Licol éthologique
Licol à nœuds
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Un licol éthologique, parfois nommé licol américain ou licol à nœuds, est un licol de travail pour les chevaux, généralement conçu en cordelette. Inventé aux États-Unis par des chuchoteurs inspirés par le bosal des vaqueros, il se diffuse en Europe à partir des années 2000, avec la vague d'engouement pour l'équitation éthologique. Cet outil est adopté par des cavaliers reconnus, en particulier Michel Robert.
Conçu comme un licol de travail adapté aux pratiques de l'équitation western, il fonctionne par points de pression, avec des nœuds qui s'appuient sur des zones innervées de la tête du cheval, et une section fine derrière les oreilles. Il permet de travailler le cheval, notamment à la longe, de façon plus fine qu'avec un licol plat, et en préservant sa bouche. Sensiblement plus économique qu'un licol classique, le licol éthologique est réputé moins solide, et peut devenir douloureux puis dangereux s'il est mal utilisé.
Dénomination
[modifier | modifier le code]Bien que cet équipement soit couramment nommé « licol éthologique » en France, sa dénomination correcte serait plutôt « licol à nœuds »[1]. Le nom anglais d'origine, rope halter, se traduit littéralement par « licol en corde »[2]. Ce type d'outil est également nommé cow-boy halter aux États-Unis, soit « licol de cow-boy »[3]. Il est désigné en allemand sous le nom de knotenhalfter, soit « licol à nœuds »[4]. Il est également nommé « licol américain » en français[5].
Description
[modifier | modifier le code]Un licol éthologique se présente comme un licol fabriqué en corde[5], plus généralement en cordelette de 6 à 8 mm de diamètre[6], disposant de trois nœuds ou plus[7], dont deux relient le montant à la muserolle[6]. Ces nœuds sont conçus pour se placer sur des zones innervées[6] de la tête du cheval, des points stratégiques : de chaque côté du chanfrein, sous l'auge, et sous les apophyses zygomatiques[7]. Le nœud de la muserolle doit se trouver environ deux doigts sous cette arête osseuse[2],[3], et la cordelette passant sur le chanfrein doit être à mi-distance entre les yeux et les naseaux[3].
Le serrage du licol s'effectue avec un nœud de fermeture, sur le côté[8],[2]. Il est possible d'attacher une longe au nœud d'attache situé sous l'auge, et des rênes au même endroit, ou bien de part et d'autre de la muserolle[6]. Il est également possible de fabriquer cet outil soi-même, à partir d'une corde[9],[10]. Le diamètre de la corde, ou cordelette, définit la sévérité potentielle du licol sur le cheval[11].
L'apparence simple du licol éthologique peut laisser croire, à tort, qu'il s'agit d'un outil doux[7]. Son fonctionnement par points de pression sur des zones osseuses peut avoir un effet très puissant sur le cheval, en raison de la finesse de la corde (plus elle est fine, plus la pression exercée est importante)[7]. Le licol éthologique en coton tressé est désormais très populaire, du fait de son coût peu élevé (environ 20 euros en 2011[4]) et de la facilité à l'ajuster, permettant de travailler plusieurs chevaux avec un même équipement[12]. Il est léger à porter pour le cheval et permet un travail de précision[8]. En contrepartie, il manque parfois de solidité et de durabilité, par rapport au licol plat en cuir[12]. S'il ne peut être réparé, contrairement à ce dernier, il a l'avantage de ne demander aucun entretien[3]. Les témoignages à propos de licols qui se rompent sont rares[2],[13], mais il est conseillé d'éviter les licols très peu chers, certains ayant des nœuds mal placés ou pouvant bouger sur la tête du cheval, ce qui nuit à la qualité du travail effectué, et peut se révéler dangereux[13].
D'après l'ouvrage de référence Equine Science, ce type de licol a tendance à se salir facilement, voire à pourrir au fil du temps[12]. D'après le périodique français Cheval Magazine, ses utilisateurs l'estiment facile à entretenir[8].
