Jacques Le Brigant (1720-1804)
Jacques Le Brigant, né à Pontrieux le et mort le , est avocat au Parlement de Bretagne et celtisant[1].
Biographie
[modifier | modifier le code]Il ne plaide guère, préférant passer son temps à étudier l'histoire de la Bretagne et la langue bretonne dont il devient un des plus ardents promoteurs. Il fait partie des figures de proue de la celtomanie, mouvement de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XIXe siècle, avant que les études scientifiques ne remplacent ce type de travaux.
Jacques Le Brigant imagine que le breton est la langue-mère de tous les idiomes et prétend pouvoir comprendre de nombreuses langues. Sa devise, valant programme, est : « Celtica negatur, negatur orbis » (« Qui nie la Celtie, nie l'Univers »). On l'affuble du surnom de « Prince des Celtomanes »[2],[3]. Avec Jacques Cambry, Il fonde l'Académie celtique le .
« Ses excès et sa puérilité rendent [sa] tâche difficile. Voltaire, qu'il a croisé en Hollande, se moque de lui. Dans les salons parisiens, on se gausse et on lui tend un piège. On lui propose de servir d'interprète à un jeune Tahitien qui n'est, en fait, qu'un garçon des rues hurlant des sons gutturaux sans aucun sens. Le Brigant affirme qu'il peut le comprendre, provoquant l'hilarité de l'assemblée[4]. »
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Éléments de la langue des Celtes Gomérites ou Bretons. Introduction à cette langue et, par elle, à celles de tous les peuples connus, 64 pages, publié à Strasbourg par Lorenz et Schouler, en 1779. Consultable sur la bibliothèque numérique de l'Université Rennes 2
- Observations fondamentales sur les langues anciennes et modernes ; ou de l'Ouvrage intitulé : la langue primitive conservée. Prospectus ; Advertissement sur les notes ; 1. Langues orientales ; 2. Observations sur les traductions ;3. Différences entre les synonymes apparens ; 4. Chinois ; 5. Sanscrit ; 6. Galibi ; 7. Langue de l'île de Tahiti ; 8. Dictionnaires celtiques. 1787. Dans cet essai présenté comme « prospectus » d’un grand traité qui ne parut jamais, l'auteur livre l'essentiel des recherches qui occupèrent une partie de sa vie et qui le poussèrent à abandonner ses fonctions d'avocat au Parlement de Bretagne : démontrer que le celte est la langue originelle, matrice de toutes les autres, et rechercher ses dérivés dans les langues anciennes, les langues orientales, en particulier le chinois et le sanscrit, le « caraïbe » ou le tahitien. Des tableaux comparatifs, un essai sur la traduction et des analyses critiques des dictionnaires celtiques en font l'un des premiers essais de linguistique comparée. Un autre membre du Parlement de Bretagne, l'économiste physiocrate Louis-Paul Abeille participa à la rédaction de cet ouvrage.
Source
[modifier | modifier le code]- Marc Décimo, La celtomanie au XIXe siècle, Bulletin de la Société de linguistique de Paris, t. XCIII (1998), fasc. 1, Paris-Louvain, Peeters, p. 1-40.
- Marc Décimo, Sciences et pataphysique, Dijon, Les presses du réel, collection Hétéroclites, tome 1 : Savants reconnus, érudits aberrés, fous littéraires, hétéroclites et celtomanes en quête d’ancêtres hébreux, troyens, gaulois, francs, atlantes, animaux, végétaux... , 2014, chapitre I : Jacques Le Brigant, p. 4-52. (ISBN 978-2-84066-646-2)
- V. Tourneur, Esquisse d’une histoire des études celtiques, 1905
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Jacques Le Brigant [lebrijacqu002233] », sur Electronic Enlightenment Biographical Dictionary, (consulté le )
- « Le Brigant. Prince des Celtomanes », Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le )
- « L'interceltisme, mythe ou réalité ? : Entretien (avec Erwan Chartier-Le Floch) », Ouest-France, (lire en ligne) :
« Il y a eu aussi des esprits enflammés, comme Le Brigant, que l'on appelait le « Prince des Celtomanes » : »
- Erwan Chartrier-Le Floch, Journal Le Télégramme n° 738 du 1er avril 2012
Liens externes
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