Révolte des Batetela de Shinkakasa

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Le chantier de construction du fort.

La Révolte des Batetela de Shinkakasa est une mutinerie ayant pris place les 17 et dans le Fort de Shinkakasa, à proximité de Boma, qui était alors capitale de l'État indépendant du Congo (EIC).

Des guerriers du peuple (ba)tetela, qui fournissait une bonne partie des soldats autochtones de la force publique, s'étaient déjà révoltés en 1885 contre les agents coloniaux. Si l'ethnie dans son ensemble n'en avait pas été tenue responsable, l'état major de l'armée coloniale veilla par la suite à former des unités hétérogènes d'un point de vue ethnique pour pouvoir réduire le risque de rébellion en exploitant les rivalités entre ces groupes. La mutinerie du fort de Shinkakasa ne relève donc pas de la seule ethnie Tetela, mais le terme fut improprement utilisé par les chroniqueurs de l'époque (Boma était alors un comptoir colonial cosmopolite) et en a gardé le nom.

Contexte[modifier | modifier le code]

En le fort est toujours en construction. La main d’œuvre est constituée essentiellement de soldats-ouvriers relégués, c'est-à-dire inaptes au combat ou ayant été condamnés par la justice militaire à des périodes de servitude pénale pour des délits relativement mineurs (vols en chambrée, désertion simple…). Le service militaire dans l'EIC dure alors sept ans, et ces condamnations prolongent encore cette longue période qui a toutes les caractéristiques du travail forcé. Les relégués sont souvent de fortes têtes affectées loin de leurs terres d'origine pour réduire les velléités de désertion. Avec la rudesse de la relation entre colonisateur et populations locales et la présence dans le fort d'armes portatives et d'artillerie lourde, la situation était très propice à la rébellion.

Chronologie[modifier | modifier le code]

Le en début d'après midi, après s'être rendu maîtres des gardes coloniaux du fort, en nombre réduit ce jou- là, les mutins s'arment et se dirigent vers la ville. Ils sont rapidement stoppés et se réfugient dans le fort. Ils tournent alors les pièces de défense rapprochée et les canons lourds vers la ville et tirent un grand nombre d'obus. Mais leur méconnaissance des principes de la balistique les empêche d'atteindre leur cible.

Le au soir les mutins valides s'enfuient en direction du nord avec l'espoir de quitter le territoire de l'EIC. Une poursuite est engagée par les forces coloniales formant à cette fin quatre colonnes. L'essentiel du groupe est pris dans la région de Luala, certains parviennent toutefois à franchir la frontière et sont désarmés par les forces françaises.

Les repris sont présentés au conseil de guerre qui prononce dix-huit condamnations à mort.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André-Bernard Ergo, Des bâtisseurs aux contempteurs du Congo Belge : L'Odyssée coloniale, L'Harmattan, (ISBN 978-2747585026, présentation en ligne).
  • Alphonse-Jules Wauters, L'État indépendant du Congo : historique, géographie physique, ethnographie, situation économique, organisation politique, Bruxelles, Librairie Falk Fils, (présentation en ligne).
  • C. Heck, Une Campagne africaine, Bruxelles, Librairie Nouvelle, .
  • Guy De Boeck, Les révoltes de la Force publique sous Léopold II : Congo 1895-1908, Baoni, Anvers, Éditions EPO, (présentation en ligne).
  • Elikia M'Bokolo et al., Afrique noire. Histoire et Civilisations : XIXe – XXe siècles, t. 2, Paris, Hatier-Aupelf, coll. « Université des réseaux d'expression française (UREF) », , 496+576 (ISBN 978-2218750502).

Liens externes[modifier | modifier le code]