Histoire
[modifier | modifier le code]Le principe du licol éthologique semble avoir été découvert par le chuchoteur américain Tom Dorrance[1]. Le docteur vétérinaire américain Robert M. Miller estime que son usage aux États-Unis provient du hackamore de type bosal des vaqueros, qui a été adopté par la quasi-totalité des pratiquants du natural horsemanship (équitation éthologique) sous la forme d'un licol en corde avec des nœuds[14]. D'après Cynthia McFarland, les cow-boys américains seraient ceux qui ont les premiers découvert et confectionné un licol en corde[3].
L'usage de cet équipement arrive depuis les États-Unis vers la France au début des années 2000[6], ainsi qu'en Allemagne[4], accompagnant le développement de l'équitation éthologique. Le cavalier français Michel Robert est un précurseur, dans le milieu du saut d'obstacles[15]. Les équipementiers équestres se sont adaptés à la demande. Ils sont désormais nombreux à proposer ce type de licol à la vente, avec un important choix de modèles, de coloris et de matières, les nœuds pouvant être placés de différentes façons[15]. Aux États-Unis, la commercialisation d'un licol éthologique censé rendre les chevaux plus doux, sous le nom de be-nice, a fait débat[15].
Utilisation
[modifier | modifier le code]Le licol éthologique est susceptible de remplacer le mors dans le travail à pied, en longe ou monté. Des codes sont à définir ou à transposer dans le cas où le cheval aurait déjà été éduqué avec un mors[16]. Cet outil est généralement utilisé en équitation western, en équitation éthologique[5], en travail à la longe, et de façon générale, pour tout type de travail du cheval en main[6]. Aux États-Unis, il est courant que ce licol soit utilisé pour monter les poulains afin d'éviter l'usage du mors, des rênes sont alors attachées à un anneau de métal[13]. Dans ce cadre, le licol éthologique est conseillé pour éduquer les jeunes chevaux, afin d'avoir un plus grand contrôle[11].
Avec un licol éthologique, le cheval est incité (ou contraint) à céder aux points de pression qui sont répartis sur des endroits stratégiques de sa tête[8]. S'il prend appui sur le licol et résiste, il s'inflige lui-même la pression de la corde derrière ses oreilles, et donc une douleur[8]. Toute action parasite est à éviter[8], la traction du licol par le cavalier étant contraignante pour le cheval qui doit réagir à la pression. La « légèreté » du licol éthologique n'est évidente que si l'utilisateur s'en sert à bon escient et en connaît les réglages, d'où de nombreux abus[17]. Il existe une controverse dans le monde équestre quant au type de licol à préférer. Le licol éthologique de corde est réputé responsabiliser le cheval sans que le dresseur n'ait besoin de fournir beaucoup d'efforts, la pression exercée étant bien plus importante qu'avec un licol plat[18].
Michel Robert utilise un licol éthologique à la longe et en selle[15], estimant que cela lui permet de travailler les chevaux qui ont des douleurs à cause du mors[19]. L'Italien Luca Moneta travaille également avec ces outils[19]. Par contre, Catherine Sell, créatrice d'exercices à pied qu'elle a nommés equility, préfère le licol plat[20]. La haute école de Nevzorov, en Russie, se prononce également contre l'utilisation du licol éthologique[21].
Dangers
[modifier | modifier le code]Un licol éthologique peut se révéler dangereux, selon la manière dont il est utilisé. Certains ostéopathes équins témoignent avoir soigné des chevaux endoloris au niveau du passage de la têtière, à cause de la fine corde du licol, qui passe sur un point de convergence des nerfs crâniens. Sur un poulain ou un cheval encore jeune, cela peut entraîner une déformation osseuse[7]. S'il est mal réglé, ce licol peut cisailler la peau du cheval[8]. Il est particulièrement déconseillé d'attacher un cheval avec un licol éthologique, celui-ci pouvant s'infliger de très graves blessures s'il se débat[22]. Certains chevaux sensibles au niveau du passage des nœuds ne supportent pas cet outil[23].
