Utilisateur:Iperekh/Brouillons/Influence de l'immigration sur la criminalité des pays d'accueil

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Définitions préalables[modifier | modifier le code]

Migrant, immigrant, étranger[modifier | modifier le code]

Criminalité[modifier | modifier le code]

Voir LMV (norme/loi).

Éléments statistiques[modifier | modifier le code]

Des données souvent partielles[modifier | modifier le code]

En France, malgré la création en 2003 de l'observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), il reste difficile d'accéder à des chiffres fiables et complets. En effet, la principale source statistique est l'état 4001[1] qui relève les faits constatés par les services de police, de gendarmerie et la préfecture de police de Paris (crimes ou délits portés à la connaissance de ces services ou découverts par ceux-ci). Or cet outil a initialement pour objectif de rendre compte de l'activité de ces services et non de la délinquance elle-même ; « les deux ne sont évidemment pas sans rapport et la première enregistre bien une partie de la seconde, mais une partie seulement »[2]. En plus de n'apporter qu'une vision partielle de la délinquance, le fait que ces données émanent directement des services concernés introduit un biais de partialité important rendant la fiabilité de ces chiffres incertaine en raison de leur manipulation éventuelle[3].

Cet outil statistique ne nous apporte de plus que trois données démographiques sur les auteurs ainsi mis en cause : leur sexe, leur statut de mineur ou de majeur et leur nationalité[4]. Il ne donne donc par exemple aucune information sur l'activité délinquantielle des personnes issues de l'immigration mais de nationalité française. L'absence d'éléments plus précis (âge, niveau d'éducation, etc.) empêche également d'exclure certains liens de causalité connus[5] et ne permet donc pas aux chercheurs d'apporter de conclusion valide sur un éventuel lien de causalité entre immigration et délinquance[6].

Une difficile définition des groupes[modifier | modifier le code]

Sans forcément cibler la question de la délinquance en particulier, certaines voix s'élèvent[7] pour demander l'instauration de statistiques ethniques obligatoires, permettant d'avoir une vision claire sur les sur- ou sous-représentations de certains groupes ethniques dans différents secteurs. Le conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) estime par exemple que ces statistiques permettraient d'avoir une vision claire des discriminations dont sont victimes ces groupes[8]. D'autres s'interrogent toutefois sur la validité scientifique de la définition des ethnies ainsi déterminées[9] ou des conséquences de la mise en place d'une telle catégorisation[10].

Quelques chiffres[modifier | modifier le code]

Éléments sociologiques[modifier | modifier le code]

La théorie du conflit de cultures[modifier | modifier le code]

Stigmatisation de l'étranger et criminalisation de l'immigration[modifier | modifier le code]

« Se pose alors la question de savoir si les migrations d'aujourd'hui sont devenues une menace effective pour la sécurité des pays d'arrivée, ou si nous sommes en face d'une conjoncture particulière de la questions sécuritaire dans le cadre de laquelle elles jouent le rôle d'un bouc émissaire. »

— Palidda 2003, p. 44

« C'est précisément lorsque les migrations sont réglementées de façon rigide, et davantage encore lorsqu'elles sont pratiquement interdites, que le risque de criminalisation apparaît le plus élevé. »

— Palidda 2003, p. 45

« Comme toute sorte de prohibition, celle qui frappe aujourd'hui les migrations a provoqué un développement extraordinaire de l'activité répressive de la police. »

— Palidda 2003, p. 45

« La prohibition des migrations, la "guerre" menée contre celles-ci pour défendre des privilèges de citoyenneté, a pour corollaire la négation de la liberté d'émancipation comme liberté de choix d'appartenance et donc d'identification. »

— Palidda 2003, p. 50

« Face à la difficulté d'une insertion régulière, face au rejet systématique dont ils ont été la cible principale et sous l'influence de messages incitant à la déviance, nombre de ces jeunes ont "tout naturellement" fini par former le gros des déviants des villes européennes — comme leurs alter ego "Noirs" ou "Chicanos" aux États-Unis. »

— Palidda 2003, p. 52

Une question très politique[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Fichier État 4001 », sur Sig.ville.gouv.fr, Ministère de l'égalité des territoires et du logement, (consulté le ).
  2. Mucchielli 2003, p. 22.
  3. « Les statistiques policières et judiciaires sont avant tout des outils de mesure de l’activité des services. Ce défaut de conception explique leur caractère partiel en ce qui concerne la mesure des délinquances, mais aussi leur fiabilité incertaine, liée à leur possible manipulation » (Le Bouillonnec, Quentin 2013).
  4. Mucchielli 2003, p. 22.
  5. « Cette approche a permis de mettre à jour l’effet statistique de l’âge, du niveau d’éducation, des opportunités sur le marché du travail, et de l’activité policière dans le risque de délinquance. En conséquence, établir le rôle causal d’un déterminant additionnel de l’activité délinquante - par exemple, le statut d’immigré - nécessite de contrôler les caractéristiques dont le rôle est déjà connu, comme l’âge ou le niveau d’éducation » (Rancière 2010).
  6. « En conséquence le lien de causalité entre immigration et délinquance n’est pas établi en France » (Rancière 2010).
  7. Au niveau international, il est possible de citer par exemple les recommandations du comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) (recommandations générales (en) n°4, (en) n°8 et (en) n°24) ou de la commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) (quatrième rapport sur la France). Au niveau national il s'agit par exemple du CRAN ou du président de la République, Nicolas Sarkozy (discours du 17 décembre 2008 à Palaiseau).
  8. « Débat sur les statistiques ethniques », sur le site du CRAN (Conseil représentatif des associations noires), (consulté le ) : « Mais ces enquêtes demeurent trop peu nombreuses, et ne permettent pas d'appréhender l'ensemble des problématiques. Qu'en est-il par exemple dans le logement, dans l'éducation ou dans l'emploi ? Comment mesurer les discriminations systémiques sans statistiques d'envergure ? Or, de nombreux organismes refusent de mettre en place cet outil essentiel : c'est ce qu'on appelle l'aveuglement volontaire. »
  9. « Ces quelques brefs éléments précisés, il apparaît très compliqué de mettre en place une catégorie ethnique "Arabe" en France, qui semble plus relever d’une construction a posteriori constituée sur le territoire français que de la réalité d’une identité ethnique commune, tant le terme recouvre des populations aux caractéristiques variées » (Chalard 2013).
  10. Louis Schweitzer, président de la HALDE du au , explique par exemple lors d'un chat organisé par Le Monde.fr en  : « Ces catégories n'ont aucune réalité et il ne faut pas mettre les Français dans des sortes de boîtes virtuelles où on les enfermerait. [...] Le fait de classer les gens par groupes est un encouragement au communautarisme. [...] Le Conseil constitutionnel a souligné que le concept même de catégorie ethno-raciale était contraire aux principes de la Déclaration des droits de l'homme. ».

