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Machine à coudre

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Machine à coudre
Image illustrative de l’article Machine à coudre
Machine à coudre domestique moderne
(années 1990).

Inventé par Barthélemy Thimonnier en 1830
Domaine d'application assemblage des tissus

Une machine à coudre est un outil permettant de réaliser un tissage linéaire prenant appui sur une pile de tissus, de cuir ou de tout autre matériau plan et souple. Les machines à coudre sont utilisées pour assembler des tissus, empêcher qu'un tissu ne s'effiloche (surfiler), assembler et empêcher que plusieurs tissus ne s'effilochent (surjeter), assembler une pile de tissus à plat (recouvrir), combiner des points selon un motif donné (broder).

Les machines à coudre sont utilisées dans quasiment tous les domaines domestiques, artisanaux et industriels où l'on manipule des textiles ou des cuirs : couture domestique, patchwork, maroquinerie, fabrication et réparation de chaussures, mobilier, habillement, sellerie, voile, parachutes…

Bien que n'étant pas indispensable au foyer, elles restent l'un des outils mécaniques domestiques les plus populaires. Et d'une manière générale, c'est sûrement un des outils mécaniques les plus populaires, Ghandi dira d'elles qu'elles sont « une des rares choses utiles à avoir jamais été inventée » ("one of the few useful things ever invented").


Les machines à coudre familiales et industrielles sont aujourd'hui très différentes l'une de l'autre : alors qu'on demande généralement à la machine familiale d'être transportable (moins de 12 kg), polyvalente (utilisable pour différents types de couture et différents types de tissus), souple d'utilisation (réalisant moins de 1200 points à la minute, éventuellement assistée par électronique), la machine industrielle est fixe, spécialisée pour un type de matériaux et quelquefois pour une et une seule couture d'un vêtement (il existe des systèmes d'entraînement spécifiques au matériau[1], un et un seul point de couture par machine [2]), ultra-rapide (4000 à 6000 points à la minute), et très souvent équipée d'un guide bordeur permettant une grande précision malgré la vitesse de la machine (guide ourleur A11, guide pose biais, guide double plis A35…).

Aujourd'hui, on fabrique environ 25 millions de machine à coudre par an, dont 70 pour cent sont fabriquées en Chine[3]. Les 30 pour cent restants correspondent aux machines haut de gamme fabriquées en Allemagne (Pffaf), au Japon (Juki, Janome), en Suisse (Bernina), aux États-Unis, ou au milieu de gamme en Thaïlande (Bernina, Bernette) et bien sûr Taïwan (Pfaff, Singer…).

Si le marché de la machine à coudre a longtemps été dominé par Singer jusque dans les années 1950 qui possédait environ 70 pour cent du marché, aujourd'hui ce n'est plus le cas. Il est curieux de noter que sur quelques centaines de fabricants au milieu du XXème siècle, il reste aujourd'hui à peine vingt marques appartenant à quelques groupes

Les premières machines à coudre, apparues au XIXe siècle, étaient mécaniques et mues manuellement ; elles empruntèrent dans un premier temps le crochet des métiers à tricot pour le point de chaînette puis la navette transversale des métiers à tisser pour le point noué. Cette navette sera remplacée au début XXe siècle par la canette (crochet) vibrante, se déplaçant horizontalement en arc de cercle (navette "sabot"), puis verticale -oscillante (navette "Cb") ou rotative. De nos jours, elles sont généralement électriques et les machines domestiques font souvent appel à l'électronique Les couturiers professionnels continuent de préférer les machines purement mécaniques, ainsi que la programmation mécanique des points zigzag à l'aide de cames, ou mieux, d'un excentrique.

. Dans les années 1970, sont apparues des machines à coudre domestiques dont la barre à aiguille et/ou l'entraînement sont pilotées électroniquement (Necchi Supernova), ce qui confère à ces machines un statut de brodeuse 5-9 mm, allant jusqu'à la broder de suites de lettres pour les machines les plus modernes.

Couture avec une machine à coudre Singer de 1894.
Femme chinoise cousant à la machine sur le trottoir (2008).
Hommes et femmes travaillant dans une manufacture de vêtements à Montréal en 1941.
Fonctionnement du mécanisme effectuant les points de couture.

