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Paul Bourget

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Paul Bourget

Paul Bourget (Amiens, 2 septembre 1852 - Paris, 25 décembre 1935) est un écrivain français issu d'une famille originaire d'Ardèche (Savas, Peaugres). Il perdit sa mère à l'âge de six ans, son père se remaria un an plus tard; Paul Bourget, enfant, entretint des relations difficiles avec sa belle-mère.

Paul Bourget passa son enfance et son adolescence à Clermont-Ferrand de 1854 à 1867 où son père tient la chaire de mathématiques près la Faculté de Clermont. Il y revient fréquemment, en particulier le 12 octobre 1887 lors des obséques de son père devenu recteur de l'Académie de Clermont en 1882.

Paul Bourget fut lui-même professeur dans une institution privée. Il abandonna le catholicisme en 1867.

Biographie

Paul Bourget est l'un des grands romanciers de la fin du XIXe et du début XXe siècle. Le critique littéraire Pierre de Boisdeffre remarque que « qui voudra évoquer nos mœurs entre 1889 et 1914 devra recourir à des documents comme les romans de Paul Bourget ».

On distingue traditionnellement deux périodes de Paul Bourget, avant et après son retour au catholicisme (1901), ce retour s'effectuant progressivement dans les années 1890 .

Sont représentatifs du premier Paul Bourget et de son talent à étudier la psychologie humaine : Cruelle énigme, Cosmopolis, André Cornélis ("celle de mes études qui s'éloigne le moins de mes rêves d'art : un roman d'analyse exécuté avec les données actuelles de la science de l'esprit"), Mensonges - inspiré du calvaire amoureux d'Octave Mirbeau -, et du second Paul Bourget : L'Étape, Le Démon de midi, Nos actes nous suivent. Le Disciple (1889) est considéré comme le roman faisant la transition entre ces deux périodes.


1. le roman d'analyse


Le "premier" Paul Bourget est le "moraliste", "l'analyste infatigable des désordres du cœur"; faisant preuve d'un certain relativisme, il accorde moins d'importance aux mœurs qu'à la psychologie et considère ses romans comme "de simples planches d'anatomie morale".

Pour Edouard Rod, son contemporain, Paul Bourget apparaît alors "comme un désabusé, sceptique, pessimiste, indifférent, aristocrate, bien décidé à s'isoler du troupeau vulgaire, curieux de joies et de douleurs plus rares que celles du commun, prêt à aller chercher une consolation au mal de vivre dans de égoïstes jouissances artistiques."

A la façon d'un scientifique, sans parti pris, Paul Bourget s'interroge sur les passions humaines qui constituent parfois (pour reprendre le titre d'un de ses romans de l'époque) "une cruelle énigme". Pour Paul Bourget, "le moraliste c'est l'écrivain qui montre la vie telle qu'elle est." et cette prise de position littéraire est soutenue par une volonté de connaissance psychologique : "Ce que Claude Bernard faisait avec ses chiens, ce que Pasteur fait avec ses lapins, nous devons le faire, nous, avec notre cœur, et lui injecter tous les virus de l'âme humaine. Nous devons avoir éprouvé, ne fût-ce qu'une heure, les milles émotions dont peut vibrer l'homme, notre semblable".

Ainsi écrit-il dans la préface de Physiologie de l'amour moderne (1889): "interdire à l'artiste la franchise du pinceau sous le prétexte que des lecteurs dépravés ne voudront voir de son œuvre que les parties qui conviennent à leur fantaisie sensuelle, c'est lui interdire la sincérité, qui est, elle aussi, une vertu puissante d'un livre (...) Imaginons-nous un lecteur de vingt-cinq ans et sincère, que pensera-t-il de notre livre en le fermant ? S'il doit, après la dernière page, réfléchir aux questions de la vie morale avec plus de sérieux, le livre est moral. C'est aux pères, aux mères et aux maris d'en défendre la lecture aux jeunes garçons et aux jeunes femmes, pour qui un ouvrage de médecine pourrait être dangereux, lui aussi. Ce danger-là ne nous regarde plus. Nous n'avons, nous, qu'à penser juste si nous pouvons et à dire ce que nous pensons. Pour ma part, je m'en tiens à ce mot que me disait un saint prêtre :— « Il ne faut pas faire de mal aux âmes, et je suis sûr que la vérité ne leur en fait jamais....». (Je ne me dissimule pas) que la peinture de la passion offre toujours ce danger d'exercer une propagande. Rendre l'artiste responsable de cette propagande, c'est faire le procès non seulement à tel ou tel livre, mais à toute la littérature".


