Logique de Basho

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La hiérarchie des Topoi de Nishida

La Logique de Basho (場所の論理, Basho no ronri)[1] est un cadre philosophique développé par Kitaro Nishida, un éminent philosophe japonais et fondateur de l'école de Kyoto[2]. Elle est considérée comme "la pierre angulaire de son système philosophique mature"[3].

La Logique de Basho repose sur l'idée d'un système hiérarchique où chaque niveau ou « lieu » englobe et détermine la nature des niveaux inférieurs. Selon Nishida, la réalité ultime est le « néant absolu », source de potentiel et de créativité infinis, transcendant l'être et le non-être[4]. Cela représente une rupture avec la philosophie occidentale traditionnelle[4]. Cette logique est abordée dans les livres An Inquiry into the Good et Intuition and Reflection in Self-Consciousness.[5]

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le terme Basho no Ronri est légèrement moins formel que ronrigaku, qui désigne la logique formelle. Parfois, Basho est traduit par « topos »[1] ou « lieu ». Les termes Ba (場) et Basho (場所) ne désignent pas des espaces vides mais des espaces contenant des objets[6],[7].

Nishida a utilisé le terme Basho pour la première fois en 1926[8].

Topos et logique du lieu[modifier | modifier le code]

Le terme « Basho » signifie « lieu » ou « topos » en japonais. Nishida a proposé une hiérarchie de topoi, allant du plus abstrait au plus concret. Le topos le plus abstrait est celui des universaux, utilisé dans des jugements ou des propositions. Ensuite, on trouve le topos de la conscience, qu'il appelle le topos du « néant relatif ». Ensuite, le topos de la conscience de soi réflexive, où se produisent la vision, la connaissance et le désir. Au-dessus, le topos du « monde intelligible », où le moi créatif recherche des valeurs comme la vérité, la beauté et la bonté. Le topos ultime est le néant absolu, au-delà de toute description ou prédication.

Les différents lieux

  • Le lieu de l'expérience directe : C'est un état où il n'y a pas de séparation entre le ressenti de la personne et la chose ressentie. Tout est vécu directement sans réflexion sur qui vit ou ce qui est vécu.
  • Le lieu de la connaissance de soi : Ensuite, il parle de la connaissance de soi (自覚, jikaku). C'est l'endroit où l'esprit se regarde, comme lorsqu'on réfléchit à sa propre façon de penser. Cet endroit permet à l'esprit de se connaître lui-même tout en sachant ce dont il est conscient.
  • Le lieu de la réalité objective : C'est le monde extérieur avec lequel nous interagissons, analogue au monde phénoménologique d'Emmanuel Kant.
  • Le lieu du monde historique : Ce niveau concerne les personnes vivant ensemble au fil du temps, en explorant comment elles agissent, s'expriment et vivent ensemble dans la société. Cela représente une vue d'ensemble de la vie humaine et de l'histoire[9].
  • Le lieu du néant absolu : Nishida introduit le concept de néant absolu (絶対無, zettai mu), une réalité qui dépasse l'expérience humaine normale. On trouve ici le Mu no Basho et le Zettai Mu no Basho[10].

Voir également[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Logic in Japan - Routledge Encyclopedia of Philosophy », www.rep.routledge.com (consulté le )
  2. (en) « THE LOGIC OF BASHO », The Kyoto School of Philosophy, (consulté le )
  3. The Logic of Nothingness (lire en ligne)
  4. a et b John C. Maraldo, « Nishida Kitarō », dans The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Metaphysics Research Lab, Stanford University, (lire en ligne)
  5. Robert J. J. Wargo, The Logic of Nothingness: A Study of Nishida Kitaro, University of Hawai'i Press, (ISBN 978-0-8248-2930-8, JSTOR j.ctvvn1pf, lire en ligne)
  6. (en) Hanks, Ide, Katagiri et Saft, « Communicative interaction in terms of ba theory: Towards an innovative approach to language practice », Journal of Pragmatics, vol. 145,‎ , p. 63–71 (ISSN 0378-2166, DOI 10.1016/j.pragma.2019.03.013, S2CID 155749281, lire en ligne)
  7. Unno, « The Logic of Nothingness: A Study of Nishida Kitarō (review) », The Journal of Japanese Studies, vol. 33, no 2,‎ , p. 554–558 (ISSN 1549-4721, DOI 10.1353/jjs.2007.0086, S2CID 144651818, lire en ligne)
  8. https://iajp.weebly.com/uploads/2/6/2/4/26244939/2022april_jjp_vol_nishida_cfp.pdf
  9. https://nirc.nanzan-u.ac.jp/journal/3/article/138/pdf/download
  10. « Identity and the unity of experience: A critique of Nishida's theory of self », buddhism.lib.ntu.edu.tw (consulté le )