L'Américain Elias Howe, l’Allemand Balthasar Krems, l’Anglais Thomas Saint et l’Autrichien Josef Madersperger (en) sont les pionniers de la machine à coudre.

La première machine à coudre véritablement pratique est attribuée à un tailleur français originaire de la région lyonnaise, installé rue des Forges à Saint-Étienne, Barthélemy Thimonnier. Il obtient en 1830 le premier brevet d'une « mécanique à coudre » (ou « métier à coudre ») construite en bois, à un fil continu, en point de chaînette, cousant six fois plus vite qu'à la main. Il en fabrique 80 exemplaires pour honorer une commande d'uniformes de l'armée. Beaucoup d'inventeurs de cette époque misent sur la reproduction du mouvement de la main, ce qui limite la couture à une simple aiguille (Madesperger notamment dont la machine s'appelait « la main qui coud »).

En 1834, l'Américain Walter Hunt est le premier à utiliser une canette, et donc à utiliser deux fils. Cette idée est reprise et améliorée par Elias Howe qui dépose un brevet en 1846 mais n'obtient aucun succès et part en Angleterre pour tenter de l'exploiter. Isaac Merrit Singer perfectionne en 1851 une machine fabriquée par Lerow & Blodgett. Singer la redessine en ajoutant un pied-de-biche. Le , il dépose un premier brevet et crée la même année la I.M. Singer & Co qui vend des machines à coudre à usage domestique et s'empare du marché américain en deux ans[4]. Elias Howe le poursuit en justice et gagne son procès en 1854 mais ne peut en profiter car Isaac Merrit Singer a apporté suffisamment d'améliorations protégées pour que sa production à grande échelle se poursuive[5].

La fabrication des machines à coudre françaises allait être brillante sous le Second Empire : Peugeot, Hurtu, Journaux Leblond, Brion, Reimann. La machine à coudre à canette, fonctionnant au pied avec une pédale, fut brevetée le par Pierre Carmien. Brevet et nom furent vendus à la famille Peugeot qui la fabriqua à Audincourt.

À l'Exposition universelle de Paris de 1878, la Légion d'honneur fut décernée au constructeur de la machine à coudre.

En 1871, l'Allemand Kayser imagine un dispositif qui permet de déplacer l'aiguille transversalement afin d'obtenir une couture en zigzag. En Alsace, Caroline Garcin imagine un moteur à ressort, car à cette époque l'électricité ne pouvait encore être produite que par des piles encombrantes et onéreuses.

En 1873, Ward invente l'ancêtre de la machine à bras libre utilisée pour coudre manches et jambes de pantalon.

La fabrication en série de machines à point zig-zag débute dans les années 1930 notamment chez Naumann, Vesta[6]...

En 1937, Pfaff ajoute à cette machine un moteur.

La machine à coudre a révolutionné la couture en la rendant plus rapide et moins chère.

Dans un chapître consacré au choix d'une machine à coudre domestique, la revue Art ménagers écrit en substance, en 1955: "Toutes les anciennes machines et encore de nombreux modèles modernes sont "à plateau" c'est à dire que le socle est rectangulaire, constituant ainsi une table de travail; [la machine à bras libre] facilite certains travaux fermés, comme les montages de manches, ils rendent possibles les travaux de reprise, à quelqu'endroit qu'ils se trouvent.(...) Les machines à bras libre possèdent un plateau amovible qui s'encastre exactement sur le bras libre pour former une table de couture (...) Le point zigzag s'obtient sur les machines très perfectionnées, grâce à une aiguille oscillante qui permet tous les points travaillés de droite à gauche; points de boutonnières, festons, pose de boutons, surfilage, et une grande quantité de bandes ornementales. (...) Machines à main: très peu employées sauf dans quelques cas particuliers où l'on recherche une machine facile à transporter et ne nécessitant pas de courant électrique. Machine à pédale: elles sont montées sur table et c'est l'oscillation du pied qui actionne la machine plus ou moins vite; (un moteur électrique peut facilement être adjoint). Machines électriques: on recherche de plus en plu actuellement des machines électriques faciles à transporter dans une mallette, faciles à ranger dans un placard, (...) Le moteur universel a une consommation faible [80watt environ]

