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Sophie Podolski

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Sophie Podolski
Portrait de Sophie Podolski par sa sœur Catherine Podolski
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 21 ans)
Nationalité
Activités

Sophie Podolski, née le 8 octobre 1953 et décédée le 29 décembre 1974, est une poétesse et graphiste francophone belge.

Sophie Podolski est issue d'une famille d’intellectuels et d’artistes. Sa mère, la céramiste Ann Cape, est la fille du compositeur et chef d’orchestre américain Safford Cape. Son père, Michel Podolski, est un musicologue et luthiste baroque réputé. Sa grand-mère maternelle, Marianne Van den Borren, fille du musicologue Charles Van den Borren, est la cousine de Dominique Rolin dont elle fut très proche. Son grand-père paternel, Nicolas Podolski, de nationalité ukrainienne, a fui son pays à la veille de la révolution russe de 1917, et a émigré aux États-Unis puis en Belgique. Née apatride, Sophie Podolski obtient la nationalité belge en 1973, à l'âge de 20 ans, à la suite de la naturalisation de son père[1].

Malgré une mémoire exceptionnelle, Sophie Podolski a une scolarité difficile. À l’âge de 12 ans, elle est renvoyée de l’école. À 15 ans, elle suit les cours de gravure à l'Académie de Boitsfort, où sa mère est enseignante. Au printemps 1969, elle entre dans la communauté artistique du Montfaucon Reasearch Center[2] de Michel Bonnemaison et Joëlle de La Casinière, et fréquente épisodiquement ce groupe pendant trois ans. Ses compagnons du Montfaucon se définissent eux-mêmes comme des “freaks”, équivalents créatifs des hippies. Menant une existence nomade, Sophie dort et écrit où elle peut. Elle expérimente aussi les drogues psychédéliques[3].

Son unique livre, Le pays où tout est permis, est publié en 1972, avec des textes et des dessins reproduits dans son écriture manuscrite artistique. Une édition typographique avec une préface de Philippe Sollers suit en 1973, sans l'accord de l'autrice[4]. L'ouvrage est partiellement traduit en anglais sous le titre The Country Where Everything Is Allowed[5]. Le manuscrit est conservé aux Archives et Musée de la Littérature à Bruxelles. Plus de 213 textes et dessins sont conservés au Musée de Rochechouart.

Podolski souffre de schizophrénie et fait des séjours en cliniques psychiatriques à Bruxelles et Paris, en particulier à la légendaire Clinique de La Borde, berceau de la psychiatrie institutionnelle, où le philosophe Félix Guattari a longtemps travaillé[1]. Le , elle tente de se suicider à Bruxelles, et décède dix jours plus tard.

Podolski laisse un certain nombre de poèmes inédits et des œuvres graphiques qui sont publiés à titre posthume par l'éditeur Marc Dachy dans sa revue littéraire Luna Park. Un numéro spécial lui est consacré : « Sophie Podolski Snow Queen » (no 6, 1980)

Sa poésie est admirée par le romancier et poète Roberto Bolaño, qui y fait référence dans ses romans Les détectives sauvages, Anvers, et Distant Star, et dans ses nouvelles « Vagabond en France et en Belgique » et « Dance Card (en) » (toutes deux rassemblées dans Derniers Soirs sur la Terre (en))[6].

  • Le pays où tout est permis, Bruxelles, Montfaucon Research Center,
  • Le pays où tout est permis (préf. Philippe Sollers), Paris, Belfond, (édition typographiée contestée par l'autrice)[7]
  • Caroline Dumalin (dir.), Sophie Podolski. Le pays où tout est permis, Mercator, , 144 p.

Publication en revue

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  • Tel Quel, no 53 et 55, Paris, printemps et automne 1973
  • Luna Park, no 1, Bruxelles, hiver 1974
  • Luna Park, no 2, numéro spécial "Graphie", Bruxelles, 1976
  • Luna Park, no 3, Bruxelles, 1977
  • Tel Quel, no 74, Paris, 1977
  • Art Press, no 5,
  • "Sophie Podolski, reine des Neiges" (inédit posthume), in Luna Park, no 6, numéro spécial "Sophie Podolski", Bruxelles, 1980
  • Minuit, no 39, Paris, 1980
  • Lettre inédite à Philippe Sollers, in Luna Park, no 5, deuxième série, Paris, 2009
  • The Seattle Review, volume 7, no 1-2, extraits de Dans le pays où tout est permis traduits en anglais par Paul Legault

Ouvrage collectif

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  • Manu Script [Joëlle de la Casinière, Olimpia Hruska, Jacques Lederlin, Sophie Podolski et Alberto Tavares], Éditions Dérives, Montréal, 1980

Bibliographie

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  • Anouck Cape, « Sophie Podolski et l'écriture-monde », Gruppen, Paris, Gruppen Éditions, no 14,‎
  • Caroline Dumalin, Le pays où tout est permis - The country where everything is permitted, Bruxelles, Wiels - Fonds Mercator,
  • Denis Saint-Amand, « Sophie Podolski. Maudite petite belge », Analyses. Revue de critique et de théorie littéraire, vol. 8, no 1,‎ (lire en ligne)
  • Denis Saint-Amand, « Bohèmes, oubliés et maudits », Textyles, no 53,‎ (lire en ligne)

Références

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  1. a et b « Sophie Podolski », sur Villa Vassilieff (consulté le )
  2. Christiane P. Makward, Dictionnaire littéraire des femmes de langue française. De Marie de France à Marie NDiaye, 474–76 p.
  3. « Sophie Podolski : Le pays où tout est permis » [archive], sur Villa Vassilieff (consulté le )
  4. « Sophie Podolski, retrouvée », (consulté le )
  5. La traduction du titre "The Country Where Everything Is Allowed" est celle utilisée dans The Princeton Encyclopedia of Poetry and Poetics (4ème éd., p. 133) et dans la traduction anglaise "Dance Card" de Bolaño (section 42). On rencontre également la traduction alternative "The Country Where Everything Is Permitted".
  6. Francisco Goldman, « The Great Bolaño », New York Review of Books, vol. 54, no 12,‎ (lire en ligne)
  7. L'édition originale de 1972 est un facsimilé du manuscrit illustré, contrairement à l'édition de Pierre Belfond qui est typographiée, corrigée et censurée contre l'avis de l'auteure. Ceci est décrit dans la postface de la revue Luna - Park 6, Sophie Podolski Snow Queen de Marc Dachy (ISSN 0379-4563)

Liens externes

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