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Munitions immergées dans les lacs en Suisse

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Les munitions immergées dans les lacs en Suisse relève de pratiques suivies par l'armée suisse et des entreprises d'armement qui ont entraîné l'immersion d'un volume important de munitions dans les lacs suisses au XXe siècle, notamment après la seconde guerre mondiale et pendant la guerre froide.

Gestion des stocks de munitions obsolètes

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Contexte militaire

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Accidents au sortir de la seconde guerre mondiale

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Entraînement au tir

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En complément des immersions des stocks de munitions obsolètes, la zone lacustre du Forel (canton de Fribourg) du lac de Neuchâtel est un champ de tir utilisé pour l'entraînement de l'armée, notamment l'aviation (tir air-sol) depuis . Les munitions immergées dans cette zone sont donc principalement des munitions utilisées par les forces aériennes[1],[2].

Les autorités militaire suisses justifient l'utilisation de ce champ de tir pour des raisons de praticité (les deux autres champs de tir sont situés en altitude et plus souvent impraticable pour les entraînements à cause d'une couverture nuageuse trop importante) et d'équipement (seule la zone de tir du Forel dispose de cibles mobiles)[2].

Situation des lacs suisses

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Lac de Thoune

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Lac de Brienz

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État de situation

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Après des analyses au début des années , le Département fédéral de la défense estime qu'entre 150 et 1 000 tonnes de munitions ont été immergées dans les eaux du Léman, notamment dans la partie « Petit lac » (Genève)[3].

Les spécialistes militaires indiquent que les munitions immergées sont vraisemblablement des obus (artillerie), des bombes (aviation), des grenades ainsi que des munitions de fusil (cartouches usuelles)[3],[4]. Certaines personnes évoquent la présence de munitions contenant du phosgène, un agent chimique toxique, mais sans que cette information ne soit confirmée par les autorités civiles, militaires ou scientifiques[3].

Les munitions immergées dans la partie genevoise du Léman l'ont été par la branche armement de l'entreprise Hispano-Suiza et non directement par les forces armées suisses. Les immersions ont cessé au début des années [3].

Critiques et positions des autorités

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En , une association engagée dans la défense de l'environnement publie des vidéos de plongées dans le Léman (zone du « Petit lac ») où des caisses de munitions non-sendimentées et partiellement éventrées sont visibles. Après cette découverte, plusieurs formations politiques, députés et associations demandent aux autorités des investigations plus poussées, notamment sur les risques de pollution (du fait de l'absence d'une sédimentation qui isole les polluants des eaux du lac), ainsi qu'un nettoyage du Léman. Les autorités cantonales genevoises estiment qu'il n'existe pas d'éléments en faveur d'une pollution importante de ces zones. Toutefois, elles reconnaissent que l'absence de sédimentation autour de ces caisses est un élément qui implique de réévaluer la situation et les risques[5],[6].

Des analyses complémentaires et une cartographie sont lancées en sous l'égide des autorités genevoises[3]. Les premiers résultats partiels de l'étude sont rendus publiques par les autorités au printemps [Note 1]. Les investigations menées ne permettent pas d'établir l'existence d'une pollution et concluent à un risque peu probable d'explosion accidentelle. Les autorités genevoises expliquent que les munitions ne présentent pas de danger tant qu'elles restent stables et ne sont pas déplacées[Note 2],[4].

Lac de Neuchâtel

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État de situation

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La zone du Forel (canton de Fribourg) au lac de Neuchâtel est un champ de tir utilisé pour l'entraînement des militaires suisses, principalement l'armée de l'air[1]. L'utilisation de la zone a débuté en [2].

En , des analyses menées par l'armée suisse permettent d'estimer la quantité de munitions immergées dans le lac de Neuchâtel entre 4 500 et 5 000 tonnes, principalement tirées à partir des années [2].

Les munitions immergées sont principalement des armes aériennes inertes destinées au tir air-sol : des roquettes (acier), des missiles d'exercice et des bombes (en béton ou en araldite). Des munitions de mitrailleuses et des grenades d'exercice complètent cet inventaire. De par le caractère inerte de la majorité des munitions, les risques de pollution aux substances chimiques d'explosif sont faibles[2].

Situé a proximité de la réserve naturelle de la grande Cariçaie, la pollution du site par les munitions est l'objet d'inquiétudes et de critiques récurrentes. L'armée suisse indique toutefois qu'il existe peu de zone de tir d'entrainement et qu'il ne lui est pas possible de cesser d'utiliser la zone du Forel[Note 3],[1].