2. Le Disciple


Pourtant, peu après Physiologie de l'amour moderne, en 1889, dans Le Disciple, Paul Bourget met les préoccupations morales au premier plan. Il y développe la question de la responsabilité, notamment celle de l'écrivain, du philosophe, responsable des conséquences de ses écrits. « Peu d'ouvrages de cette nature, note Victor Giraud, ont eu sur les esprits, sur les âmes et sur les consciences mêmes, pareille action, ont déterminé pareil ébranlement. »

Notons cependant que, si "Le Disciple" est considéré comme le premier roman du "deuxième" Paul Bourget, il avait déjà, dans "Mensonges" (1887), et à-travers les propos qu'il prête à l'un de ses personnages, l'abbé Taconet, introduit les notions de responsabilité des guides de la pensée humaine, de supériorité de l'action, de salut par la pitié et par la foi.

"Le Disciple" est précédé d'une longue préface, adressée "à un jeune homme", "jeune homme de mon pays, à toi que je connais si bien (et dont je ne connais rien) sinon que tu as plus de dix-huit ans et moins de vingt-cinq, et que tu vas, cherchant dans nos volumes, à nous tes aînés, des réponses aux questions qui te tourmentent.

Et des réponses ainsi rencontrées dans ces volumes dépend un peu de ta vie morale, un peu de ton âme; - et ta vie morale, c'est la vie morale de la France même; ton âme, c'est son âme".

Dans son introduction à la réédition du Disciple aux éditions Nelson (1910), Téodor de Wyzewa revient sur l'impression que produisit le roman sur les hommes de lettres de sa génération :

"Nous entendions que M.Paul Bourget partageât toutes les opinions qui nous étaient chères, et au premier rang desquelles figurait une foi absolue de l'œuvre d'art sur le reste des choses. La doctrine que nos devanciers avaient appelée "l'art pour l'art" avait eu beau changer de nom au cours des années : elle continuait à nous apparaître comme la première, l'unique vérité. Nous ne souffrions pas que l'artiste, et en particulier l'homme de lettres, eût jamais à se préoccuper de la portée morale de son oeuvre, ni de ses conséquences dans la vie pratique.

Chacun de nous avait l'impression que M.Bourget, auteur d'audacieuses études de psychologie contemporaine, ironiste désabusé, s'accordait avec nous dans cette fière indifférence à l'égard d'une réalité bassement "bourgeoise".

Or, voici que dans l'été de 1889, précisément au lendemain de sa piquante Physiologie de l'amour moderne, M.Bourget nous donnait un roman qui, sans l'ombre d'une réserve, se mettait au service d'une doctrine "morale", et proclamait l'étroite liaison intime de la vie de l'esprit et de la vie réelle, un roman où le philosophe, l'artiste étaient solennellement accusés d'exercer une action pernicieuse sur de jeunes cerveaux, un roman où ces êtres que nous supposions d'une race surnaturelle étaient solennellement déclarés coupables de toute mauvaise action commise - à leur insu, parmi l'obscure foule anonyme s'agitant à leurs pieds, sous l'inspiration de l'une de leurs idées ou de l'un de leurs rêves !

(...) Voici que M. Paul Bourget attaquait de front l'unique opinion qui nous tint au coeur : notre vaniteuse conscience d'habiter un monde distinct de celui du "bourgeois", et supérieur à lui.

Impossible d'imaginer notre surprise, ni tout ce que nous y avons mêlé d'irritation sourde, sous l'apparent dédain avec lequel nous affections de railler cet étrange caprice passager du charmant et sceptique analyste des passions mondaines.

Le fait est que Le Disciple a été un phénomène infiniment imprévu et curieux de notre histoire littéraire. Nous étions si loin de la thèse qu'il affirmait, si mal préparés à l'entendre (...) que je crois bien que nous n'en avons pas aperçu tout de suite l'éminente portée ; et peut-être n'y a-t-il pas jusqu'à l'auteur du Disciple qui, d'abord, ne se soit trouvé hors d'état de l'apercevoir, ou tout au moins de deviner combien peu de temps s'écoulerait avant que, sous l'influence d'un travail secret, issu en partie de ce roman même, une révolution profonde s'accomplit aussi bien dans ses propres croyances esthétiques et philosophiques que dans celles de l'immense majorité des lecteurs français ? (...)

Car assurément, on ne trouverait plus aujourd'hui personne de chez nous qui, de gré ou de force, n'en fût venu à tenir pour vraie la thèse du Disciple.

Est-ce-que nous ne sentons pas que toute notre conception présente de nos devoirs comme de nos droits s'est principalement formée sous l'empire de nos émotions esthétiques ou intellectuelles, et que l'action de celles-ci sur nous a été d'autant plus intense qu'elles nous sont apparues entourées de plus de beauté (...) ?

