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Un lieu symbolique, rempli de terreur, a laissé place à la paix et à une certaine mémoire "éternelle" : Verdun.

Comment la bataille de Verdun est-elle devenue un lieu de mémoire ?[modifier | modifier le code]

Verdun avant la bataille[modifier | modifier le code]

Verdun est une ville située au Nord-Est de la France. Elle constituait un point stratégique que les Allemands devaient s'approprier. En effet, sa configuration territoriale était favorable pour ceux-ci : son front large, surnommé "boulevard moral de la France"[1] et sa position centrale encourageaient l'attaque. De plus, La ville de Verdun avait pour seul moyen d'acheminement une voie ferroviaire et une route départementale.[2] Cela rendait donc le transport simultané d'armes et de soldats difficile jusqu'au champ de bataille. Mais déjà bien avant cette guerre, Verdun était un haut lieu de mémoire. En effet, elle est devenue, grâce à Vauban, une puissante ville fortifiée par ses enceintes de forts tel que Douaumont[3]. Néanmoins, ils furent désarmés un ans plus tôt pour renforcer l'artillerie.[4] La menace permanente des Français aux Allemands aurait-elle joué aussi son rôle ?

La naissance d'un symbole[modifier | modifier le code]

Soldats dans l'enfer de Verdun (87e R.I., côte 304).
Les traces des bombardements sont toujours visibles (2005, près du Mémorial de Verdun).

Toute l'armée française est allée à Verdun[5]. Elle est le lieu où il y a eu les bombardements les plus monstrueux de toutes les guerres jamais connues. Verdun a fait naître son propre stéréotype. En effet, les soldats, qui se battaient pour défendre le sol de leur patrie et par légitimité, décrivaient Verdun comme un revêtement boueux et glacé qu'il fallait à tout prix supporter pour espérer un jour retrouver sa famille. Au fur et à mesure de la Guerre, le sol de Verdun s'est redessiné comme lunaire, ravagé et dévasté. L'explosion des obus en masse a fait naître un nouveau paysage encore visible aujourd'hui. Verdun est un lieu lourd de significations et de sacrifices. Chacun a subi des épreuves épouvantables et horriblement meurtrières remettant même en question les limites de la condition humaine [6]. Des témoignages bouleversants de soldats ont démontrés que Verdun était une frontière entre deux mondes. L'état psychologique de ces hommes était détruit dès la nouvelle : " Vous êtes priés de faire ... ". Chacun d'eux était persuadé que la mort les attendait là-bas, sur le champ de bataille. Une chanson symbolise cet adieu déchirant et non un au revoir:

« Adieu la vie,
c'est pas fini, c'est pour toujours cette guerre infâme.
C'est à Verdun, Douaumont ou Vaux
Qu'on va laisser sa peau
car nous sommes tous des condamnées:
c'est nous les sacrifiés[7]. »

Pour calmer les ardeurs, les journalistes de l'époque utilisaient l'euphémisme et la propagande[8]. " Verdun est ce qu'il y a de plus beau, de plus pur, de meilleur dans l'âme française"[9], synonyme de patriotisme, de bravoure et enfin de générosité. Les soldats avaient faim, froid à cause des mauvaises conditions climatiques durant les premiers mois de la guerre : pluie, neige et vent. Le maréchal Pétain était fier de tous ces hommes qui survivaient dans cet "enfer" même s'il y avait de plus en plus de morts chaque jour : défaite des offensives[10]. Ce combat , qui a mobilisé soixante-dix divisions de l'armée française[11], a également réduit considérablement le contact des familles avec leur proche de "l'avant" car le peu d'itinéraires existant étaient bombardés.

La construction de la mémoire de Verdun[modifier | modifier le code]

Fin de la bataille et début de la mémoire[modifier | modifier le code]

Médaille commémorative accordée aux anciens combattants ayant participé à la bataille de Verdun.

Verdun est devenue un lieu de mémoire national : elle a générée la fierté de toute une nation mais aussi de combattants: c'est le lieu où des milliers de soldats ont combattu et ont perdu la vie (720 000 victimes)[12]. Dès 1917, le conseil municipal de Paris décide d'ériger un monument commémoratif de la bataille : le nom de Verdun est donné à des places mais aussi à des boulevards et des rues. Toutes les villes comptent à ce jour au moins une rue portant le nom de Verdun. Son histoire est enseignée à l'école, elle n'est pas devenue une légende mais pour l'illustrer, le maréchal Pétain, Joffre et Foch sont en photo dans tous les manuels d'histoire de France.

En 1920, un monument est inauguré : celui de la Tranchée des Baïonnettes[13], permettant pour l'arrière de s'imaginer la Guerre. Ce monument a pour origine la résistance de deux sections du 137e régiment. Les baïonnettes étaient les armes que les soldats portaient pour le combat. Le 12 juin 1916, cent trente sept tranchées étaient attaquées. Les hommes furent ensevelis vivants par les Allemands.

Verdun est le lieu de l'identité nationale : elle est la mémoire de l'identité des soldats. Après la guerre, Verdun devient un lieu très touristique. C'est le phénomène de mode où il faut être allé au moins une fois dans sa vie. Néanmoins, les milliers de corps des victimes de la guerre gisent sur le sol, les touristes remportent avec eux des os ou des crânes. On décide alors de construire un ossuaire pour entasser tous ces os humains ou encore un "mausolée".


