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Utilisateur:Jean Solen/Évolution de la communication olfactive

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C'est au cours du long cheminement de l'évolution des espèces que s'est peu à peu forgée la communication olfactive.

Une grande part de l'activité des êtres vivants est liée à leur communication avec leur environnement ou d'autres êtres vivants. La communication permet aussi la coopération des cellules dans un milieu ou un corps et des êtres dans une société. Ces communications mettent en jeu de nombreuses grandeurs physiques ou chimiques[1]. Elles sont aussi essentielles pour la survie des individus, le développement des espèces et, dans le cas des êtres supérieurs, pour l'élaboration de leur cerveau[2] grâce à l'Altricialité[3] en profitant de la Plasticité neuronale. La communication, établie au départ au moyen d'organites rustiques chez les unicellulaires, a évolué par la suite vers des équipements complexes tels que les organes des sens dont les plus récents et complexes comme l'olfaction mettent en jeu des fonctions cérébrales chez les êtres supérieurs.

Si tous les mécanismes cohabitent chez les espèces les plus évoluées, seules ces dernières disposent d'organes des sens élaborés qui aboutissent à des perceptions et une cognition et demandent l'accumulation d'acquis par apprentissage et mémorisation. On peut trouver les grandes étapes sur la figure 1.

schéma du développement de la communication olfactive
Figure 1 : Enrichissement de la communication olfactive au cours des temps, en fonction des moyens mis à disposition par l'évolution des espèces et l'enrichissement des savoirs. (ne pas rechercher d'échelles significatives sur les axes)


Au départ était la communication chimique

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Dès le début de la vie sur terre, les organismes vivants ont pu communiquer avec leur environnement ou entre eux au moyen de molécules, la chimie étant à la base de toute forme de vie et certaines fonctions pouvant agir sur d'autres molécules de l'être vivant. Cette communication a toujours eu une très grande utilité et les pressions de sélection positives ou négatives ont permis à la fois de développer les organes et de sélectionner les espèces en fonction de leur adaptation[4]. Ainsi lorsqu'une paramécie suit le gradient de concentration d'une molécule pour rejoindre sa nourriture elle fait de la communication chimique avec sa "proie" qui s'exprime par une Chimiotaxie. De même les phéromones conditionnent de nombreux comportements comme la peur ou l'agressivité en activant la production d'adrénaline, mais offrent aussi aux insectes des gradients qu'il leur suffit de suivre pour rencontrer leur partenaire sexuel. Mais c'est aussi la production de nouvelles molécules (Sémiochimiques) ou l'orientation de la croissance pour les végétaux, le chimiotropisme[5]. Cette communication chimique concerne tant les monocellulaires que les pluricellulaires et les végétaux que les animaux.

La chémoréception s'est développée par des cellules réceptrices spécialisées tout en restant le mode de communication des êtres vivants le plus répandu, les chimiorécepteurs étant largement répandus dans les espèces (des insectes aux mammifères) et dans leurs actions (de la régulation respiratoire à l'orientation). Il y a environ 1,5 milliards d'années sont apparus les Récepteurs couplés aux protéines G occupant actuellement 3 % de nos gènes[6]. Ensuite ces récepteurs ont été intégrés dans des organes des sens primaires plus spécifiques qui engendrent des comportements automatiques des individus, ne nécessitent pas la présence d'autres sens pour fonctionner et n'évoluent pas au cours du vécu du sujet.

Tous ces mécanismes, encore loin d'être assimilables à l'olfaction, perdurent naturellement, non seulement chez les êtres les plus simples mais ils constituent aussi une part automatique de la vie des êtres plus évolués.