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Bancel et Tsoukala 2003] Nicolas Bancel et Anastassia Tsoukala, « La stigmatisation de "l'étranger" en Europe : un phénomène univoque », Hommes & migrations, no 1241 « Incriminés, discriminés... »,‎ , p. 53-65 (lire en ligne [PDF])
  • [Den Boer 1998] Monica Den Boer, « Crime et immigration dans l'Union européenne », Cultures & Conflits, nos 31-32,‎ , p. 101-123 (lire en ligne)
  • [Brion, Bastenier et al. 2001] Fabienne Brion, Albert Bastenier et al., Mon délit ? Mon origine : Criminalité et criminalisation de l'immigration, Paris, De Boeck Universités, , 316 p. (ISBN 9782804135652, BNF 37640497, lire en ligne)
  • [Brion 2003] Fabienne Brion, « Une passion néerlandaise : la recherche sur la criminalité des allochtones », Hommes & migrations, no 1241 « Incriminés, discriminés... »,‎ , p. 66-77 (lire en ligne [PDF])
  • [Brion et Tulkens 1998] Fabienne Brion et Françoise Tulkens, « Conflit de culture et délinquance. Interroger l'évidence », Déviance et Société, vol. 22, no 3,‎ , p. 235-262 (lire en ligne)
  • [Butcher et Piehl 2007] (en) Kristin Butcher et Anne Morrison Piehl, Why are immigrants' incarceration rates so low? Evidence on selective immigration, deterrence, and deportation. (Working Paper 13229), (lire en ligne)
  • [Chalard 2013] Laurent Chalard, « Statistiques ethniques : pourquoi la catégorie "Arabe" ne peut pas exister », Le Plus, sur Nouvelobs.com, (consulté le )
  • [Dewitte 2003] Philippe Dewitte, « Danger, stigmatisations », Hommes & migrations, no 1241 « Incriminés, discriminés... »,‎ , p. 1 (lire en ligne [PDF])
  • [Le Bouillonnec et Quentin 2013] Jean-Yves Le Bouillonnec et Didier Quentin, Rapport de la mission d’information relative à la mesure statistique des délinquances et de leurs conséquences (n°988), (lire en ligne)
  • [Mucchielli 2003] Laurent Mucchielli, « Délinquance et immigration en France : un regard sociologique », Criminologie, Les Presses de l'Université de Montréal, vol. 36, no 2,‎ , p. 27-55 (ISSN 1492-1367, lire en ligne [PDF])
  • [Mucchielli 2013a] Laurent Mucchielli, « Postface. Déconstruire la représentation sociale du lien "naturel" entre immigration et délinquance », dans Stéphane Mourlane (dir.), Céline Regnard (dir.) et al., Les batailles de Marseille. Immigration, violences et conflits. 19è-20è siècles, Presses Universitaires de Provence, , 182 p. (ISBN 9782853998642, lire en ligne), p. 171-176
  • [Mucchielli 2013b] Laurent Mucchielli, « Délinquance et immigration : des préjugés à l’analyse », L’Essor de la gendarmerie nationale, no 457,‎ , p. 16-17 (lire en ligne [PDF])
  • [Palidda 2003] Salvatore Palidda, « Criminalisation et "guerre aux migrations" », Hommes & migrations, no 1241 « Incriminés, discriminés... »,‎ , p. 43-52 (lire en ligne [PDF])
  • [Poiret 2003] Christian Poiret, « Criminalisation de l'immigration et sociologie des relations interethniques », Hommes & migrations, no 1241 « Incriminés, discriminés... »,‎ , p. 6-19 (lire en ligne [PDF])
  • [Rancière 2010] Romain Rancière, « Immigration et délinquance : le verdict des statistiques », sur Libération.fr, (consulté le )
  • [Sicot 2007] François Sicot, « Conflits de culture et déviances des jeunes de banlieue », Revue européenne des migrations internationales, vol. 23, no 2,‎ (lire en ligne)
  • [Spenkuch 2010] (en) Jörg Spenkuch, Understanding the Impact of Immigration on Crime, (lire en ligne)
  • [Tribalat 2010] Michèle Tribalat, Les Yeux grands-fermés : l'immigration en France, Paris, Denoël, coll. « Médiations », , 240 p. (ISBN 9782207261774, BNF 42173275, présentation en ligne)
  • [Tsoukala 2002] Anastassia Tsoukala, « Le traitement médiatique de la criminalité étrangère en Europe », Déviance et Société, vol. 26, no 1,‎ , p. 61-82 (DOI 10.3917/ds.261.0061, lire en ligne)