En effet, en 1919, l'évêque de Douaumont, Mgr Ginisty, décide de faire naître un imposant ossuaire [14]: celui de Douaumont. En construction pendant dix ans, il a d'abord été une baraque en planches puis enfin un lieu de mémoire nationale, dès le mois d'aout 1920. Cette œuvre de guerre a permis à la religion de jouer un rôle important pour Verdun. Ce monument funéraire et religieux, ouvert à toutes les religions, a été inauguré pendant trois jours du 18 au 21 septembre 1927 (première partie) et définitivement presque cinq ans après. Ces inaugurations très spectaculaires s'inscrivirent dans la tradition. Leur financement coûta quinze millions de francs : cent vingt-deux villes françaises et dix-huit villes étrangères y participèrent. Pendant près de vingt ans après la Guerre, des formes de cultes mémoriels sont organisées. Les veuves ou les anciens combattants venaient rendre hommage aux membres familiaux ou amicaux perdus pendant ces trois cent jours. Puis dès les années 30, les associations des anciens combattants organisèrent des "Journées à la mémoire". Elles consistaient à visiter l'ossuaire et le champ de bataille. Ce pèlerinage se terminait dans son cloître parfois sous forme de veillée. "Les fêtes de la Bataille" sont célébrées au mois de février dès 1927.

Plus importante encore fut la journée nationale du 12 juillet 1936. Vingt mille anciens combattants allemands, italiens et français confondus, s'arrêtèrent devant une tombe en faisant le serment de sauvegarder et de vouloir la paix[15]. Parallèlement, depuis 1920, la municipalité de Verdun organisait "la fête de la Victoire". La date n'était pas choisie au hasard. En effet l'offensive allemande atteignit sa plus belle position le 12 juillet. Ces fêtes se déroulaient pendant deux jours et comprenaient un défilé militaire, un discours et pour terminer une veillée à l'ossuaire de Douaumont. Le 11 novembre 1936, un important discours fut prononcé, celui de Douaumont [16]:

" Parce que ceux qui reposent ici et ailleurs ne sont entrés dans la paix des morts que pour fonder la paix des vivants…
Et parce qu’il nous serait sacrilège d’admettre désormais ce que les morts ont détesté…
La paix, que nous devons à leur sacrifice, nous jurons de la sauvegarder et de la vouloir. "

Le maréchal Pétain est venu quatre fois présider ces fêtes patriotiques et le président Poincaré deux fois.[17]

De la Seconde Guerre mondiale à aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Après la Seconde Guerre mondiale, des Allemands sont venus pour la première fois visiter le champ de bataille. La mairie de Verdun les a accueillis, ainsi que le président de la République et le chancelier allemand de l'époque afin de rendre hommage aux nombreux morts, au cimetière de Douaumont. Le plus paradoxal est le fait que ces deux personnages importants sont l'un à côté de l'autre, main dans la main[18].

Le Mémorial de Verdun.

Du point de vue culturel, la ville de Verdun accueille, chaque année, près d'un demi-million de visiteurs mais la mémoire s'éteint progressivement. En 1959, le Comité national de Verdun décide de construire un nouveau mémorial[19], cette fois-ci sur le champ de bataille. Ce musée est un lieu d'instruction qui permet aux visiteurs de s'imaginer la guerre même si c'est impossible lorsqu'on n'a pas franchi ce monde rempli de terreurs. La Seconde Guerre mondiale a redéfini la position de Verdun et l'a bel et bien qualifiée comme le point culminent et le sommet de la bataille.

Aujourd'hui, Verdun est perçue comme la ville qui regroupe à elle seule la guerre. De nombreux ouvrages ont été publiés sur Verdun adoptant différents points de vue et réactions. Par exemple: La bataille de Verdun (1929), écrit par le maréchal Pétain lui-même ou encore Le Verdun (1937), de Jules Romains. Cette mémoire précoce est aussi vivante grâce à des films et d'autres monuments.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les lieux de mémoire d' Antoine Prost, page 1756
  2. Les lieux de mémoire d'Antoine Prost, page 1756
  3. Mémoriale de Verdun, troisième paragraphe
  4. Mémoriale de Verdun, troisième sous-partie
  5. Les lieux de mémoire d'Antoine Prost, page 1761
  6. Les lieux de mémoire d'Antoine Prost, page 1775
  7. Les lieux de mémoire d'Antoine Prost, page 1761
  8. Le journal L'Illustration représente un stock d'obus impressionnant, n'existant pas à Verdun
  9. déclaration du président de la Republique de l'époque, le 13 septembre 1916 à Verdun
  10. La trace des batailles dans la mémoire collective, paragraphe 10
  11. Les lieux de mémoire d'Antoine Prost, page 1761
  12. Verdun, la vie !
  13. La tranchée des Baïonnettes
  14. L'ossuaire de Douaumont, deuxième grande partie
  15. Serment de Verdun
  16. Serment de Douaumont
  17. Les lieux de mémoire, d'Antoine Prost
  18. Les lieux de mémoire d'Antoine Prost, page 1771
  19. Mémoriale de Verdun

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Verdun, les évolutions de la mémoire d'une bataille symbolique, site internet du gouvernement [1]
  • La tranchée des Baïonnettes, site internet du gouvernenment [2]
  • Les évolutions d'une bataille symbolique [3]
  • Le chemin de mémoire de Verdun, site internet [4] et [5]

Bibliographie[modifier | modifier le code]