L'olfaction apparait

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Beaucoup plus tard, des êtres bien plus sophistiqués et équipés d'un cerveau complexe capable de mémoriser et d'un minimum de conscience[7] ont pu analyser et traiter des signaux fournis par ces récepteurs, activés par certains caractères physico-chimiques de molécules, Ils acquièrent alors des perceptions olfactives pour lesquelles il convient de réserver l'acception du mot "odeur" [8]. Elles sont individuelles mais bénéficient d'un apprentissage. Le sens de l'odorat est né. Robert Jastrow (1925-2008) relie ce développement à l'observation des empreintes de bulbes olfactifs chez l'un des premiers mammifères, le Morganucodon il y a environ 200 millions d'années[9]. Au delà d'une simple communication chimique, l'odorat que nous connaissons, offre la possibilité d'une communication sensorielle des plus récentes et élitistes dans l'évolution des espèces même si le type de récepteurs utilisés, les RCPG, est très commun dans le corps et bien plus ancien[10]. Il appartient aux sens considérés comme élaborés utilisant un cerveau : "...les "odeurs" déclenchent une sensation olfactive et donc une expérience consciente." (p 45)[1], même si, par la suite, une réponse réflexe, devenant inconsciente, a été acquise. Il s'oppose aux sens primaires qui peuvent se passer d'un d'apprentissage, n'ont qu'une forme de réponse automatique, commune dans toute une espèce et ne nécessitent pas le développement d'outil de communication, celle-ci étant innée.

Vint alors la communication « odorante »

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Le vecteur de la communication odorante est la substance odorante elle-même qui n'exige pas de langage.Tout laisse à penser qu'elle est apparue avant la communication olfactive, étant déjà pratiquée dans le monde animal.[11]. Elle est largement utilisée chez les animaux qui, par exemple, marquent leur territoire[12]. Nous exploitons cette communication avec les animaux pour les conditionner (dressage des chiens des douanes à la détection de la drogue). Elle offre les premiers pas d'une communication chez les humains.

L'odorant est lié au sujet émetteur

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C'est le cas le plus fréquent, largement répandu dans le monde animal mais aussi humain. Les odorants échangés peuvent être vus comme les signaux d'une présence ou d'une action.

Cette communication joue un rôle important dans la vie sociale des animaux et des humains mais reste dépendante de l'interprétation qu'en fait celui qui perçoit l'odorant. La culture, le lieu, les circonstances participent à cette interprétation[13]. Les comportements induits peuvent être influencés par la perception de ces transmetteurs chimiques odorants et la manifestation d'acceptabilité ou de refus de différentes odorités est généralement un signal significatif. On peut distinguer :

1- les émissions sui generis

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Produites par les corps des êtres, initialement à leur insu, elles assurent une communication odorante avec les autres[14]. Cet aspect a éveillé l'intérêt de nombreuses équipes qui y ont retrouvé un mode de communication animal et lui rapportent, à tort, les Phéromones ou les Allomones bien que celles-ci n'exigent pas d'organe olfactif, n'ayant d'ailleurs pas besoin d'un caractère odorant pour agir.

Cependant il a pu être montré que les odorants pouvaient intervenir dans le processus d’attraction physique et amoureuse entre personnes dans lequel intervient le complexe majeur d'Histocompatibilité contribuant ainsi à la communication odorante[15]. On a pu montrer que les odorants naturels du corps humain pouvaient également véhiculer des informations émotionnelles décodables par d'autres, ce qui fait accompagner la communication odorante d'un message[16]. Selon ces chercheurs des odorants peuvent activer diverses parties du cerveau : l’amygdale et l’hypothalamus principalement mais aussi l'insula (qui traite les informations sensorielles et émotionnelles), le gyrus fusiforme (qui joue un rôle clé dans la reconnaissance des visages et des objets) et le cortex cingulaire (qui aide à réguler les réponses à la douleur et aux émotions). Alors ils peuvent déclencher des émotions comme la peur, le bonheur, le dégoût. Il est probable que les acquis jouent aussi un rôle dans le contenu des émotions.

2- les odorants transportés par le corps.