Les canettes: Les canettes longues et navettes vibrantes des machines à sabots ne se trouvent plus que rarement dans les machines actuelle [1955] Leur vitesse est limitée à 500 points par minute. Les navettes rondes oscillantes plus récentes que les navettes longues ont un débit plus rapide (1200 points/mn). Les crochets rotatifs sont un perfectionnement de ce dernier. Le crochet rotatif [tournant toujours dans le même sens] donne une vitesse légèrement accélérée (>1500tours/mn) et un travail extrêmement régulier". Un fait indubitable, que cet article ne dit pas, c'est que c'est la canette ronde qui a permis l'obtention du point zigzag, qui n'était pas possible avec les systèmes de canettes longues.

Fonctionnement

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Aiguille d'une machine à coudre filmée au ralenti.

Les machines à coudre ont un principe de fonctionnement commun, qu'elles soient manuelles, mécaniques, électroniques, familiales ou industrielles. Le premier fil est issu de la bobine et est inséré par le haut de la machine, maintenu à tension constante avant de passer par le chas d'une aiguille spécialement conçue. Le second fil est enroulé sur une canette placée dans le boîtier de canette, assurant ainsi -pour peu que les tensions des deux fils soient équilibrées, la formation de points noués dans l'épaisseur de tissus ou du cuir.

L'activation de la pédale ou de la manivelle provoque un mouvement plus ou moins rapide de l'aiguille pour coudre le tissu. Le fil de la bobine forme une boucle autour du fil de la cannette pour créer un point solide sur l'ouvrage. Le système d'entraînement des griffes, synchronisé avec la barre à aiguille, assure le déplacement du tissus entre deux descentes d'aiguille. Le crochet, élément essentiel de la machine à coudre, assure la synchronisation entre l'aiguille et le fil inférieur pour créer des points solides et réguliers. Les machines à coudre modernes intègrent souvent des technologies avancées, telles que des capteurs de tension du fil, des écrans et des fonctionnalités de couture automatisées, pour une grande variété de points de couture.

Dysfonctionnement

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Si les machines à coudre modernes offrent de nombreuses fonctionnalités avancées telles que la couture automatisée et les options de programmation personnalisées, il se trouve que c'est également la cause de nombreux dysfonctionnements. Les professionnels de la réparation de machines à coudre soulignent ainsi que les machines électroniques modernes sont plus difficiles et coûteuses à réparer que les anciennes machines mécaniques. Les composants électroniques présents dans ces machines, utilisés dans des assemblages compliqués (circuits imprimés, "nappes" de câbles), rendent les réparations plus coûteuses, voire impossible dès lors que les "cartes électroniques" ne sont plus disponibles. Ce qui n'est pas le cas des machines à coudre mécaniques qui, bien entretenues, peuvent durer pendant des générations -si elles sont construites tout en métal. La raison est qu'elles sont plus faciles à réparer que les machines électroniques en raison de leur conception simple et de l'utilisation de pièces mécaniques standardisées.[2]

Notes et références

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  1. « Les différents systèmes d'entrainement des machines à coudre », (consulté le )
  2. « COUTURE: La classification des types de points. - », (consulté le )
  3. « Chinese embroidery machines sew up the market », sur www.just-style.com, (consulté le )
  4. Site de la marque Singer, [1].
  5. Machine à coudre de Thimonnier sur universalis.fr.
  6. (de) « Naumann (Seidel & Naumann) », sur Naehmaschinenverzeichnis (consulté le )


Musée (virtuel) de la machine à coudre et ouvrage de référence (en ligne -en allemand), pour le choix d'une machine ancienne

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Larousse ménager (librairie Larousse, 1955), pages 724 à 726
  • Manuel Charpy, « La machine à coudre », dans Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre (dir.), Le magasin du monde : La mondialisation par les objets du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », , 2e éd. (1re éd. 2020), 460 p. (ISBN 9782818506882, présentation en ligne), p. 149-153.