Llaqta

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Les grandes llaqtas, ou kurakazgos, c’est-à-dire « nations », à l'époque pré-incaïque.

Une llaqta est un établissement humain des Andes centrales. À l'époque préhispanique, ce terme quechua a pu désigner une confédération d'ayllus administrée par un seul kuraka (aussi appelée kurakazgo ou chefferie).

Époque préhispanique[modifier | modifier le code]

Plus particulièrement, ce terme est utilisé par les historiens américanistes pour désigner une cité inca de l'époque préhispanique, et ses habitants ; dans ce sens, la llaqta est l'unité résidentielle (l'espace domestiqué où sont construites les maisons, par opposition aux champs cultivés) de l'ayllu[1] (l'univers social de base de chaque individu, c'est-à-dire son territoire et sa culture d'origine).

Le sens préhispanique de ce terme reste discuté par les spécialistes, car « la structure territoriale des communautés villageoises andines préhispaniques et les institutions sociopolitiques qui y sont liées ne sont pas bien comprises »[2] ; certains, comme le linguiste César Itier, estiment que dans l'usage du quechua immédiatement antérieur à la colonisation, « il désignait un ensemble d'ayllu unis par des liens économiques, politiques et religieux étroits, ainsi que leur territoire commun »[3] et que cette confédération d'ayllus administrée par un seul apu kuraka (souverain principal) aurait été « une unité organisationnelle importante au sein de la société inca »[4],[5]. Ainsi, selon Itier, le mot llaqta désigne les chefferies andines constituées d'ayllus formant une entité politique et socio-territoriale homogène. Ces entités, également appelées « kuracazgos » en référence au souverain, étaient fédérées en une llaqta plus vaste, dotée d'une structure étatique[6].

Le terme est défini comme « lieu général d'où chacun est originaire » dans le Lexique de Fray Domingo de Santo Tomás de 1560[7] et simplement comme « pueblo » (village) dans le fameux Arte y vocabulario en la lengua general del Perú de 1586[8].

Époque coloniale et contemporaine[modifier | modifier le code]

Ce terme quechua d'origine préhispanique a donné à l'époque coloniale l'américanisme espagnol llacta qui désigne aussi bien « des villages et des bourgs héritiers des réductions coloniales qu'aux villes, c'est-à-dire à tout ensemble urbain ou semi-urbain »[3], mais aussi l'ensemble des membres indigènes d'un village.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Alison Krögel, Food, Power, and Resistance in the Andes, p.150 et 159.
  2. Thibault Saintenoy, « Arqueología de las llaqtas del valle del Apurímac », Chungará, 2016.
  3. a et b César Itier, La littérature orale quechua de la région de Cuzco, Pérou, 2004, p.45
  4. (es) César Itier, « “Huaca”, un concepto andino mal entendido », Chungará (Arica),‎ (DOI 10.4067/S0717-73562021005001902, lire en ligne)
  5. (es) César Itier, « Las independencias vistas desde las fuentes en lenguas indígenas », Revista del Instituto Riva-Agüero, vol. 8, no 1,‎ , p. 171–212 (DOI 10.18800/revistaira.202301.006, lire en ligne).
  6. César Itier, Les incas, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Guide Belles Lettres Civilisations », , p. 69-70
  7. (es) Domingo de Santo Tomás, Lexicón, o, Vocabulario de la lengua general del Perú : compuesto por el Maestro Fray Domingo de Santo Thomas de la orden de Santo Domingo, vol. 1, USMP Universidad de San Martín de Porres, Fondo Editorial, 2013 [1560], 364 p. (ISBN 978-612-4088-76-6).
  8. (es) Anonyme (probablement Blas Valera), Arte y vocabulario en la lengua general del Perú, Pontificia Universidad Católica del Perú, Instituto Riva-Agüero, =2014 [1586] (ISBN 978-9972-832-62-8).