Le Roi Candaule montrant sa femme à Gygès

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Le roi Candaule montrant sa femme à Gygès
Artiste
Date
Type
Matériau
Dimensions (H × L)
193 × 157 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
No d’inventaire
NM 1159Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Le Roi Candaule montrant sa femme à Gygès est un tableau réalisé vers 1646 par le peintre flamand Jacob Jordaens, conservé au Musée national de Stockholm.

Histoire[modifier | modifier le code]

On sait très peu de choses sur la peinture. Les seules données connues sont que le tableau a été acheté à Anvers en 1646 par un certain Martinus van Langenhoven, un collectionneur ayant acheté d'autres œuvres de Jordaens, et qu'en 1872 il a été offert au musée national de Stockholm par le comte Axel Bielke[1].

Description et style[modifier | modifier le code]

L'épisode représenté dans le tableau est tiré des Histoires d'Hérodote[2]. Candaule, roi de Lydie, avait une belle épouse, ce dont il était très fier. Un jour, il voulut montrer sa nudité à son fidèle Gygès, l'un de ses meilleurs soldats, et s'assura donc qu'il puisse l'espionner la nuit. La reine s'en aperçut et proposa le lendemain à Gygès de tuer Candaule, de la prendre pour épouse et de devenir ainsi le nouveau roi de Lydie, ce qui arriva, toujours selon le récit d'Hérodote.

Dans une pièce sombre au mobilier raffiné, où toute la lumière est concentrée sur la reine qui se déshabille, Gygès, à droite, passe sa tête à travers un rideau pour l'espionner et, derrière lui, se trouve Candaule, reconnaissable à la couronne sur sa tête[1].

La morale que l'on peut tirer de l'histoire - c'est-à-dire l'avertissement au mari de préserver l'intimité et le caractère sacré du lit nuptial - est clairement un prétexte pour donner vie à une composition picturale à haute tension érotique[1].

Et en effet, le nu exubérant de la reine, aux formes opulentes si typiques de Jordaens, est exposé non pas tant pour Gygès et le roi, plutôt en retrait, que pour l'observateur du tableau, que la femme nue regarde avec malice, pleinement consciente et heureuse d'être observée[1],[3].

La femme pose son pied gauche sur un tabouret tout en enlevant sa chemise de nuit, pose qui met en valeur ses fesses très visibles. Une note triviale pourrait être le pot de chambre aux pieds de la reine Lydia : vient-elle de l'utiliser ? Va t-elle l'utiliser ? Autre élément qui chatouille le voyeurisme du spectateur, qui est l'effet effectivement recherché par le peintre[1].

Un petit chien, accroupi sur le même tabouret sur lequel s'appuie la reine insolente, observe ce qui se passe : sa présence introduit peut-être un moment humoristique dans la composition[3]. Iconographiquement en effet, le petit chien exprime généralement la notion de fidélité conjugale, notion qui est ici clairement paradoxale[4].

Influences[modifier | modifier le code]

Le tableau a influencé l'œuvre Le Coucher à l'italienne de l'artiste néerlandais Jacob van Loo, actuellement conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Max Rooses, Jordaens: sa vie et ses œuvres, Amsterdam, 1906, pp. 144-146.
  2. Sarah Burnage, William Etty : Art & Controversy, Londres, Philip Wilson Publishers, 2011b, 256 p. (ISBN 978-0-85667-701-4, OCLC 800599710), « Painting the Nude and 'Inflicting Divine Vengeance on the Wicked' »
  3. a et b (en) Leonard Robinson, William Etty: The Life and Art, McFarland, (ISBN 978-0-7864-2531-0, lire en ligne)
  4. Odile Le Guern, Stéréotypes picturaux et polysémie, in Sylvianne Rémi-Giraud et Louis Panier (curatori), La Polysémie ou l'empire des sens: Lexique, discours, représentations, Lione, 2003, p. 92.
  5. « Le Coucher à l'italienne - Jacob van Loo », sur Google Arts & Culture

Liens externes[modifier | modifier le code]

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