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Utilisateur:HARauCégepTR/Étude pour « Le Débat sur les langues »

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Étude pour « Le Débat sur les langues » est une huile sur toile réalisée par Charles Huot [1], peintre et illustrateur québécois, entre 1910 et 1913 en préparation de l’œuvre finale qui sera éventuellement exposée au Salon Bleu de l’Assemblée Nationale[2]. C’est une toile qui dépeint la séance tenue par la Première législature du Bas-Canada qui concernait l’utilisation de la langue française comme langue nationale.

Description[modifier | modifier le code]

En ce qui concerne les moyens techniques, l’œuvre a été peinte à l’aide d’une peinture à l’huile sur une toile rectangulaire. Dans cette œuvre, l’artiste représente le déroulement hypothétique du débat des langues ayant eu lieu en 1793 dans le Salon Bleu de la chambre d’assemblée du Bas-Canada. Le port de la perruque en politique permet de confirmer l’époque du débat. Grâce à sa présence sur le trône présidentiel, il est possible de reconnaître Jean-Antoine Panet, député de la Haute-Ville de Québec. Malgré la majorité de costumes noirs et couleur ternes, des couleurs plutôt chaleureuses, certains habits sortent du lot avec leur couleur plus froides telles que le bleu et le vert. Cette saturation faisant ressortir la couleur orangée du tableau et le noir qui apporte une ambiance plutôt sombre ne sont pas seulement présents dans les habits, mais aussi dans les meubles, les rideaux et les murs. Le rideau de droite tiré, les chaises tombées, les documents éparpillés ainsi que le désalignement des nombreuses personnes entassées transmet un déséquilibre dans la toile. La division en deux demies de la toile est accentuée par la caractéristique rectangulaire et l’orientation de type paysage de la toile. La moitié du haut est plutôt vide, comportant des composantes architecturales comme des fenêtres et des moulures, tandis que la moitié du bas est remplie : on y trouve une multitude de députés qui participent au débat en avant, milieu et arrière-plan (de la moitié occupée). On observe donc un déséquilibre entre le bas de la toile et le haut. L’observateur a un point de vue normal, à la hauteur des personnes mises en scène. Bien que le cadrage soit loin, celui-ci donne une vision d’ensemble de la pièce. Le regard porté sur la toile est désordonné et non-uni puisqu’un grand nombre d’éléments sont exposés à l’avant de la toile. Cependant, nous pouvons constater un centre d’intérêt vers la droite de l’œuvre dans la confrontation entre le président de l’assemblée et un des députés qui lève sa main vers le haut. La source de lumière dans l’œuvre provient principalement des grandes fenêtres dans le haut de la toile, mais ce sont les personnes au premier plan qui sont davantage éclairées que celles en haut sur le balcon, pour les mettre en évidence. L’ombre utilisée dans le coin arrière gauche de la toile provoque l’effet de foule, donnant  l’impression qu’un grand nombre de personnes assistent au débat.

Reconnaissance du français dans le Bas-Canada[3][modifier | modifier le code]

La reconnaissance du français dans le Bas-Canada fait connaître des débats d’une haute intensité. Les débats opposent le Parti canadien, qui représente les Canadiens français de classe moyenne, et le Parti des bureaucrates, qui représente les partisans de la Grande-Bretagne, qui sont fortement pour l’idée de l’assimilation des Canadiens français à la culture anglaise. Ce dernier a comme but l’abolition de nombreuses institutions françaises.

Le contexte identitaire des situations politiques du Bas-Canada s’est longtemps construit autour d’une majorité francophone et d’une minorité anglophone. De ce fait, la minorité, les anglophones, ont l’appui du Conseil législatif de la province du Canada pour contrer l’opposition, ce qui les avantage grandement. Le 21 janvier 1793 eu lieu l’une des premières séances de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada : Le débat sur les langues, une bataille décisive. Le sujet de ce débat est le choix de la langue utilisée par l’orateur ou le président des assemblées. Ce qui est révoltant, car l’anglais est la langue du pouvoir britannique. La majorité canadienne-française l’emporte avec un unilingue, cela forge donc le statut sur la langue française du Parlement du Bas-Canada. Ce débat se poursuit sur le choix de la langue d’usage. La chambre opte pour un double-usage, pour finalement utiliser le français seulement comme langue de traduction. Cela reconnaît donc le français comme l’une des langues officielles.

Cependant, en 1841, avec l’Acte d’Union, l’Angleterre proscrit le français et décrète l’anglais comme étant la seule langue officielle du Canada-Uni. De nombreuses clauses de l’Acte d’Union attisent la colère chez les Canadiens français. Rapidement, en 1848, de vives réactions en résultent, les habitants de la région de Québec, anciennement le Bas-Canada, font des pétitions et se révoltent, sous la pression l’Angleterre flanche et reconnaît le français de nouveau comme langue officielle.

Attribution du contrat[4],[5],[6][modifier | modifier le code]

En 1901, les autorités en place qui cherchaient à décorer le palais législatif annoncent l’ouverture d’un concours générale, plutôt que de commander l’œuvre d’un artiste particulier. Le manque de décor pour remplir le cadre qui siège au-dessus du trône de l’Orateur provient de tergiversations de longue durée quant à sa décoration, qui mènent éventuellement vers la décision prise d’ouverture du concours. Dans l’annonce, on pouvait y lire les dimensions requises, la somme du prix monétaire alloué et que bon nombre d’artistes participeront au concours, notamment Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté.

