Lemuria (fête)

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Memento mori

Les Lémuries (en latin Lemuria, ium et iorum n.) sont, durant l'antiquité romaine, des fêtes se déroulant le 9 au qui célèbrent et rendent hommage aux morts pendant lesquelles les Romains effectuent des rites pour exorciser les fantômes malveillants des morts de leurs maisons[1]. Les principales informations sur les coutumes liées aux Lémuries proviennent des Fastes d'Ovide.

Descriptif des rites effectués durant la fête[modifier | modifier le code]

Cette fête se déroule au milieu de la nuit, à minuit, quand règne le silence. Ainsi, les revenants (les fantômes) apparaissent et les hommes sortent dans les rues, sans chaussures. Ils claquent des doigts pour signaler aux fantômes qu'ils sont là et se rendre maîtres de ces esprits. Cela permet de les chasser pour éviter qu'ils soient devant eux. Ils se lavent les mains trois fois dans une fontaine. Les hommes mettent ensuite dans leur bouche des fèves noires, et les crachent pour transmettre la force de l'énergie à l'acte rituel. Ils accomplissent ce rite en disant neuf fois "je jette ces fèves et avec elles je rachète moi et les miens". Puis ils répètent neuf fois cette phrase, les mains dans l'eau  : "mânes paternels, sortez". Cela permet ainsi de terminer un cycle et d'en ouvrir un autre, afin de chasser la mort pour faire appel à la vie et à la renaissance[2],[3].

Symbolique de la fête[modifier | modifier le code]

Les Romains ont un grand sens de la piété et une grande crainte vis-à-vis des morts. La fête des Lemuria a pour but de faire s'éloigner les morts, les revenants, les mauvais esprits. Elle permet de rendre les morts inoffensifs à leurs parents vivants et de les expulser. C'est également le renouvellement du cycle de la vie après la mort comme l'est le printemps après l'hiver. En outre, il peut s'agir également d'un culte des ancêtres, en témoigne le nom du moi de mai, maius, qui ressemble à maiores et qui signifie aïeux. Ou encore le culte de la divinité de la croissance appelée Maia (le comparatif maia signifie "plus grand" en latin).

Symbolique des rites[modifier | modifier le code]

Pour ce qui est de la symbolique des rites[4], quelques éléments particuliers à relever[5] :

  • le milieu de la nuit, minuit, permet l'ouverture d'une porte avec le monde des morts. Le silence, lui, qui l'accompagne est associé à la mort (souvent, les oiseaux se taisent lorsqu'ils se sentent menacés).
  • les pieds nus permettent une connexion, un contact direct avec les forces de l'infra-monde.
  • claquer des doigts permet de briser le silence afin d'avertir les revenants et d'ainsi, éviter qu'ils ne surgissent devant soi. Cela relève d'une crainte superstitieuse.
  • le lavage des mains dans l'eau (symbole de vie) d'une fontaine (symbole de pureté originelle) permet la purification. Ce rite est pratiqué trois fois : ce chiffre permet l'activation d'un vœu en magie.
  • les fèves sont une offrande chthonienne : elles sont données aux morts. Il s'agit d'un signe de communion puisque morts et vivants font partie de la même société. Le père de famille les jette derrière lui afin que l'esprit les ramasse. Elles sont destinées aux divinités émergeant du sol.
  • une première formule (deux au total) est alors répétée neuf fois : derrière ce chiffre se trouve l'idée que l'on termine un cycle et qu'un autre débute. Une nouvelle vie commence.
  • lorsque le rite est terminé, le père de famille regarde derrière lui : il est ainsi consommé pour une année.

Héritage des Lémuries[modifier | modifier le code]

La fête romaine des Lémuries a laissé des traces au fil de l'Histoire.

Elle aurait par exemple, avec les Parentalia (une autre fête romaine), inspiré la fête catholique de la Toussaint[6] que nous connaissons aujourd'hui, bien que cela reste une théorie.

Elle a également laissé une trace de son nom dans celui des Lémures, des mythes de l'époque romaine ; ce sont des âmes damnées d'hommes et de femmes ne pouvant trouver le repos à la suite d'une mort tragique ou violente.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Georges Dumézil, La religion romaine archaïque
  2. Encyclopædia Universalis, « LEMURIA & PARENTALIA », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  3. « Itinera Electronica: Du texte à l'hypertexte », sur agoraclass.fltr.ucl.ac.be (consulté le )
  4. Jacqueline Champeaux, La religion romaine, Livre de poche, (ISBN 2253905526), le calendrier des fêtes romaines
  5. « Les Lemuria », sur Escapade (consulté le )
  6. Jean-Henri Déchaux, Le Souvenir des morts, PUF,