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Le sujet peut s'en être imprégné involontairement en passant dans un nuage riche en odorants ou s'en parer volontairement. Ce sont alors tous les parfumants qu'utilise une personne soit pour masquer l'effet des odorants précédents, soit pour donner une nouvelle image d'elle-même ou de son espace. Le marketing et la publicité ont largement utilisé ce ressort pour motiver les achats. Nul doute que se sentir projetée dans la société comme une ravissante jeune fille diaphane à l'image des photos de Sarah Monn, a aussi participé à la motivation d'achat d'Anaïs Anaïs (Lancôme® 1978) en plus des qualités de l'eau de toilette. C'est bien le parfumant qui assure le lien avec l'observateur qui demeure toutefois libre d'y mettre ses propres interprétations. Même s'il n'en porte pas directement les composés sur lui, le cuisinier qui se réjouit des fumets s'échappant de son plat pour venir chatouiller les narines des convives et aiguiser leur appétit, utilise aussi ce type de communication.

L'odorant est présenté par l'informateur

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L'informateur a le geste naturel de transmettre à son interlocuteur la source odorante qu'il a identifiée dans différentes intentions :

1- dans un but didactique ou pour un simple partage

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Les parents mettent sous le nez de l'enfant des odorants en l'incitant à inspirer. Ils peuvent aussi le pousser à les imiter humant les effluves errant dans l'air. La rencontre d'une fleur ou l'ouverture d'un flacon de parfum, poussent au même geste vis à vis d'un interlocuteur présent. Quand on travaille à l'éveil olfactif des jeunes enfants on constate que, sans parole, spontanément, ils passent aussi sous le nez de leur voisin la mouillette (ou touche à sentir) que l'on vient de leur donner[17]. Les arômes ajoutés par les industriels de l'alimentation ont pour objectif de confirmer le caractère odorant affiché sur l'étiquette. L'objectif de la communication entre les deux interlocuteurs est le partage de cet odorant, chacun imaginant que l'autre a la même perception que lui, même si cela peut être parfois illusoire. On peut aussi convenir d'attribuer à l'odorant un rôle de label d'un concept ou d'un personnage, par exemple, pour habiller un conte afin d'attirer l'attention des enfants comme le fait l'association Nez en Herbe[18] transposant ce qu'avait fait Serge Prokofiev avec des phrases musicales dans Pierre et le Loup.

Les odorants proposés peuvent relever du quotidien mais peuvent être empruntés à différents milieux, voire composés, relevant parfois d'habitudes culturelles pas toujours très réalistes.

2- pour véhiculer un message

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Les odorants peuvent être aussi des outils de communication pour véhiculer des messages à la manière des Égyptiens ou des Grecs de l'antiquité qui demandaient aux plantes aromatiques et aux fumigations d'adresser une supplique aux dieux[19]. Dans une autre perspective, le parent tentera d'accompagner la présentation de la substance d'un message hédonique et sécuritaire. L'odorisation[20] du gaz de ville relève de ce registre. On trouve aussi cette démarche dans un tout autre domaine, avec les signatures odorantes de certaines chaînes de magasins avec le Marketing sensoriel et le parfumage d'ambiance que chacun veut donner à son intérieur.

L'art s'est largement emparé de cette démarche[21] en proposant des odorants dans des musées, lors d'expositions ou de spectacles odorisés. Les odorants sont présentés pour eux-mêmes ou associés à la matière, l'image, la musique, le théâtre… [22]. Ils servent de véhicules pour tenter de partager des concepts plus intellectuels. L'artiste utilise l'odorant comme support d'un message plus ou moins convenu dans une culture, ou qu'il compte instaurer.

Très direct, le partage d'odorants peut se passer d'une verbalisation, il suffit d'appréhender la source par un moyen quelconque. Mais bien que son objectif soit souvent de communiquer aussi des émotions, dans un premier temps, chacun ignore le ressenti de l'autre qui contient toute son histoire, celle de sa famille ou de son ethnie. L'étude de ce ressenti quand il sera exprimé par la communication olfactive pourra faire l'objet d'étude des psychologues.