Puisque  la commande spécifie un tableau de nature historique et que les artistes se disputaient la victoire, il va de soi que l’art québécois, à cette époque, ait été fortement influencé par la requête et explique les nombreux tableaux historiques peints à cette époque. Lorsqu’au début de l’année 1910, la rumeur circule que Huot sera le peintre de la deuxième œuvre à être présentée dans l’Assemblée Législative, Suzor-Côté exprime rapidement son mécontentement vis-à-vis la décision directe sans consultation par concours au ministre des Travaux Publics, Louis-Alexandre Taschereau. Plusieurs autres artistes suivent le mouvement et font connaître au ministre leur désaccord très rapidement. Taschereau calme au plus vite les mécontentements des artistes déçus en exprimant qu’un concours à l’échelle nationale n’était pas faisable ou nécessaire dans les circonstances mais en assurant que dans le futur, si besoin est, un concours serait mis sur pied pour la décoration ultérieure avec d’autres œuvres. Il met ensuite en place une simulation de concours pour lequel il reçoit un compte rendu provenant de Thomas Chapais, Eugène Taché et Ernest Myrand qui lui écrivent que, après de longues considérations, ils conseillent fortement le choix du tableau de Charles Huot. Huot se met au travail et, à travers des lettres envoyées à sa fille, il est possible de comprendre que son différend avec Suzor-Côté par rapport à l’obtention du contrat s’est réglé, puisqu’il demande des nouvelles de son « ami » à la fin d’une de ses lettres.[7]

Fantaisie géographique[modifier | modifier le code]

Lors de l'exécution de sa toile, Charles Huot a voulu transmettre son opinion sur la place des Canadiens français dans la société. Pour ce faire, il utilisera le Château St-Louis. Le Château St-Louis est un symbole dominant du régime français. Rasé par les flammes, il a été enterré par les autorités britanniques. C’est pour cette raison qu’on ne devrait pas le voir au travers la fenêtre de droite. Ce sont plutôt les jardins du Séminaire qui devraient être représentés géographiquement parlant. En intégrant ce château, (L’artiste) semble dire : « cette Chambre d’assemblée nous a été accordée par les Anglais, mais nous ne sommes pas nés avec eux. Nous étions là avant »[8].

Évolution actuelle du débat sur les langues[modifier | modifier le code]

Le 28 mars 1969, près de 15 000 personnes ont manifestées dans le but de rendre l’Université McGill francophone ; c’est ce que l’on nomma l’Opération McGill français. C’est un événement marquant de la demande du français dans les institutions scolaires. Plusieurs tensions sont observables chez les étudiants québécois depuis l’instauration des CÉGEP, en 1967. Plusieurs milliers d’étudiants craignent de ne pas pouvoir avoir accès aux études universitaires, car il n’y a qu’une seule université francophone à Montréal.

Certaines mesures, à travers le temps, ont été mises sur pied pour assurer la conservation de la langue française au Québec et, par le fait même, la conservation de notre culture. Il est possible de penser à des mesures comme la Charte de la langue française, aussi connue sous le nom de loi 101, qui met en vigueur des droits, avantages et obligations par rapport au maintien du français au Québec. L’adoption de cette loi, tout comme Le débat sur les langues, suscite de longues heures de débat et provoque même des tensions au sein de la société. Le but premier de ce projet de loi était de limiter l’assimilation du Québécois de langue française et d’assurer la préservation de sa culture. On cherchait aussi à compenser pour une différence flagrante de statut entre les deux cultures qui composent le Québec (anglophones et francophones), dans de nombreux domaines comme l’éducation, l’emploi et la politique.

L’instauration du français comme langue officielle joue un rôle important dans la conservation du français au Québec. Cette loi, adoptée en 1977, évolue constamment à travers le temps afin de s’adapter à la nouvelle réalité et se conformer aux fonctions de ceux qui l’utilisent. Ce travail constant assure sa pérennité et la moule au goût du jour. Il est possible de constater que près de deux siècles après le débat des langues, les revendications linguistiques sont encore un sujet actuel.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « HUOT, CHARLES », sur mnbaq.org (consulté en )
  2. « HUOT, CHARLES Étude pour « Le Débat sur les langues » », sur mnbaq.org (consulté en )
  3. Bibliothèque et Archives Canada, « Le Bas-Canada », sur Bibliothèque et Archives Canada, (consulté en )
  4. Robert Derome, « Charles Huot et la peinture d'histoire au Palais législatif de Québec (1883-1930) », sur gallery.ca, (consulté en )
  5. Joanne Chagnon, « Charles Huot et le débat sur les langues », BULLETIN BIBLIOTHÈQUE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE, vol. 37, no. 1,‎ , p. 20 à 24
  6. Joanne Chagnon, « HUOT, CHARLES », sur Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, (consulté en )
  7. Noémi Mercier, « Le tableau de la discorde », L’ACTUALITÉ,‎ , mars 2020
  8. Joanne Chagnon, « Le débat sur les langues expliqué à des élèves », sur monccl.com, (consulté en )