dans l'inventaire, ainsi qu'une grande corbeille d'oignons. Pour les animaux, paille et foin ont été engrangés, sans qu'il soit possible d'en évaluer la quantité[note 3]. Le numéraire provient de la vente des céréales et de celle des troupeaux, moutons et porcs, dont l'abondance permet de penser qu'ils sont commercialisés en grande partie.

Le linge et les vêtements, soigneusement décrits, sont faits, le plus souvent, de toile ou de laine préparées à la maison, et c'est sur place que l'on a récolté le chanvre, le lin et la laine destinés à cet usage.

Chose inhabituel le Juge d'Apt découvre une pièce secrète dans la Bastide des Pellenc au plan d'Apt et il y découvre un petit sac qui renferme des objets très compromettants : une bible, les Actes des Apôtres, un opuscule de polémique religieuse, une lettre missive. La bible présente un intérêt particulier, car elle est décrite comme « imprimée à Neufchastel par Pierre de Vingle dit Perot Picard l'an Mil cinq cens trente cinq le quatrième jour de juing »; elle n'est autre que la première édition protestante de la bible en français dite la «bible vaudoise».[note 4]

Les cultivateurs de cette époque étant illettrés, l'existence de livres chez Pellenc incite à formuler cette hypothèse : ou Collin Pellenc n'était pas un cultivateur ordinaire, ou ce n'était pas lui qui utilisait les livres, mais le Barbes[note 5].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Les persécutions contre la famille Serre et Pellenc illustrent les tensions religieuses et les violences de l'époque, ainsi que la lutte contre les communautés non conformistes en France au XVIe siècle. Ces événements ont marqué l'histoire de la région du Luberon et ont laissé un héritage de résistance et de mémoire chez les descendants des familles Vaudoise.

Concernant notre époque, ces deux familles sont toujours bien représentées autour du Luberon.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. On retrouve l'intégralité de l'inventaire des biens de Louis SERRE et de Collin PELLENC dans le Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques, à partir de la page 645.
  2. Le lait est recueilli dans un vase spécial, mentionné chez Louis Serre au Plan d'Apt, ainsi que neuf faisselles à fromages.
  3. Elle n'est pas précisée, sinon pour un pailler qui se trouve chez Louis Serre au Plan dApt, mesurant 11 pas de long sur 4 de large, et une « bonne hauteur ».
  4. A la grande assemblée vaudoise de Chanforan, dans la vallée d'Angrogne, en 1532, avait été prise, sur la proposition de Guillaume Farel, la décision d'imprimer la bible aux frais des Vaudois ; trop occupé pour s'en charger lui-même, Farel désigna pour cela Oliviétan. Cette traduction, qui avait profité des conseils de Calvin, a été rajeunie au siècle suivant par Martin puis au XIXe siècle par Ostervald; c'était encore, il y a cinquante ans, la version couramment utilisée par les protestants français (cf. LÉONARD, op. cit.).
  5. le ministère itinérant des prédicateurs (les barbes)

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean SAMBUC, Documents sur le protestantisme en Provence, 15 p. (lire en ligne), p. 6
  2. audisio, « Une enquête », dans Gabriel AUDISIO, MIGRANTS VAUDOIS (lire en ligne), p. 26
  3. Jean SAMBUC, Les communautés protestantes de Provence sous l’Ancien Régime, Il s’agit d’un article de Jean SAMBUC, paru dans le Bulletin de la SHPF (1977, pp. 285-299)., 15 p. (lire en ligne), p. 6
  4. « [http://www.info-bible.org/histoire/vaudois/noms-vaudois.htm Noms de famille vaudois - g�n�alogie - patronymes d'origine vaudoise France (C�vennes, Provence, Luberon, Alpes) Italie (Pi�mont, vall�es vaudoises) Allemagne] » (consulté le )
  5. Madeleine Villard du Comité des travaux historiques et scientifiques (France)., Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques - Chapitre : VAUDOIS D'APT, , 844 p. (lire en ligne), p. 643
  6. Source AEVHL (Association d'études vaudoises et historiques du Luberon), « Mérindol - Lacoste »
  7. « Les Vaudois », Cercle Généalogique de Vaucluse,‎ (lire en ligne)
  8. Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques, , 844 p. (lire en ligne), p. 645