Problème de Schottky

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En mathématiques, le problème de Schottky, du nom de Friedrich Schottky, est une question classique de géométrie algébrique, qui consiste à caractériser les variétés jacobiennes parmi les variétés abéliennes.

Formulation géométrique[modifier | modifier le code]

Plus précisément, on considère les courbes algébriques de genre donné et leurs jacobiennes . On a un espace de modules pour ces courbes, et un espace de modules de variétés abéliennes (en) de dimension qui sont principalement polarisées. On dispose de plus d'un morphisme

qui, au niveau des points (plus précisément des points géométriques) envoie la classe d'isomorphisme d'une courbe sur celle de sa jacobienne. Le théorème de Torelli (en) signifie que l'application est injective (du moins, sur les points). Le problème de Schottky consiste à décrire l'image de , notée [1].

La dimension de est [2] pour , alors que celle de est g(g + 1)/2. Cela signifie que les dimensions coïncident (0, 1, 3, 6) pour g = 0, 1, 2, 3. Ainsi, le cas est le premier pour lequel les dimensions diffèrent. Il a été étudié par F. Schottky dans les années 1880 : Schottky a utilisé les constantes thêta (en), qui sont des formes modulaires sur le demi-espace supérieur de Siegel (en), pour définir le lieu de Schottky dans . Une version plus précise du problème consiste à déterminer si l'image de coïncide essentiellement avec le lieu de Schottky (autrement dit, si celui-ci y est dense pour la topologie de Zariski).

Cas de la dimension 1[modifier | modifier le code]

Toutes les courbes elliptiques sont leur propre jacobienne donc le champ algébrique des modules de courbes elliptiques (en) est un modèle de .

Dimensions 2 et 3[modifier | modifier le code]

Dans le cas des surfaces abéliennes, il y a deux types de variétés abéliennes[3] : les jacobiennes d'une courbe de genre 2 et les produits de jacobiennes de courbes elliptiques. Cela signifie que les espaces de modules

s'injectent dans . On a une description similaire en dimension 3 puisqu'une variété abélienne peut être un produit de jacobiennes.

Formulation en termes de réseau des périodes[modifier | modifier le code]

Si l'on décrit l'espace des modules en termes intuitifs comme l'ensemble des paramètres dont dépend une variété abélienne, le problème de Schottky consiste à demander à quelle condition sur les paramètres la variété abélienne provient de la jacobienne d'une courbe. Le cas classique, sur le corps des nombres complexes, a été le plus étudié, puisque alors une variété abélienne A n'est autre qu'un tore complexe (en) d'un type particulier, provenant d'un réseau de Cg. En termes relativement concrets, il s'agit de déterminer quels réseaux sont les réseaux des périodes des surfaces de Riemann compactes.

Formulation en termes de matrice de Riemann[modifier | modifier le code]

Attention, une matrice de Riemann n'a pas grand-chose à voir avec un tenseur de Riemann.

L'une des plus grandes réussites de Bernhard Riemann est sa théorie des tores complexes et des fonctions thêta. À l'aide de la fonction thêta éponyme, Riemann donne des conditions nécessaires et suffisantes pour que le tore correspondant à un réseau de Cg se plonge dans un espace projectif complexe (en). (L'interprétation a beau avoir été donnée plus tard par Solomon Lefschetz, la théorie de Riemann était définitive.) Les données sont codées dans ce qu'on appelle maintenant une matrice de Riemann. Ainsi, le problème de Schottky sur les complexes est de caractériser les matrices des périodes (en) des surfaces de Riemann compactes de genre g, formées en intégrant une base de l'espace des intégrales abéliennes sur une base du premier groupe d'homologie, parmi toutes les matrices de Riemann. Il a été résolu par Takahiro Shiota en 1986[4].

Géométrie du problème[modifier | modifier le code]

Le problème a été attaqué par plusieurs approches géométriques et il a été mis en évidence que la question implique l'équation de Kadomtsev-Petviashvili, liée à la théorie des solitons.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Samuel Grushevsky, « The Schottky Problem », .
  2. Cela provient de la théorie élémentaire de la déformation (en).
  3. F. Oort, Principally polarized abelian varieties of dimension two or three are jacobian varieties, Aarhus Universitet. Matematisk Institut, (OCLC 897746916, lire en ligne [archive du ])
  4. Shiota, « Characterization of Jacobian varieties in terms of soliton equations », Inventiones Mathematicae, vol. 83, no 2,‎ , p. 333–382 (DOI 10.1007/BF01388967, Bibcode 1986InMat..83..333S, S2CID 120739493)
  • Arnaud Beauville, « Le problème de Schottky et la conjecture de Novikov », Astérisque, séminaire Bourbaki no 152,‎ , p. 101-112 (ISSN 0303-1179, MR 936851, lire en ligne)
  • Olivier Debarre, « The Schottky problem: an update », dans Current topics in complex algebraic geometry (Berkeley, CA, 1992/93), vol. 28, Cambridge University Press, coll. « Math. Sci. Res. Inst. Publ. », (MR 1397058, lire en ligne), p. 57-64
  • Samuel Grushevsky, « The Schottky problem », dans Lucia Caporaso, James McKernan, Mihnea Popa et Mircea Mustata, Current Developments in Algebraic Geometry, vol. 59, coll. « MSRI Publications », (ISBN 978-0-521-76825-2, lire en ligne)

Lien externe[modifier | modifier le code]

(en) G. van der Geer, « Schottky problem », dans Michiel Hazewinkel, Encyclopædia of Mathematics, Springer, (ISBN 978-1556080104, lire en ligne)