Regard sur le contenu de la perception olfactive

Une perception est très riche en données des plus diverses simultanément présentes dans le cerveau et propres à chaque personne, même si certaines résultent d'un apprentissage. La cascade d'influx nerveux enclenchée par la transduction suivant la stimulation s'insère dans les réseaux synaptiques pour atteindre la Cognition où se constate la véritable olfaction. La restitution émise par chaque sujet se fait à partir de sa prise de conscience qui sélectionne à chaque instant, une partie de ces données. Ainsi, dans ce puzzle des connaissances disponibles, la réponse des récepteurs olfactifs ne fournit que l'une des pièces associées à de nombreuses autres venues par la plurisensorialité (vue, ouïe, contact, somesthésie, goût, proprioception...), l'activité cérébrale (les pensées, les émotions et les souvenirs) et des réactions physiologiques ont apporté leurs contributions[23]. Cela peut être représenté par le schéma de la figure 2.

Composantes de la perception
Figure 2 : Les multiples sources contribuant à la perception. La prise de conscience du sujet ne retiendra que certaines de ces informations pour les exprimer.

La mémoire intervient naturellement, réveillée dès qu'une sollicitation vient en activer un point du réseau, puis les éléments s’enchaînent dans l'esprit du sujet selon un mécanisme à rapprocher de l'Anadiplose qui lui permet d'exprimer ce qui lui parvient successivement à la conscience.

Ainsi peut arriver la communication olfactive

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C'est en partageant ses perceptions que le sujet atteint la communication olfactive. Plus complexe, substituant l'abstrait au concret des communications antérieures, elle demande alors de faire appel à différentes formes de langage que l'homme pourra verbaliser[24]. Cela lui sera tout à fait indispensable pour répondre à cette capacité qui lui est propre, d'échanger sur des stimulations décalées dans le temps et dans l'espace[25]. Malheureusement, il a souvent été montré que les outils propres de communication étaient bien pauvres laissant le sujet se tourner vers l'expression des composantes associées dans la perception olfactive fournissent autant de vecteurs de communication.

Le sujet communique sur ses émotions

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Réactions spontanées manifestant l'adhésion à l'odorant ou son rejet, pas toujours justifiables en apparence, les émotions trouvent généralement leurs sources dans le vécu de la personne et au travers d'associations perceptives qui ont construit peu à peu des liens inaltérables. Leur siège est généralement situé au niveau de l'amygdale mais elles font, en réalité, intervenir d'autres zones cérébrales et notamment celles de la mémoire[26]. Le sujet n'a pas besoin d'expression verbale et peut se contenter de mimiques ou de grimaces, de gestes ou de comportements, voire de cris plus ou moins codés pour les animaux ou pour exprimer la surprise ou la peur déclenchées chez les humains.. Tout au plus quelques mots comme "j'aime" ou "je déteste", permettent de compléter l'appréciation des valences hédoniques. Ces différentes manifestations laissent libre cours à l'interlocuteur d'y mettre l'interprétation qu'il y trouve et qui peut ne pas être en accord avec la pensée de l'émetteur mais généralement l'un et l'autre pensent qu'ils ont le même regard.

Le sujet communique ses souvenirs associés

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Dans ce cas le locuteur est tenu de faire appel à des expressions verbales empruntées simplement à la vie courante. Faute d'autres moyens de communiquer des perceptions olfactives, les souvenirs constituent l'outil le plus répandu. Ces souvenirs appartiennent à différents domaines : des personnes, des situations, des évènements, des objets dont éventuellement les sources, du moins supposées, des odorants perçus, et utilisent différents sens[27]. C'est aussi le mode de narration le plus employé dans la littérature mais il ne peut être efficace que si l'interlocuteur a vécu des expériences analogues.

Le sujet exprime son imaginaire

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Les effluves odorants ont cela de merveilleux que s'affranchissant, en apparence de la matérialité, ils laissent la place à tout l'imaginaire et toutes les transpositions dont peut faire preuve un esprit créatif qui cherchera à y associer son public pour lui ouvrir un merveilleux espace onirique[28]. L'esprit en effervescence alimenté aussi par les souvenirs, est capable de créations artistiques poétiques, des rêves ou même des réflexions philosophiques[29].

