Rufrius Crispinus

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Rufrius Crispinus
Fonction
Préfet du prétoire
-
Biographie
Naissance
Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Époque
Allégeance
Activité
Conjoint
Enfant
Rufrius Crispinus (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Gens
Rufrii (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Rufrius Crispinus, chevalier puis sénateur romain, fut préfet du prétoire sous l’Empereur Claude. Il eut pour épouse Poppée qui, après leur divorce, devint la seconde épouse de Néron. Condamné à l'exil par ce dernier, il fut finalement mis à mort en 66.

Sources[1][modifier | modifier le code]

On le connait essentiellement via les Annales de Tacite.L'épigraphie fournit des sources indirectes.

Vie[modifier | modifier le code]

On ignore son origine familiale et sa date de naissance. Le nom de famille Crispinus est fréquemment attesté dans l'histoire romaine. Son accession à la préfecture du prétoire sous l'empereur Claude atteste d'un solide ancrage dans l'ordre équestre: Claude est réputé être un Empereur très proche de cet equester ordo[2].

L'hypothèse selon laquelle il serait de basse origine égyptienne se fonde sur une mauvaise interprétation de Juvénal et de Martial[3].

Il se maria en 44 avec Poppée dont il eut un fils, portant le même nom que lui. Il divorça et Poppée épousa le futur empereur Othon, puis Néron[4]. Déchu et condamné à l'exil en Sardaigne par ce dernier en 65 [5], il y finit assassiné en 66, tout comme son fils, devenu de facto beau-fils de l'Empereur, l'avait été ou le serait sous peu[6].

Carrière[modifier | modifier le code]

Il est nommé préfet du prétoire par Claude au milieu des années 40[7]. Puis il accède au Sénat, d'abord au rang prétorien, intermédiaire dans la hiérarchie sénatoriale, vraisemblablement après avoir mâté une rébellion en 47[8].

Il semble qu'il partagea la préfecture avec un collègue, du moins pendant une partie de sa charge[9].

Par la suite, il est le premier préfet du prétoire à recevoir les ornements consulaires, des mains de l'empereur Claude, et grimpe donc au sommet de la hiérarchie sénatoriale. Ce qui put faire scandale[10]. Il perdit son poste en 50, sans doute sous l'influence de l'impératrice Agripinne, mère de Néron d'un premier mariage, au motif qu'il serait resté fidèle à la mémoire de Messaline et aurait soutenu ses enfants Octavie et Britannicus[11]. Il fut remplacé par Burrus.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. On trouvera le catalogue complet des attestations dans l'ouvrage suivant, page 485: Demougin S., Prosopographie des chevaliers romains julio-claudiens (43 av. J.-C. - 70 ap. J.-C.), EFR, 1992. Lire en ligne: http://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1992_ths_153_1
  2. Voir par exemple Suétone, Claude, VI.
  3. Juvénal (Satires 1 et 4) et Martial mentionnent un Crispinus, de basse origine égyptienne, qu'ils ne portent pas dans leur cœur. Celui-ci est un affranchi vivant à l'époque de Domitien et ne correspond donc nullement à notre personnage. Voir A. Vassileiou, Crispinus et les conseillers du prince (Juvénal, "Satires", IV), Latomus, 1984, 43,1 pp 27-68 et Garrido-Hory M, "Verna",Collection de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, 2008, pp.299-308, en particulier pp. 306-307. En ligne: http://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2008_ant_1120_1_2843
  4. L'aristocratie romaine (sénatoriale et équestre) menait des stratégies familiales transgénérationnelles basées sur le mariage, le divorce et remariage et l'adoption. Quand Poppée épouse Néron, le fils de Crispinus entre dans la famille impériale, en qualité de beau-fils de l'empereur. Cette situation lui ouvre la possibilité d'une adoption ultérieure par Néron et donc une éventuelle place de choix dans l'ordre de succession. Crispinus serait alors devenu le père de l'empereur. On connait l'exemple de Tibère: il est le fils de Livie, épouse d'Auguste, issu d'un premier mariage. Par adoption, de beau-fils il devient fils d'Auguste puis son successeur désigné.
  5. Sous prétexte d'une conjuration, en fait parce que Néron ne supportait pas qu'il eût été mariée à Poppée, selon Tacite, Annales, XV, 71. La maigreur de nos sources ne permet pas d'y voir clair. On peut juste constater que l'année de son exil (65) correspond à la disparition de Poppée (à l'été) et à la conjuration de Pison. Tacite qui détaille cette dernière en exonère donc Crispinus.
  6. Suétone, Néron, XXXV,5: "informé que son beau-fils, Rufrius Crispinus, le fils de Poppée, encore enfant, se donnait dans ses jeux le rôle de général et d'empereur ("ducatus et imperia ludere"), il chargea ses propres esclaves de le noyer dans la mer, pendant qu'il pêchait." Cette phrase laisserait entendre que Poppée est toujours en vie puisque l'enfant est toujours qualifié de beau-fils de Néron. Son meurtre serait donc antérieur à l'été 65.
  7. Probablement en 43.
  8. Tacite, Annales, XI, 1
  9. Tacite, Annales, XII, 42. Voir: S.J De laet La préfecture du prétoire sous le Haut-Empire et le principe de la collégialité, Revue Belge de Philologie et d'histoire, 1943, p. 82 en particulier. En ligne: http://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1943_num_22_1_1663?q=crispinus
  10. Ornements consulaires: assimilation à un consul ayant achevé sa fonction. Ce qui met le bénéficiaire au premier rang du sénat, sans avoir assumé la charge. Voir Bernard R, Ornati et ornamenta quaestoria, praetoria et consularia sous le haut empire romain, Revue des Etudes Anciennes, 1976, 160-198. En ligne: http://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1976_num_78_1_4016. Sur le côté jugé scandaleux par certains de ce type de promotion, voir Suétone, Claude, XXIV.
  11. Tacite, Annales, XII, 42