L'Âne et le Chien

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L'Âne et le Chien
Image illustrative de l’article L'Âne et le Chien
Dessin de Grandville (1838-1840)

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

L'Âne et le Chien est la dix-septième fable du livre VIII de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.

Pour cette Fable, La Fontaine s'inspire de celle d'Abstémius : " Du Chien qui ne porta pas secours à un âne attaqué par un loup parce que l'âne lui avait refusé un peu de pain" (Hecatonmythium, CIV).


L’Âne et le Chien en tapisserie sur le dossier d'un fauteuil Louis XV provenant du château de Sarry (Marne).

Texte de la fable[modifier | modifier le code]

Gravure de Gustave Doré (1876)
Bande dessinée de Benjamin Rabier (1906)
L'âne et le chien - Azulejos - Monastère de Saint-Vincent de Fora (Lisbonne).
Gravure de François Chauveau (1688)
Gravure de Martin Marvie d'après un dessin de Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant de 1755-1759.

Il se faut entraider, c'est la loi de nature :
            L'Âne un jour pourtant s'en moqua :
            Et ne sais comme il y manqua,
            Car il est bonne créature.
Il allait par pays, accompagné du Chien,
            Gravement, sans songer à rien,
            Tous deux suivis d'un commun maître.
Ce maître s'endormit. L'Âne se mit à paître :
             Il était alors dans un pré
             Dont l'herbe était fort à son gré.
Point de chardons pourtant ; il s'en passa pour l'heure :
Il ne faut pas toujours être si délicat ;
             Et faute de servir ce plat
             Rarement un festin demeure.
             Notre Baudet s'en sut enfin
Passer pour cette fois. Le Chien, mourant de faim,
Lui dit : " Cher compagnon, baisse-toi, je te prie ;
Je prendrai mon dîné dans le panier au pain. "
Point de réponse, mot ; le Roussin d'Arcadie
             Craignit qu'en perdant un moment,
             Il ne perdît un coup de dent.
             Il fit longtemps la sourde oreille :
Enfin il répondit : Ami, je te conseille
D'attendre que ton maître ait fini son sommeil ;
Car il te donnera sans faute à son réveil,
             Ta portion accoutumée :
             Il ne saurait tarder beaucoup.
             Sur ces entrefaites un Loup
Sort du bois, et s'en vient ; autre bête affamée.
L'Âne appelle aussitôt le Chien à son secours.
Le Chien ne bouge, et dit : Ami, je te conseille
De fuir, en attendant que ton maître s'éveille ;
Il ne saurait tarder ; détale vite, et cours.
Que si ce Loup t'atteint, casse-lui la mâchoire:
On t'a ferré de neuf ; et si tu me veux croire,
Tu l'étendras tout plat[N 1]. Pendant ce beau discours
Seigneur Loup étrangla le Baudet sans remède.
Je conclus qu'il faut qu'on s'entraide.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, L'Âne et le Chien, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 322

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Emploi adverbial pour "à plat"


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