Piñatex
Piñatex est un matériau textile offrant une alternative végétale au cuir, fait à partir de fibres cellulaires extraites de feuilles d’ananas. Son inventrice, la Dr Carmen Hijosa, l’a présenté pour la première fois dans le cadre de sa soutenance de thèse au Royal College of Art, à Londres, après plusieurs années de recherches. Piñatex est produit et vendu par l’entreprise de Carmen Hijosa, Ananas Anam[1].
Une fois séché, il se comporte exactement comme du cuir mais il est durable[2]. Le piñatex a obtenu avec succès la norme ISO de résistance à l'abrasion, à la crevaison, à la traction et de rupture de fibres ce qui le rend idéal pour la fabrication de sacs, portefeuilles, tapisseries pour mobilier intérieur, chaussures de sport et même de combinaisons pour motard (maque Altiir)[3]. Une large gamme de marques utilisent du Piñatex, parmi lesquelles on retrouve Nike[4].
Élaboration
[modifier | modifier le code]Carmen Hijosa a commencé ses recherches à la suite de son expérience comme consultante dans l’industrie maroquinière aux Philippines au cours des années 90. Elle a pu constater que le cuir qui s’y produisait était de mauvaise qualité, non durable écologiquement, et dangereux pour la santé des travailleurs[1]. Une de ses sources d’inspiration a été le barong tagalog, un vêtement philippin traditionnel fait à partir de fibres d’ananas (piña), qui se porte hors du pantalon au-dessus d’un maillot de corps[5]. Elle a ensuite travaillé pendant sept ans à l’élaboration de son produit, dans le cadre de son doctorat au Royal College of Art de Londres, en collaboration avec la Bangor University du Pays de Galles, le Centre de Technologie du Cuir de Northampton, le Centre Technologique Leitat en Espagne, l’entreprise NonWoven Philippines Inc., basée à Manille, et enfin avec Bonditex, une entreprise de finition textile espagnole[6].
Production
[modifier | modifier le code]Piñatex est issu du feutrage des fibres de longues feuilles d’ananas[Lequel ?], créant ainsi un substrat intissé[7]. Chaque année, 40 000 tonnes de feuilles d’ananas sont gâchées après la récolte ; elles sont en général brûlées ou laissées en décomposition sur place. Pour un mètre carré de Piñatex, environ 480 feuilles sont nécessaires, soit les restes de 16 plantes d’ananas. La matière est fabriquée à partir des fibres de longues feuilles de l’ananas, ce qui permet aux agriculteurs responsables de cette tâche d’engranger des revenus supplémentaires ; le reste de la biomasse peut aussi être ensuite utilisé comme engrais[6],[7],[5].
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Piñatex, decortication de feuilles d'ananas.
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Séchage des fibres décortiquées.
Piñatex est produit à partir de déchets, il ne requiert donc pas de terrain où planter, d’eau, de pesticides ou d’engrais supplémentaire. Il évite également l’usage de produits chimiques toxiques ou de métaux lourds, ou le gâchis de matière du fait de la forme de la peau animale, tous deux liés à la production de cuir.
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]Il a été décrit comme plus souple, plus flexible, et plus ressemblant au cuir animal que d’autres alternatives de cuir synthétique[8].
Produits manufacturés
[modifier | modifier le code]Piñatex a été utilisé dans l’élaboration de divers produits, tels que sacs, chaussures, portefeuilles, bracelets de montre, et sièges. La version textile est aussi en cours de développement, en vue de son utilisation pour la fabrication de vêtements. Des prototypes de la même matière ont été élaborés par Puma et Camper.
Reconnaissance et notoriété
[modifier | modifier le code]En 2016, Piñatex a gagné le Arts Foundation UK Award for Material Innovation (Prix de la Fondation des arts du Royaume-Uni pour l'innovation matérielle) ; en 2015, Carmen Hijosa a été finaliste du Cartier Women's Initiative Awards (Prix de la Maison Cartier pour l'innovation des femmes[9]). Piñatex est un label certifié végan par l’organisation de défense des animaux PETA[10].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Piñatex » (voir la liste des auteurs).
- (en-US) Adele Peters, « This Gorgeous, Sustainable “Leather” Is Made From Pineapple Waste », sur Fast Company, (consulté le )
- (es-MX) FashionNetwork com MX, « El “cuero de piña” ofrece una alternativa de moda vegana », sur FashionNetwork.com (consulté le )
- (es) solomoto.es, « Piñatex ¿un nuevo tejido para las prendas motoristas? », sur Solomoto.es, (consulté le )
- (es) « Nike diseña zapatillas veganas con piel de piña », sur Sneakers Magazine España, (consulté le )
- « Même H&M se met au cuir d’ananas, le Piñatex », sur Le HuffPost.fr,
- (en-GB) Shane Hickey, « Wearable pineapple fibres could prove sustainable alternative to leather », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Leather alternative replaces animal hide with pineapple leaves », sur Geek.com, (consulté le )
- Alice Klein, « What not to wear », New Scientist, vol. 238, no 3182, , p. 22–23 (ISSN 0262-4079, DOI 10.1016/s0262-4079(18)31060-1, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Carmen Hijosa », sur Cartier Women's Initiative Awards, (consulté le )
- (en-GB) « About Us », sur Piñatex (consulté le )