Primaquine

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Primaquine

Structure de la primaquine
Énantiomères (R) en haut et (S) en bas
Identification
Nom UICPA N4-(6-méthoxyquinolin-8-yl)pentane-1,4-diamine
No CAS 90-34-6
63-45-6 (bisphosphate)
No ECHA 100.001.807
No CE 201-987-2
200-560-8 (bisphosphate)
No RTECS VA9660000 (bisphosphate)
Code ATC P01BA03
DrugBank DB01087
PubChem 4908
ChEBI 8405
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C15H21N3O  [Isomères]
Masse molaire[1] 259,346 7 ± 0,014 4 g/mol
C 69,47 %, H 8,16 %, N 16,2 %, O 6,17 %,
Précautions
SGH[2]
SGH06 : Toxique
Danger
H301 et P301+P310
Transport[2]
-
   2811   

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

La primaquine est un médicament antipaludéen dérivé de la quinoléine, également utilisé contre la pneumocystose. Elle est souvent administrée sous forme de bisphosphate.

Usage médical[modifier | modifier le code]

Comme antipaludéen[modifier | modifier le code]

Guérison radicale du paludisme à P. vivax et à P. ovale[modifier | modifier le code]

La primaquine bisphosphate est principalement utilisée pour traiter les paludismes à Plasmodium vivax et Plasmodium ovale, plus particulièrement pour éliminer du foie les formes dormantes (hypnozoïtes) de ces parasites une fois ces derniers éliminés du flux sanguin, ce qu'on appelle la guérison radicale. Cela nécessite une prise de primaquine sur 14 jours[3] : si la primaquine n'est pas administrée aux patients affectés d'un paludisme à P. vivax ou à P. ovale alors il est très probable d'observer une rechute dans les semaines, les mois, voire les années suivantes. L'interaction entre la primaquine et la quinine ou la chloroquine accroîtrait le taux de guérison radicale[4]. On ignore sI d'autres antipaludéens tels que la méfloquine sont ainsi capables de potentialiser les effets de la primaquine.

Prévention de la transmission du paludisme à P. falciparum[modifier | modifier le code]

Une dose unique de primaquine possède un effet gamétocytocide rapide et puissant contre les gamétocytes les plus mûrs (stade V) de Plasmodium falciparum, propriété que n'ont pas les autres autipaludéens courants, dont l'action cible les gamétocytes aux stades antérieurs[5]. Il en résulte une réduction rapide de la transmission du parasite. La primaquine administrée en même temps comme traitement contre le stade sanguin asexué de P. falciparum a de fortes chances d'être utile pour maîtriser ce paludisme dans les zones à faible transmission. L'OMS indique qu'une dose unique de primaquine (0,25 mg·kg-1 de masse corporelle) peut être administrée sans risque, y compris aux personnes présentant un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase, afin de prévenir la transmission du paludisme à P. falciparum[6].

Usage prophylactique[modifier | modifier le code]

La primaquine n'est pas utilisée ordinairement pour prévenir le paludisme chez les voyageurs, mais peut être utilisée à cet effet par les personnes qui ne présentent pas de déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase lorsque les alternatives ne sont pas appropriées[7].

Contre la pneumocystose[modifier | modifier le code]

La primaquine est également utilisée contre la pneumocystose, une infection mycosique fréquente chez les patients atteints du sida et, plus rarement, chez ceux qui prennent des immunosuppresseurs. Dans cet usage, elle est généralement associée à la clindamycine.

Effets indésirables[modifier | modifier le code]

Les effets secondaires courants de la primaquine sont la nausée, les vomissements et les crampes d'estomac. Des maux de tête, des troubles de la vision et de fortes démangeaisons peuvent également survenir.

L'effet indésirable le plus sérieux de la primaquine est l'hémolyse chez les patients présentant un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase, souvent issus de populations d'origine africaine ou méditerranéenne[8]. Ceci survient avec l'administration de fortes doses pendant plusieurs jours et peut entraîner la mort, bien que le nombre de cas publiés soit faible.

La primaquine provoque une méthémoglobinémie chez tous les patients qui en prennent, à des niveaux atteignant 18 % quand le taux normal est inférieur à 1 %. Ceci reste néanmoins la plupart du temps asymptomatique et est toujours autolimitant[9]. Il existe peut-être une relation avec le déficit en cytochrome b5 réductase[10].