La verbalisation est la plus généralement utilisée pour traduire des créations de l'esprit. Le marketing, les parfumeurs et les poètes font appel à ce type de communication. Mais la musique, la peinture et les différentes formes de spectacles ont cherché aussi à exprimer leur imaginaire du monde olfactif[30].

Il est probable que cet aspect de communication a été important dans le passé, nos ancêtres n'ayant aucun élément sur la matérialité des odorants, ils ne pouvaient qu'imaginer. Il voit aussi plus récemment des applications thérapeutiques[31].

Le sujet raconte l'objet de sa perception olfactive

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Le communicant prélève dans ses connaissances les mots qui devraient lui permettre de décrire au mieux ce que lui suggère sa perception. Ces descripteurs suggestifs sont piochés dans tous le bagage culturel du sujet qui lui vient à l'esprit en pensant pouvoir partager une certaine objectivité avec son interlocuteur. Il essaie de nommer des sources mais plus souvent les images évoquées par ces sources ou leur destination. Ces "descripteurs suggestifs" ne peuvent pas revendiquer une correspondance biunivoque, ils restent très flous, ne sont pas nécessairement partagés et sont généralement relatifs à des transpositions incertaines[32]. Des descripteurs variés sont associés à une même molécule et peuvent être appliqués à des molécules à odorités très éloignées. Ils pâtissent aussi souvent de la confusion des acceptions du mot odeur prenant pour une perception le nom de la source et inversement. C'est pourtant eux, faute de mieux, qui ont été utilisés pour classer et catégoriser les odorités,[33] ou pour identifier les caractères chimiques à l'origine des caractères odorants des molécules[34].

Enfin, la communication des savoirs olfactifs a pu se mettre en place

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Les personnes qui se destinent à une activité en relation avec les odorants ont naturellement appris à sentir et possèdent une palette de connaissances précises qu'ils pourront communiquer pour partager leurs savoirs.[35].

L'apprentissage conjugue une communication odorante par la soumission des substances concernées et une communication olfactive avec leurs présentations, leurs dénominations et leurs emplois. Ceci doit être mémorisé pour permettre l'identification et la reconnaissance olfactive de ces substances. A un degré plus avancé s'y ajoute la capacité à décrypter certains composants dans un mélange et l'art de la combinaison de ces substances[36]. La communication demande l'apprentissage d'une certaine forme de langage qui reste le plus souvent l’apanage de ces professionnels.

La reconnaissance des odorants

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Le savoir consiste à accumuler les caractères odorants de sources en même temps que la dénomination de ces sources.

odorant et son label
figure 3 : Pour l'enseignant, la formation consiste à proposer simultanément l'odorant avec son label et ses commentaires. Les sujets pourront échanger avec les mêmes dénominations correspondant aux mêmes objets

Ainsi dans le cas de la formation des parfumeurs ou des aromaticiens, ils parviennent à reconnaître, en quelques années, jusqu'à 800 substances et parfois plus. Pour faciliter le travail, les substances sont organisées selon les critères retenus par l'enseignant[37]. Les formations permettent, en plus, à l'élève de trier les composants d'un mélange pour le raconter à son interlocuteur[38]. Le point le plus délicat est l’extrême hétérogénéité des "nez" : la complexité des produits naturels ne permet pas d'assurer que chacun peut y prendre les mêmes composantes. De plus cela demande un très important effort de mémorisation.

La description des odorités

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De nombreux auteurs ont montré la difficulté qu'avait la population à verbaliser ses perceptions olfactives[39] d'autant qu'elle ne dispose que des évocations qu'elles font naître pour les exprimer. Pourtant pour expliquer une odorité à un interlocuteur, il est besoin de descripteurs qui aient le même contenu signifiant/signifié pour tous. Certaines équipes ont voulu garder le lexique courant en pensant figer par des odorités de molécules ou de mélanges, la représentation des mots[40]. Mais cette approche est, bien sûr, loin de pouvoir réduire les difficultés de communication, le recouvrement entre signifiant et signifié restant très imparfait.

