Aller au contenu

Utilisateur:Carbone+/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

[[]]= Biochaleur = Biochaleur est une société créée en 1981 par un groupe d'institutions françaises pour développer l'utilisation énergétique de la biomasse, qui a agi jusqu'en 1990. Elle est une illustration d'une méthode de développement d'un objectif écologique (ici, le recours à la biomasse plutôt qu'à des énergies fossiles), allant à l'encontre des forces de marché.

La société a été créée en mai 1981 à l’initiative de l’Union des HLM (devenue depuis l'Union sociale pour l'habitat), avec un groupe d’organismes  professionnels et financiers : Caisse des dépôts et consignations, Crédit agricole, Crédit Foncier de France, Fédération des syndicats de propriétaires forestiers sylviculteurs, devenue Fransylva, Fédération nationale du Bois, Fédération nationale des communes forestières de France, Fédération nationale de l’habitat rural.

Ses initiateurs, Robert Lion, alors Directeur Général de l’Union des HLM, et Pierre Cubaud, Directeur du Centre national d'études techniques des HLM, avaient l’objectif de créer un organisme qui explore les conditions techniques et économiques du développement de la biomasse énergie, et qui soit le ou l’un des pilotes de ce développement. Le levier principal d'action espéré pour la société était la demande des organismes HLM, et en second lieu, des collectivités locales, pour une énergie dont les prix soient maîtrisables. Il convient de noter qu’avant cette initiative, l’utilisation énergétique du bois était cantonnée, en France, à l’industrie du bois.

Dans l’esprit des fondateurs, le groupe des promoteurs et actionnaires de la société représentait ce qui pouvait constituer la future filière du bois énergie, de la forêt à l’utilisateur.

Au cours de ses neuf années d’existence, la société a contribué à la réalisation d’environ 70 chaufferies collectives dans les secteurs résidentiels et tertiaire[1]. Principalement des chaufferies collectives de logements, par exemple à Angers (cité des Nozay), Montreuil-Bellay (cité "la herse"), Bastia (cité "Aurore"), ainsi que des réseaux de chaleur urbains, par exemple dans la Creuse, à Bourganeuf, en Haute-Saône, à Gray, dans la Marne, à Vitry le François, ou des équipements publics, notamment des lycées tels que le lycée de Bellegarde, dans l'Ain, ou la base aérienne de Solenzara, en Corse du Sud.

Elle a travaillé au développement de la filière bois énergie en réalisant les études de la ressource en bois énergie de la plupart des régions françaises et sur la transformation du bois (plaquettes de bois déchiquetées, granulés); en contribuant à la création de structures d’approvisionnements en bois (Par exemple, Coforsol, en Sologne, à partir de 1981, ou Corse Bois Energie, en 1985); en organisant la garantie des approvionnements (création de la première société de garantie des approvisionnements en bois, Garantie Bois Energie, en 1989); en organisant la sensibilisation et la formation de consommateurs d'énergie; et surtout en installant des chaufferies. Elle a initié une structuration de l'offre en créant l'Association bois-énergie (déclarée le 4 août 1988 à la Préfecture de police de Paris), regroupant la plupart des acteurs français de l'offre de cette énergie[2][3]

Alimentation de la chaudière à paille de la cité Normandie-Niemen à Viileparisis

A partir de 1984, elle a privilégié un développement fondé sur un ensemble de choix visant à créer des installation compétitives sans subvention par rapport aux concurrents fuel et surtout gaz : en premier lieu, le recours à un combustible bois peu transformé, non séché, issu d’un déchiquetage simple, cela afin de bénéficier d’un approvisionnement compétitif par rapport au gaz et au fuel, livré à un prix inférieur à 12 centimes de francs (2 centimes d'euro) par kmh; en second lieu, la mise en place d'installations rustiques, capables de consommer des plaquettes de bois brutes, de la sciure ou des écorces, ces combustibles étant extraits des silos par des poussoirs et des tapis; en troisième lieu, pour amortir plus aisément le surcoût de l'installation, en choisissant de construire des chaufferies de taille significative (de puissance supérieure à 1 MW, en privilégiant les installations supérieures à 5 MW); en quatrième lieu, en choisissant la bi-énergie pour optimiser les coûts, c'est à dire l'utilisation du bois en base, fournissant environ 80 % des besoins, le secours et les pointes de demande étant assurées par l’ancienne énergie. La société a aussi testé la mise en place chaufferies à bottes de paille (par exemple à Villeparisis, en Seine et Marne) et à granulés de paille. Par ailleurs, pour des installations de puissance inférieure à 1 MW, la société a accompagné le développement de la filière granulé (ou pellets). La stratégie dans ce cas était d'accepter un combustible plus cher que le bois peu transformé, mais permettant de recourir à des installations elles aussi moins coûteuses, notamment parce que les corps de chauffe étaient moins volumineux et parce que l'alimentation des brûleurs pouvait se faire à l'aide de vis sans fin.

Alors que le prix du pétrole s'élevait à 40 dollars le baril à la création de la société, il est redescendu à 6 dollars en 1985, puis a oscillé entre 10 et 20 dollars de 1986 à 1990. Cela a nuit à la compétitivité du bois. En 1990, les actionnaires de la société ont décidé de l'intégrer à une filiale de la Caisse des dépôts et consignations, puis de la fermer.

Bilan et enseignements

[modifier | modifier le code]

Dans le contexte des chocs pétroliers de 1973 et 1979, et du contre-choc qui a suivi en 1985, Biochaleur a joué un rôle de pionnier dans la définition des conditions techniques et économiques de développement du bois énergie. L'expérience accumulée à cette occasion a sans doute joué un rôle dans le redémarrage du bois énergie en France à la fin du XXéme siècle. En même temps, la société a été soumise à une concurrence forte d'opérateurs puissants, notamment Électricité de France et Gaz de France, tandis que la baisse des prix du pétrole de 1985 à 1990 nuisait à la compétitivité du bois comme combustible [1].

Elle a bénéficié d'un appui du mouvement HLM et d'un appui des pouvoirs publics (Agence française pour la maîtrise de l'énergie, devenue ensuite ADEME) qui apportaient des subventions de l'ordre de 30 % aux chaufferies bois. Toutefois, ces appuis, notamment celui des HLM, ont trouvé leur limites lorsque la compétitivité du bois s'est érodée.

Dans le contexte de bas prix du pétrole, ses actionnaires n'ont pas choisi de la transformer en un opérateur national capable de financer les chaufferies bois et de concurrencer les grands opérateurs qui portaient les énergies concurrentes. Les acteurs de la filière bois, dispersés et aux intérêts divergents, n'ont pas été en mesure de soutenir son action.

Cette expérience montre les limites d'une tentative d'organisation d'une filière à partir de la demande, celle-ci n'ayant pas d'intérêt fondamental à porter cette filière lorsque les conditions économiques changent.

  1. Anonyme, « La filière bois », CDScope n°52,‎ , p. 20-22
  2. Daniel Auclair, Jean-Pierre Jorez, Laurent Piermont, « Variabilité des qualités énergétiques des plaquettes de bouleau en Sologne », Revue Forestière Française.,‎
  3. anonyme, « Le bois-énergie et la baisse des charges », Le Monde,‎