Contre-indications[modifier | modifier le code]

D'un point de vue général, la primaquine ne devrait pas être administrée à toute personne présentant un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase afin d'éviter une anémie hémolytique sévère[8]. Cependant, l'OMS indique qu'une dose unique de primaquine (0,25 mg·kg-1 de masse corporelle) peut être administrée sans risque y compris dans ces cas-là afin de prévenir la transmission du paludisme à P. falciparum[6].

La primaquine est contre-indiquée pendant la grossesse car la situation du fœtus par rapport à la glucose-6-phosphate déshydrogénase est inconnue.

Enfin, la notice de la primaquine mentionne qu'elle ne doit pas être prise par les patients souffrant de lupus érythémateux disséminé ou de polyarthrite rhumatoïde, sans que la raison en soit claire[7].

Divers[modifier | modifier le code]

La primaquine fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en )[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a b et c Fiche Sigma-Aldrich du composé Primaquine bisphosphate 98%, consultée le 9 mai 2014.
  3. (en) J.Kevin Baird et Karl H. Rieckmann, « Can primaquine therapy for vivax malaria be improved? », Trends in Parasitology, vol. 19, no 3,‎ , p. 115-120 (PMID 12643993, DOI 10.1016/S1471-4922(03)00005-9, lire en ligne)
  4. (en) Harry H. Gordon, Francis R. Dieuaide, Alexander Marble, Herbert B. Christianson et Lewis K. Dahl, « Treatment of Plasmodium vivax malaria of foreign origin: a comparison of various drugs », Archives of Internal Medicine (Chicago, Ill. : 1908), vol. 79, no 4,‎ , p. 365-380 (PMID 20294552, DOI 10.1001/archinte.1947.00220100015001, lire en ligne)
  5. (en) Alice C. Eziefula, Teun Bousema, Shunmay Yeung, Moses Kamya, Asiphas Owaraganise, Grace Gabagaya, John Bradley, Lynn Grignard, Kjerstin H. W. Lanke, Humphrey Wanzira, Arthur Mpimbaza, Samuel Nsobya, Nicholas J. White, Emily L. Webb, Sarah G. Staedke, Chris Drakeley, « Single dose primaquine for clearance of Plasmodium falciparum gametocytes in children with uncomplicated malaria in Uganda: a randomised, controlled, double-blind, dose-ranging trial », The Lancet Infectious Diseases, vol. 14, no 2,‎ , p. 130-139 (PMID 24239324, DOI 10.1016/S1473-3099(13)70268-8, lire en ligne)
  6. a et b (en) Updated WHO policy recommendation: Single dose primaquine as a gametocytocide in Plasmodium falciparum malaria sur le site de l'OMS, octobre 2012.
  7. a et b (en) David R. Hill, J. Kevin Baird, Monica E. Parise, Linda S. Lewis, Edward T. Ryan et Alan J. Magill, « Primaquine: Report from CDC Expert Meeting on Malaria Chemoprophylaxis I », The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, vol. 75, no 3,‎ , p. 402-415 (PMID 16968913, lire en ligne)
  8. a et b (en) Alvin R. Tarlov, George J. Brewer, Paul E. Carson et Alf S. Alving, « Primaquine Sensitivity. Glucose-6-Phosphate Dehydrogenase Deficiency: An Inborn Error of Metabolism of Medical and Biological Significance », Archives of Internal Medicine, vol. 109, no 2,‎ , p. 209-234 (PMID 13919680, DOI 10.1001/archinte.1962.03620140081013, lire en ligne)
  9. (en) Charles B. Clayman, John Arnold, Robert S. Hockwald, Ernest H. Yount Jr., John H. Edgcomb et Alf S. Alving, « Toxicity of primaquine in Caucasians », Journal of the American Medical Association, vol. 149, no 17,‎ , p. 1563-1568 (PMID 14945980, DOI 10.1001/jama.1952.72930340022010b, lire en ligne)
  10. (en) Richard J. Cohen, John R. Sachs, Donna J. Wicker et Marcel E. Conrad, « Methemoglobinemia Provoked by Malarial Chemoprophylaxis in Vietnam », The New England Journal of Medicine, vol. 279, no 21,‎ , p. 1127-1131 (PMID 5686480, DOI 10.1056/NEJM196811212792102, lire en ligne)
  11. WHO Model List of Essential Medicines, 18th list, avril 2013