De manière générale, comme le signale Carlos Henriques Pereira, le domaine de l'équitation éthologique, qui promeut l'utilisation d'un matériel spécifique, est gangrené par des « charlatans et autres gourous »[24].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- J. Jack Braunschweig, Psychologie équine et l’équitation Western: Éducation / Entrainement / Pleasure / Reining / Trail / Cutting / Working Cow, etc., Atramenta, (ISBN 9522737925 et 9789522737922), p. 37.
- (en) Cherry Hill et Richard Klimesh, Trailering Your Horse: A Visual Guide to Safe Training and Traveling, Storey Publishing, coll. « Horsekeeping Skills Library », , 160 p. (ISBN 1612122434 et 9781612122434), p. 61.
- McFarland 2013, p. 8.
- Tillisch 2011, p. 14.
- Laurence Grard Guénard, Les fondamentaux de l'attelage: Galops 1 à 7, Editions Amphora, (ISBN 2851807382 et 9782851807380), p. 66.
- Percheron 2017, p. 53.
- Lattach 2015, p. 29.
- Percheron 2017, p. 54.
- [vidéo] « Laura Pellet - Fabriquer son propre licol éthologique », sur YouTube.
- (en) Diane Longanecker (ill. Laura Gabbard), Halter-Tying Success, Second Edition: A Step-by-Step Guide for Making Hand-Tied Rope Halters for Horses, Horse Owner Success Books, , 2e éd., 144 p. (ISBN 0963532073 et 9780963532077).
- McFarland 2013, p. 10.
- Rick Parker, « Halters », dans Equine Science, Cengage Learning, , 4e éd. (ISBN 111113877X et 9781111138776), p. 490.
- McFarland 2013, p. 11.
- (en) Emily Esterson, The Ultimate Book of Horse Bits: What They Are, What They Do, and How They Work, Skyhorse Publishing, Inc., , 176 p. (ISBN 1629140910 et 9781629140919, lire en ligne), p. 221.
- Lattach 2015, p. 26.
- Collectif, La Grande Encyclopédie Fleurus Cheval, Fleurus, , 320 p. (ISBN 9782215051756), p. 217.
- Lesté-Lasserre 2013, p. 50-51.
- (en) Nathan Bowers (photogr. Katie Bowers Reiff), 4-H Guide to Training Horses, MBI Publishing Company, (ISBN 1616732202 et 9781616732202), p. 48.
- Lattach 2015, p. 27.
- Antoinette Delylle, Ce que les chevaux ont à nous dire, Éditions du Rocher, , 184 p. (ISBN 2268083527 et 9782268083520, lire en ligne).
- « Interdictum », Nevzorov Haute École Équine Anthology, Nevzorov Haute École, vol. 1, , p. 21 (lire en ligne).
- Lattach 2015, p. 33.
- Tillisch 2011, p. 15.
- Carlos Pereira, Dressage et Éthologie : Le carré de votre réussite, Les quatre fondamentaux d'une approche de l'art équestre, Amphora, , 285 p. (ISBN 2851808028 et 9782851808028, lire en ligne), p. 45.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [Lattach 2015] Fanny Lattach, « Sans mors, sans fers, sans arçon... On enlève tout ? », Cheval Magazine, no 520, , p. 24-33 (ISSN 0245-3614)
- [Lesté-Lasserre 2013] Christa Lesté-Lasserre, « Sans mors, pas sans douleur », Cheval Magazine, no 495, , p. 50-51 (ISSN 0245-3614)
- [McFarland 2013] (en) Cynthia McFarland, Western horseman's guide to tack & equipment, Rowman & Littlefield, , 192 p. (ISBN 0762795980 et 9780762795987, lire en ligne)
- [Percheron 2017] Aurélie Percheron, « Le licol éthologique, un outil de travail », Cheval Magazine, no 544, , p. 53-54 (ISSN 0245-3614)
- [Tillisch 2011] (de) Karin Tillisch, Kreative Bodenarbeit: Basisübungen und Erziehung an der Hand, Cadmus Publishing, , 80 p. (ISBN 3840460530 et 9783840460531), « Knotenhalfter »