Ce qui naguère nous indignait comme un attentat sacrilège à la souveraineté éternelle de la pensée et de l'art, nous nous accordons tous aujourd'hui à le proclamer, et peu s'en faut que nous ne nous figurions même l'avoir admis de tout temps. Mais non : c'est au Disciple de M. Bourget qu'appartient le mérite de nous l'avoir enseigné."


3. le roman à thèse


Dans la préface de La Terre Promise (1892), Paul Bourget revient, plus longuement, sur la notion de responsabilité et sur les critiques adressées aux auteurs de "romans d'analyse", ou "romans d'idées" suivant l'expression de Balzac, (termes que Paul Bourget choisit de préférence à "romans psychologiques").

Ces critiques développent l'antithèse entre "esprit d'analyse et action"; pour elles "l'abus de la pensée, qui aboutit à la multiplication extrême des points de vue, a pour conséquence l'incertitude dans la décision".

Or, écrit Paul Bourget, "l'expérience démontre que l'esprit d'analyse n'est par lui-même ni un poison ni un tonique de la volonté. C'est une faculté neutre, comme toutes les autres, capable d'être dirigée ici ou là, dans le sens de notre amélioration ou de notre corruption (...). La critique eût été plus juste en rappelant aux romanciers d'analyse que leur responsabilité est peut-être plus grande que celle des romanciers de mœurs, car ils parlent plus directement à ces consciences qu'ils prétendent atomiser."

Dès lors, Paul Bourget ne souhaite plus se contenter d'observer et de décrire sans juger. Pour lui, la littérature doit "joindre le thérapeutique au diagnostic" (JL Dumas). Il veut être un directeur de conscience et est persuadé que le romancier doit être un guide pour ses lecteurs, notamment pour les jeunes sur qui, écrit Autin, "Paul Bourget eut l'autorité que possède un bon professeur".

Cependant, comme le souligne Edouard Rod en 1891, "le développement de Paul Bourget a été si rapide que l'homme nouveau est né en lui avant que l'homme ancien ait achevé de périr. C'est ainsi que, si la préface du Disciple est l'oeuvre du premier, le roman lui-même est encore en grande partie du second (...) Le cas de M.Bourget est donc assez singulier; ce n'est pas seulement celui d'un développement rapide qui, en peu d'années, a porté un écrivain à l'extrême opposé du but qu'il semblait poursuivre; c'est celui d'un conflit entre deux êtres qui se partagent une seule conscience et se la disputent. Ce conflit est douloureux et contribue pour beaucoup à l'impression trouble que dégage des livres comme le Disciple, non seulement par leur sujet, mais par l'incertitude d'esprit, par les vacillement d'âme qu'ils trahissent chez l'auteur."

Ainsi donc, peu à peu, à partir de 1889, Paul Bourget se met à l'école du traditionalisme politique, social et religieux. Il se fait, progressivement, le défenseur de l'église et de la monarchie (contre la république et la démocratie), ceci parallèlement au long cheminement de son retour au catholicisme, de 1889 à 1902 . Cette évolution est doublée d'une adhésion politique d'abord, en 1898, à la Ligue De La Patrie Française, puis, en 1900, à l'Action Française.

Dans des romans où il se fait maintenant plus moralisateur que moraliste, Paul Bourget propose des types de personnages, aux traits parfois poussés à l'excès, dont les actes sont analysés au regard de la morale, le plus souvent chrétienne. Paul Bourget restera alors, jusqu'à sa mort, fidèle au roman à thèse, thèse parfois toute contenue dans le seul titre du livre (Nos actes nous suivent, Le sens de la mort)..

Paul Bourget s'intéressa cependant toute sa vie à la psychologie ; il fut l'un des premiers à faire connaître Freud en France .

L'action des romans de Paul Bourget se déroule généralement sur une très courte durée (quelques jours) et la description minutieuse de la psychologie des principaux personnages y tient une place prépondérante. Ces romans ont le plus souvent pour cadre ce que Paul Bourget nomme « le monde », c'est-à-dire la noblesse ou la grande bourgeoisie (jamais le milieu ouvrier ou paysan), dont il décrit les mœurs et les travers.

Pour Pierre de Boisdeffre, les romans à thèse de Paul Bourget sont "autant de plaidoyers en faveurs des thèses conservatrices, de la morale et des institutions, autant de romans dont la logique démonstrative est forte, mais dont les héros manquent d'imagination et de spontanéité".