Alors, comme pour les autres caractères organoleptiques, il est besoin d'un langage commun pertinent s'appuyant sur un code signifiant/signifié biunivoque tel qu'il est proposé par le Champ des odeurs. Et comme pour les autres sens, ce langage, le plus simple possible pour pouvoir être aisément partagé, demande, malgré tout, un apprentissage qui superpose sur une communication odorante, une communication olfactive précise.

base du lanage
Figure 4 : Une communication efficace : le mot α-pinène est irrémédiablement lié à son odorité dans l'apprentissage des sujets : quand l'un prononce le mot, l'autre identifie l'odorité quels que soient la physiologie des sujets et les contenus de leurs perceptions.


Le fait est que, n'ayant pas été enseigné normalement dans la petite enfance, ce sont des adultes qui, eux, prennent conscience de l'effort demandé[41]. L'emploi de ce langage se basera sur une démarche analytique pour faciliter la description d'éléments plus simples[42]. Ainsi l'habitude de décrire la perception visuelle d'un objet complexe paraît évidente pour y trouver des éléments simples de forme, de couleur, de texture…, car un apprentissage drastique de ces langages a été fait dans la prime enfance puis perfectionné au cours de la vie[43].

Apprendre un langage commun objectif pour dépasser le stade des évocations, des affects et des souvenirs, ou la reconnaissance des innombrables odorants, reste le seul moyen que les hommes ont trouvé pour échanger sur leurs perceptions sensorielles de manière efficace. Maintenant que les connaissances de chimie et de neurophysiologie le permettent, l'olfaction peut valablement faire appel à cette démarche sans la réserver à des professionnels.

Sur Terre, l'évolution du vivant a peu à peu complété ses outils de communication si indispensables à la survie des organismes, à la formation du cerveau des plus évolués et au développement des espèces. L'échange de molécules est présent dès les tout premiers êtres au niveau des cellules (communication chimique). Les organismes ont progressivement développé des récepteurs dont l'efficacité les a faire perdurer. Un grand pas a été franchi avec l'apparition d'un cerveau concourant à la mise en place du sens de l'odorat. Il a permis dans un premier temps de partager des substances pour leur caractère odorant (communication odorante), puis avec les capacités conscientes de partager des perceptions (communication olfactive).

L'évolution de cette communication suit alors celle du niveau de langage accessible aux sujets. D'abord de simples mimiques peuvent suffire pour partager des émotions. Puis c'est un langage verbalisé commun, plus propre à l'homme, qui offrira le partage des souvenirs et des évocations. Enfin, c'est l'apprentissage d'un langage spécifique qui permettra d'identifier puis de décrire les odorités avec pertinence.

Tous ces modes de communication cohabitent chez un même sujet qui en dispose. Ainsi, pour l'homme, une même molécule peut avoir une action sur le soma et par ses caractères physico-chimiques particuliers activer l'olfaction. La communication, selon les objectifs recherchés, retient les effets adéquats qu'il ne faut pas confondre pour autant.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
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  2. (en) Yu-Nan Chen, « Olfactory bulb activity shapes the development of entorhinal-hippocampal coupling and associated cognitive abilities », Current Biology, no 33,‎ , p. 4353–4366
  3. Joël CANDAU, « Altricialité, », Anthropen,‎ (lire en ligne)
  4. WIKIUNIVERSITE, « Evolution de la communication olfactive »
  5. WIKIPEDIA, « Communication chez les plantes »
  6. Joël BOCKAERT, « Les récepteurs couplés aux protéines G », Med Sci Paris, no 28,‎ , p. 1133–1137
  7. WIKIPEDIA, « Intelligence animale »
  8. WIKIPEDIA, « Champ des Odeurs »
  9. Robert JASTROW, Au-delà du cerveau, Paris, Mazarine, , 188 p. (ISBN 978-2-863-74106-1)
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