Critiques et positions des autorités

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Les associations locales ainsi que des responsables politiques critiquent régulièrement la pollution du lac de Neuchâtel par les munitions du champ de tir du Forel et les risques pour la réserve naturelle de la grande Cariçaie[1],[7].

En , le Département fédéral de la défense rend public les résultats d'investigations menées au Forel et montrant l'absence de pollution des eaux du lac de Neuchâtel. La méthodologie suivie par l'institution militaire est critiquée par des observateurs : les sols n'ont pas été analysés bien que les sols des champs de tirs terrestres soient tous considérés comme pollués[2].

En , le Département fédéral de la défense indique que l'armée assume sa responsabilité dans la pollution de cette zone du lac. Des études, notamment concernant la nocivité des munitions immergées, vont être menées et l'institution militaire prendra en charge les coûts d'investigation et de dépollution si nécessaire. Un responsable rappelle également que les forces aériennes utilisent désormais le champ de tir peu de jours dans l'année[Note 4],[Note 5],[1].

Pollution et assainissement des lacs

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Notes et références

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  1. L'étude est réalisée avec différents moyens techniques et humains. Des plongeurs sont mobilisés ainsi qu'un robot, des sonars et des sondeurs. La zone investiguée s'étend sur une superficie de 1,5 km2 au niveau du « Petit lac »[4].
  2. Le géologue cantonal genevois explique que les secteurs du lac dans lesquels des munitions ont été cartographiés sont tenus secrets pour éviter que des plongeurs s'approchent ou manipulent les munitions[4].
  3. Trois sites, dont la zone du Forel, permettent l'entraînement des forces armées aériennes en Suisse[1]. Contrairement à la zone du Forel, les deux autres champs de tir sont situés en altitude. Ils sont régulièrement inutilisables du fait des contraintes météorologiques : la présence de nuages qui gênent la visibilité et donc la possibilité d'entraîner les pilotes. De plus, seul le champ de tir du Forel dispose de cibles mobiles[2].
  4. L'armée suisse mène des exercices de tir au Forel environ 10 jours chaque année. Les autorités militaires indiquent qu'entre 1 000 et 2 000 munitions sont tirées quotidiennement lors de ces exercices [2].
  5. L'utilisation du champ de tir du Forel pour les entraînements de tir air-sol s'est fortement réduit en 70 ans : environ 200 jours d'exercices dans les années , puis environ 100 jours dans les années et enfin une dizaine de jours dans les années [2].

Références

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  1. a b c d e et f Alain Arnaud et Jérémie Favre, « Les munitions de l'armée s'entassent au fond du lac de Neuchâtel », RTS Info,‎ (lire en ligne Accès libre)
  2. a b c d e f g h et i Julien Chiffelle et jpr, « Dans la zone de tir de Forel, "il n’y a pas un mètre carré sans munition" », RTS Info,‎ (lire en ligne Accès libre)
  3. a b c d et e afp et iar, « Genève va cartographier les munitions de guerre immergées au fond du Léman », RTS Info,‎ (lire en ligne Accès libre)
  4. a b c et d David Ramseyer, « Munitions dans le lac: pas de panique, assure une étude », 20 Minutes,‎ (lire en ligne Accès libre)
  5. Guillaume Rey et pym, « Les munitions qui dorment au fond du Léman inquiètent une association », RTS Info,‎ (lire en ligne Accès libre)
  6. jfe et ats, « Les députés genevois inquiets des munitions immergées dans le Léman », RTS Info,‎ (lire en ligne Accès libre)
  7. ats et nxp, « 4500 tonnes de munitions au fond du lac de Neuchâtel », 24 Heures,‎ (lire en ligne Accès libre)

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Élodie Charrière et Rémi Baudouï, « De la difficile émergence d’une controverse écologique – Le cas du dépôt des munitions dans les lacs suisses après la Seconde Guerre mondiale », Éthique publique – Revue internationale d'éthique sociétale et gouvernementale, vol. 18 « Controverse et acceptabilité sociale des projets de développement économique », no 1 « État, acceptabilité sociale et controverses »,‎ , p. 1-15 (ISSN 1929-7017, DOI 10.4000/ethiquepublique.2398, lire en ligne Accès libre). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article