Pourtant, durant toute sa vie, Paul Bourget ne cessa de s'interroger sur son travail de romancier. Ainsi dans la préface du Démon de midi (dédié à René Bazin) explique-t-il la genèse de cette "étude de psychologie religieuse" :

"...j'entrevis comme un thème possible à un roman d'analyse, cette douloureuse dualité : de hautes certitudes religieuses coexistant, chez un homme public, avec les pires égarements de la passion. A-t-il le droit de servir -orateur par la parole, écrivain par la plume, homme d'état par l'autorité- des idées auxquelles il croit sans y conformer sa vie ? Oui, puisqu'il y croit. Non, puisqu'il n'agit pas d'après elle. Et si des circonstances impérieuses le contraignent à défendre quand même ces idées, demeurent-elles entières en lui ? Les défaillances de la sensibilité et de la volonté n'atteignent-elles pas l'énergie de l'intelligence ? N'y a-t-il pas une usure lente, une corrosion de la doctrine par les mœurs ? (...) Il reste à savoir si, esthétiquement parlant, ce n'est pas une erreur d'introduire dans une œuvre de fiction, et à quelque degré que ce soit, l'élément religieux lui-même. Aussi n'est-ce pas directement que les thèses religieuses peuvent être abordées par un conteur. Elles ne lui appartiennent que dans la mesure où elles ont été soit adoptées, soit rejetées par des hommes vivants, et qu'elles ont été senties, aimées, haïes, agies par eux."

4. Paul Bourget intime


Paul Bourget était très pessimiste de caractère; Henry Bordeaux, qui était son ami, fait remonter la cause de ce pessimisme à la perte de sa mère ainsi qu'au fait d'avoir vécu "la défaite et l'humiliation" (de 1870). Bordeaux souligne également qu'il "a manqué à Paul Bourget de parler à des paysans et à des pauvres : il n'a pas d'humanité. Il se montre un peu indifférent à la vision de son pays qu'il glorifie dans le passé, et l'on voit trop bien qu'il n'a pas d'enfant".

Le ton sentencieux et les positions traditionalistes adoptés par Paul Bourget dans ses romans lui attirèrent de nombreuses inimitiés dans le milieu littéraire, notamment, chez les écrivains catholiques, celle de Léon Bloy qui l'avait surnommé "l'eunuque des dames" et qui le méprisait cordialement ("Heureux garçon, tu fus reçu dans d'aristocratiques salons que tes ancêtres auraient pu frotter").

Avec Henry Bordeaux et René Bazin, Paul Bourget est l'un des « 3B », auteurs dits de référence pour les milieux catholiques et traditionalistes du début du XXe siècle.

A partir du Démon de midi (1914), Paul Bourget écrivit la plupart de ses œuvres dans sa propriété du "Plantier", à Costebelle, près d'Hyères, propriété où il passait tous ses hivers. Il y reçut notamment le vicomte de Vogüe qui y écrivit Jean d'Agrève, ainsi qu'Edith Wharton.

Il écrivit également dans son appartement de la rue Barbet-de-Jouy à Paris qu'il ne quitta pas durant ses dernières années et qu'a décrit Henry Bordeaux :

"Le fond du cabinet de travail, au-dessus de la cheminée, était occupé par une copie de la fresque de Luini qui représente l'Adoration des rois mages. Sur la cheminée s'entassaient des photographies de ses amis. Contre les fenêtres, les parois étaient consacrées aux lettres : une belle copie de la George Sand de Delacroix, un portrait d'Hippolyte Taine, un Melchior de Vogüe, qu'il avait eu en grande amitié, le masque mortuaire de Tolstoï et, à une place de faveur, un charmant dessin de Mme Paul Bourget. Les livres avaient mangé tout le reste : un Balzac complet, un Taine, un Walter Scott, et les chefs de file préférés, Bonald, Joseph de Maistre, Le Play, Fustel de Coulanges. La littérature contemporaine s'entassait comme elle pouvait sur les meubles : elle n'avait pas ses préférences, elle n'avait pas servi à la formation du cerveau."

Trés gravement malade, en septembre 1934, Paul Bourget vécut ses derniers mois à la maison de santé des Frères Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, à Paris. Il mourut chez lui, le matin de Noël 1935.

Certains ouvrages de Paul Bourget sont imprégnés par l'atmosphère morale de l'Auvergne: Le Disciple, Un drame dans le monde et plus particulièrement Le Démon de midi écrit pour partie à Clermont en 1912.


Paul Bourget a été élu membre à l'Académie française en 1894. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris .

Œuvres

Envoi de Paul Bourget

Paul Bourget (Wikisource)

Romans
Essais
  • Essais de psychologie contemporaine (1883-1886)
En ligne

Adaptation cinématographique

  • André Cornélis, réalisé par Jean Kemm en 1926, produit par Jacques Haïk, avec Claude France et Malcolm Tod.

Bibliographie

  • Joseph Desaymard, Bourget, Barrès et l'Auvergne. Notes et souvenirs, in "L'Auvergne Littéraire" pp.11-19, n°115, 1946.

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