Palais de Charles Quint (Alhambra)

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Vue d'ensemble du palais en 2013.

Le palais de Charles Quint est un palais construit au XVIe siècle sur ordre de l'empereur Charles Quint sur la colline de l'Alhambra de la ville de Grenade, dans la région d'Andalousie, en Espagne. C'est un ajout des vainqueurs castillans, postérieur à l'édification des palais mauresques sur la colline de la Sabika.

Histoire de la construction du palais

Le Palais de Charles Quint de Grenade est un bâtiment de style renaissance situé sur la colline de l'Alhambra. Il s'agit d'une commande de l'Empereur (connu aussi sous le nom de Charles Ier d'Espagne) qui voulait y établir sa résidence grenadine. Déjà les Rois catholiques y avaient réalisé quelques salles mais les intentions de Charles Quint étaient d'y avoir une résidence permanente à la mesure de son rang.

Le projet fut délégué à Pedro Machuca. Dans une Espagne où le style dominant était le plateresque, et qui ne s'était pas encore complètement libérée de l'art gothique, Machuca construisit un palais que l'on peut qualifier de maniériste, un style qui faisait alors son apparition en Italie.

Le palais est resté inachevé et n'a finalement jamais été habité[1].

Structure

La base du palais est un carré de 63 mètres de côté entourant une cour circulaire de 30 mètres de diamètre[1]. Cette disposition, le principal signe maniériste du palais, est sans précédent dans l'architecture de la Renaissance, et place le bâtiment dans l'avant-garde artistique de son époque. L'édifice compte deux niveaux. Celui du bas d'ordre toscan est constitué de pilastres sur lesquelles reposent des anneaux de bronze décorés. L'étage supérieur est d'ordre ionique et entre chaque pilastre se trouve une baie surmontée d'un fronton. Les deux façades principales arborent un plaquage en pierre provenant de la sierra Elvira. Le patio circulaire lui aussi comporte deux étages. L'étage inférieur est formé d'une colonnade dorique en pierre avec un entablement très classique, formé de triglyphes et de métopes ornés de couronnes et de têtes de bœuf. L'étage supérieur quant à lui est formé d'une colonnade de style ionique plus légère, avec un entablement lisse. La structure générale du patio illustre une très grande connaissance de l'architecture impériale romaine et s'insérerait parfaitement dans le style Renaissance sans la présence de ce patio circulaire qui provoque la surprise une fois que le visiteur traverse les façades principales, et subordonne les espaces intérieurs et les circulations verticales à l'idée génératrice. De telles techniques de composition ont ensuite été développées par Michel-Ange et Palladio sous l'étiquette du maniérisme.

Le bâtiment est situé au cœur de l'Alhambra nazare, à l'extrémité du patio de los Arrayanes, et lors de sa construction, on a dû déplacer un pavillon opposé à la tour de Comares. Ce détail, objet de critique et de polémique, doit être replacé dans le contexte de l'époque. Le palais de Charles Quint ne signifie pas tant la destruction d'une partie de l'Alhambra que la garantie de la survie du reste. En des temps où la pratique courante était la destruction totale des temples et palais des peuples conquis, la sensibilité des rois chrétiens face à la beauté incontestable de l'Alhambra imposa la nécessité de la conserver.

Le palais de Charles Quint est directement adossé aux palais nasrides, à tel point qu'une série de travaux en cours[Quand ?] consiste à désolidariser un escalier monumental qui partage ses dalles avec les parois du palais de Comares.

La fonction symbolique du palais était de signifier la mainmise du pouvoir de l'Empereur sur ces terres conquises lors de la génération des rois catholiques qui l'ont précédé.

Au XIXe siècle sont ajoutés les toits encore visibles au début du XXIe siècle[1].

La photo ci-dessous donne un panorama de la cour circulaire intérieure du palais.
Cour intérieure vue du patio du premier étage, photo prise dans le cadre de l'initiative 1+ Qualitätsoffensive

Postérité architecturale

Cette œuvre n'a rien à voir avec les autres œuvres espagnoles de l'époque, la plupart basées sur des conceptions locales. Son influence fut limitée parce qu'incomprise: il fallut attendre longtemps jusqu'à ce que Jean-Baptiste de Tolède et Jean de Herral maîtrisent aussi bien le style classique lors de la réalisation du monastère de l'Escurial.

Musées

Depuis le début du XXIe siècle, le palais de Charles Quint abrite deux musées : le Musée des beaux-arts de Grenade et le Musée de l'Alhambra[1]. Le Musée des beaux-arts de Grenade montre, dans son exposition permanente, des peintures et des sculptures œuvres d'artistes andalous et datant principalement du XVIe siècle. Parmi les quelques artistes du XVIIe siècle représentés figurent Alonso Cano et Pedro Atanasio Bocanegra. La collection comprend également quelques toiles du XIXe siècle et des œuvres d'artistes contemporains. Des expositions temporaires s'ajoutent régulièrement à l'exposition permanente[1].

Le Musée de l'Alhambra de Grenade est essentiellement consacré à l'art hispano-andalou du Moyen âge et de la Renaissance. Il expose notamment des pièces de monnaie, une horloge solaire du Xe siècle, des Corans enluminés allant du XIIe au XIVe siècle, ainsi que des amphores almohades, des bois sculptés, des pièces de mobilier, des marbres, stucs et azulejos allant du IXe au XIVe siècle[1].

Notes et références

  1. a b c d e et f Guide du Routard de l'Andalousie, Hachette, 2016, p. 248-249.

Voir aussi

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